« IL FAUT RÉALISER la prouesse technologique que cela représente ! » Isabelle Adenot ne boude pas son plaisir. Elle qui, bien avant même d’être présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, a longtemps dirigé le chantier du dossier pharmaceutique (DP), est fière d’annoncer que la barre des 10 millions de DP vient d’être franchie en France. « Rendez-vous compte, c’est l’unique dossier de santé au monde à avoir atteint ce chiffre », insiste-t-elle. Il faut reconnaître que, avec ses 17 000 officines équipées et ses 8, 2 millions de DP actifs (sur douze mois), le développement de l’outil professionnel semble en bonne voie. Ainsi, chaque jour, près de 20 000 nouveaux DP sont créés et plus de 500 nouvelles pharmacies s’équipent pour la mise en œuvre technique de l’outil.
Une réponse en 3 secondes.
Ce premier bilan, à deux ans de la généralisation, est justement l’occasion pour Isabelle Adenot de revenir sur les objectifs premiers du DP : le suivi personnalisé des patients, d’abord, visant à limiter les interactions et autres redondances de traitement. « En moins de trois secondes, l’ensemble des données de quatre mois de traitement, cryptées et codées, sont confrontées à la délivrance en cours », rappelle la présidente de l’Ordre. Aujourd’hui, alors que ce premier objectif semble bel et bien atteint, un deuxième axe de développement occupe le devant de l’actualité : « Cet axe prendra de plus en plus d’importance, confie Isabelle Adenot, il consiste à utiliser la « tuyauterie » du DP pour faire remonter de l’information jusqu’aux postes de délivrance des officines. » Avantage de la démarche ? En à peine 35 minutes, une alerte sanitaire peut être transmise à l’ensemble des pharmacies françaises (pour peu qu’elles soient équipées DP).
Pour la vingtaine d’alertes données chaque année par la direction générale de la Santé (DGS), la fonctionnalité du DP est déjà acquise. Reste à développer la transmission des alertes en provenance de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), un peu plus difficile à mettre en œuvre. « Le grand nombre et la nature diverse des alertes AFSSAPS nous invitent à réaliser un tri et une veille permanente, 24 heures/24 et 7 J/7, explique Isabelle Adenot. Ce tri devra être d’autant plus scrupuleux que chaque alerte, quand elle arrive, bloque temporairement l’informatique de l’officine » (NDLR : l’écran est libéré après lecture du message). Des efforts sont également déployés pour améliorer l’information, via le DP, des retraits de lots. Il faut en effet pouvoir garantir que 100 % des officines sont prévenues, même celles qui ne sont pas encore équipées pour le DP. Une piste pour demain ? Le suivi des vaccins pourrait être également assuré par l’outil informatique, confie Isabelle Adenot.
Un lien ville/hôpital.
Enfin, au-delà des alertes sanitaires, l’autre grand axe de développement du DP tient dans le rapprochement ville/hôpital, dit en substance la présidente de l’Ordre. « L’expérimentation déjà menée par la direction générale de l’offre de soins (DGOS) dans les CHU de Nîmes, d’Alsace et les hôpitaux militaires, est à cet égard plus qu’encourageante ». Précision : cette expérimentation ne concerne, pour l’heure, que les médicaments de rétrocession délivrés à l’hôpital. Quant à l’interconnexion du DP avec le Dossier médical personnel (DMP), bien qu’inscrite au calendrier de développement, elle reste encore dans les limbes…
On le voit, le chantier du DP est loin d’être achevé. Et son intérêt en terme de santé publique, s’il paraît évident, reste à objectiver. Pour s’assurer de l’efficience scientifique du projet, l’Ordre des pharmaciens vient justement de créer un comité d’évaluation indépendant présidé par le professeur Jean Calop. « Sa mission sera, dans un premier temps, de rédiger une méthodologie d’évaluation, précise Isabelle Adenot. Mais l’objectif final est d’évaluer, pathologie par pathologie, traitement par traitement, les avantages dont bénéficient les patients grâce à l’usage du DP ». À terme, le travail du comité d’évaluation pourrait aboutir à des recommandations de pratiques professionnelles et revisiter la relation pharmacien/médecin.
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