« LE PLUS DUR à supporter, ce sont les morts, lâche dans un souffle Christine Grizet, coprésidente du syndicat de pharmaciens de Charente-Maritime. Selon un premier recensement, quatre officines seraient durement touchées dans le département. Celle de M. Drapeau à La Rochelle, dont la cave est inondée et qui n’a plus d’électricité et de système informatique. Celle de M. Fillonneau, à Charron, complètement dévastée. Sur l’Île de Ré, la pharmacie de Mme Guionnet, à Rivedoux, est toujours inondée avec 1,50 m d’eau. La pharmacie de La Flotte serait aussi touchée. Celle de La Couarde-sur-Mer n’a plus d’électricité mais un groupe électrogène a été mis à disposition. »
Tous sains et saufs, les pharmaciens se sont immédiatement mobilisés pour venir en aide à la population. Beaucoup d’habitants, surpris, ont dû quitter précipitamment leur maison en pleine nuit. Ils ont tout perdu dans la tempête, y compris leurs traitements. Les pharmaciens, même sans informatique, ont fait de leur mieux pour fournir les médicaments dont chacun avait besoin. « L’informatique est rétablie. Nous avons dépanné comme nous pouvions, aujourd’hui les gens nous apportent leur carte vitale », sourit Christine Grizet.
Dans l’adversité.
À Charron, Alain Fillonneau a sauvé ce qu’il a pu de son officine et installé une pharmacie provisoire dans la salle des fêtes. « Nous lui fournissons ce dont il a besoin par l’intermédiaire des gendarmes : amoxicilline, anxiolytiques, pansements… Il a rapidement trouvé un frigo pour conserver des vaccins et de l’insuline », raconte Philippe Grilleau, coprésident du syndicat de pharmaciens de Charente-Maritime, impressionné par la réactivité de son confrère. « Des médecins ont pu rejoindre Charron, ils font des prescriptions en fonction de ses stocks. Je viens de lui fournir un ordonnancier. En accord avec les pharmaciens inspecteurs, il va tout inscrire à la main. Même dans l’adversité, il assure la traçabilité des médicaments ! »
Selon le président de la Commission d’entraide et de solidarité professionnelle de l’Ordre des pharmaciens, Yves Trouillet, « une bonne dizaine d’officines ont été touchées en Charente-Maritime. En Vendée, on compte un ou deux cas de sinistre ». Dont l’officine d’Éric Boucherit, à L’Aiguillon-sur-Mer. « On a eu 30 cm d’eau, puis 1 cm de boue quand l’eau s’est retirée. Nous avons pu nettoyer et trier la marchandise défectueuse, mais nous n’avons plus d’informatique, plus de télécommunication. J’espère pouvoir ouvrir en fin de semaine mais cela sera difficile. Nous avons l’électricité depuis lundi, mais seulement deux prises fonctionnent et pas encore d’eau courante. Il faut maintenant faire l’inventaire pour chiffrer les pertes de stock. Ma consœur de la Faute-sur-Mer s’occupe de mes patients en attendant. Ma maison a été un peu touchée mais je ne peux pas me plaindre face à tous ces gens qui ont tout perdu. »
Traumatisme.
Au comptoir, la tempête est le seul sujet de conversation. Chacun raconte sa peur, son traumatisme, la perte d’êtres chers. « Il y a beaucoup de sinistrés à Angoulins, mais je n’ai perdu aucun patients. En revanche, mes collègues d’Aytré et de Châtelaillon m’en ont parlé. C’est très dur. Ce sont des enfants qui ont été emportés par l’eau, des personnes âgées qui n’ont pas réussi à monter sur le toit de leur maison », se désole Christine Grizet. Xynthia restera dans les mémoires. Pour Christine Grizet, le bruit de la tempête est le plus marquant. De son côté, Éric Boucherit est sorti de chez lui avec son épouse à 5 heures du matin pour aider des amis habitant près du bord de mer. « C’était impressionnant, il était difficile de circuler car il y avait des débris partout, des bateaux que la mer a déposés dans la ville avant de se retirer. Il y en a toujours, mais on commence à déblayer. Des pompiers, des CRS, des gardes mobiles, des plongeurs viennent de toute la France pour nous aider. »
Les pharmaciens ne remettent pas en cause l’alerte en amont de la tempête. « Fort de l’expérience de 1999, l’information a été bien faite dans le département, mais nous n’avions pas prévu d’évacuer. Le principe est au contraire de s’enfermer et d’attendre que ça passe. En France, nous n’avons pas l’habitude d’être dépassés par un événement naturel », note Christine Grizet.
La France est le pays le plus touché par la tempête Xynthia, avec un bilan provisoire d’au moins 51 morts et 8 disparus.
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