Entre deux mondes
Il a beau être académicien (depuis 2008, après avoir reçu le prix Goncourt en 2001 pour « Rouge Brésil ») et ambassadeur de France (au Sénégal), l’ex-médecin (qui fut membre de Médecins sans frontières et président d’Action contre la faim) Jean-Christophe Rufin est loin de considérer le thriller comme un genre mineur. Après « le Parfum d’Adam », où la superagence privée de renseignements Providence tentait de parer aux agissements néfastes d’éco-terroristes, paraît « Katiba » (1), un récit haletant sur fond de terrorisme islamiste.
Un complot menace le monde et le président des États-Unis. Une opération baptisée Zam-Zam déroule ses fils sur tous les continents. De l’Afrique en Amérique et à Paris, les bureaux de renseignements comme les sections terroristes grouillent et magouillent. Chacun, dans son ministère ou sur le terrain, défend sa part de pouvoir et s’ingénie à brouiller les cartes, sans savoir qu’il est lui aussi manipulé. Bref, l’auteur, qui déborde d’imagination pour romancer ses nombreuses expériences, offre un grand bazar dominé par une figure de femme aussi discrète qu’énigmatique, Jasmine, qu’il qualifie dans une postface d’« homme entre deux mondes », ce qui veut tout dire. À noter, dans cet imbroglio de l’imaginaire, un hommage rendu à l’Algérie, ou plutôt « à l’excellence de sa diplomatie et à l’extrême compétence de ses services secrets ».
Le contrôle des esprits
Gilles Haumont s’est fait remarquer en publiant un thriller sur le thème des manipulations génétique, « l’Origine du mal ». Avec « le Fils du fou » (2), il met en scène le contrôle de l’esprit par quelques sommités médicales et gouvernementales à des fins politiques ou personnelles.
Le drame se déroule autour d’un garçon de 9 ans, schizophrène, qui s’est enfui de la clinique où il recevait un traitement expérimental susceptible de guérir sa maladie. Désemparé, son père demande de l’aide au FBI, mais les moyens et les méthodes employés pour retrouver l’enfant lui laissent penser que cette recherche ressemble de plus en plus à une traque. Surtout, il découvre que son fils semble suivre une trajectoire très précise et qu’il n’est pas seul. C’est en effet une foule qui se rassemblera pour une ultime « expérience ».
Techno-thrillers
« Daemon » (3) est l’acronyme anglais pour Disk And Execution MONitor. C’est aussi le titre du premier opus de Daniel Suarez, informaticien californien qui fait entrer la démonologie dans l’ère moderne. On a donc affaire à un « démon » informatique, qui s’infiltre dans tous les réseaux du monde, accomplit des transactions financières et autres manipulations non souhaitées, recrute des gens pour le servir... et tue. Un programme satanique à grande échelle. Le problème est que personne ne peut arrêter le coupable, car celui qui l’a inventé est décédé. Et s’il continue de parler depuis la tombe, c’est par ordinateur interposé.
Entre cybercrimes et suspense psychologique, « Connexion fatale » (4), de Barry Eisler – un grand nom de la littérature policière, à qui l’on doit notamment la série mettant en scène le tueur à gages sino-américain John Rain –, a pour point de départ l’assassinat de l’inventeur d’un programme informatique révolutionnaire et le désarroi de son avocat pour échapper aux commanditaires du crime prêts au pire pour éliminer toute trace du logiciel.
Les livres qui tuent
« La Librairie des ombres » (5), le premier roman du Danois Mikkel Birkegaard, ingénieur informaticien de profession, est un coup de maître, en cours de traduction déjà dans une vingtaine de pays. Il a pour thème le pouvoir des mots et la célébration de la lecture.
À la mort de son père, Jon découvre que celui-ci n’était pas qu’un simple libraire mais qu’il était à la tête d’une société de bibliophiles capables d’influencer la lecture des autres et de faire surgir des livres des mondes merveilleux. Un don qui devait servir à favoriser le développement de la lecture et à aider les enfants en difficulté, mais que certains ont détourné pour asseoir leur propre pouvoir. Allant jusqu’à tuer. À la croisée des chemins entre le bien et le mal, le jeune homme s’aperçoit qu’il a lui aussi la faculté de changer le cours de la vie.
Entre thriller ésotérique et enquête historique, « le Manuscrit de Cambridge » (6) est signé par un membre de la célèbre université, Rebecca Stott. Le roman fait le lien entre l’alchimie d’hier et la physique quantique d’aujourd’hui, après qu’une historienne a été retrouvée noyée, un prisme de verre dans la main et qu’une série de meurtres incompréhensibles endeuillent la ville. Comme si des secrets effrayants avaient été exhumés et avaient réveillé les fantômes du passé.
(2) Anne Carrière, 337 p., 20 euros.
(3) Fleuve Noir, 575 p., 20,90 euros.
(4) Belfond, 377 p., 20,50 euros.
(5) Fleuve Noir, 451 p., 20,90 euros.
(6) JCLattès, 332 p., 20,50 euros.
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