LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Pour le pharmacien, quel est l’intérêt d’avoir une démarche de développement durable ?
LYDIA BOUCHER.- Le profit a pris le pas sur toutes sortes d’intérêts : on épuise les ressources de la planète pour des raisons mercantiles ou financières, on exclut notre part humaniste, on ne respecte plus les droits de l’homme. Comme tout le monde, le pharmacien doit faire des économies sur les dépenses d’énergie, mais son véritable rôle est ailleurs. Les médicaments que nous consommons sont rejetés dans les eaux usées et les nappes phréatiques. Aujourd’hui, on trouve des traces de médicaments dans des animaux marins ! C’est une chaîne sans fin, nous dépendons tous les uns des autres. Le développement durable va donc passer, pour les maladies bénignes et passagères, par des médicaments naturels qui ne polluent pas la planète : phytothérapie, homéopathie, micronutrition, aromathérapie.
Le développement durable touche la protection de l’environnement, le progrès social et sociétal, le développement économique. Concrètement, comment le met-on en place en pharmacie ?
Le développement durable repose sur les trois P : planète (à protéger), people (respect des droits de l’homme), profit (sans richesse, rien n’est possible). Les volets planète et profit sont faciles à comprendre. Pour le volet people, le pharmacien doit donner des conseils d’hygiène de vie et de nutrition, faire un suivi thérapeutique des maladies métaboliques. Son but est d’aider à guérir ou à éviter des maladies. Il doit aussi être un bon manager, (salaire, formation, participation aux résultats) car le potentiel humain est la base de la richesse de l’entreprise, et un bon gestionnaire. Les liquidités sont souvent sur les étagères au lieu de servir des causes plus nobles comme les salaires.
Vous avez proposé une démarche durable en officine dès 2008. Où en est-on aujourd’hui ?
Pour moi, actuellement il n’existe qu’une seule pharmacie durable : la pharmacie du Gros Caillou à Lyon, dont la titulaire est Claire Baizeau. Toute la parapharmacie est orientée médecine naturelle, ses clients sont satisfaits, son chiffre d’affaires progresse… Il y a beaucoup de choses à faire dans le secteur, c’est pourquoi j’ai écrit cette charte sur le développement durable et l’engagement du pharmacien en 2008 et c’est ainsi que le label pharmacie durable est né. Même si chacun doit aller à son rythme, il est temps de s’engager dans la démarche.
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