C’EST un suffrage à taille humaine. Et qui leur ressemble. Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, on dénombre 71 pharmaciens à s’être lancés dans la campagne pour les élections départementales des 22 et 29 mars ; 50 d’entre eux s’engagent dans cette bataille pour la première fois. Les autres rempilent en vieux briscards de la politique, avec parmi eux une sénatrice, Corinne Imbert, (Charente-Maritime) et un député, Jean-Pierre Barbier (UMP, Isère). La profession est somme toute bien représentée puisque, côté médecins, on ne dénombre que 225 prétendants, toutes spécialités confondues parmi les 18 194 candidats. « Le département est, après les communes, l’instance la plus proche de la population. Or nous avons cette chance, nous les pharmaciens, d’avoir une très bonne connaissance des préoccupations de la vie quotidienne des gens », expose Jean-Marie Roustit (UMP). Le titulaire de Loulay, en Charentes, connaît bien ce mandat qu’il brigue pour la quatrième fois. Il n’a de cesse, comme ses confrères engagés en politique locale, de répondre aux attentes d’un territoire souvent malmené.
En ville, ils sont confrontés, comme Cyrille Grenot, candidat de la circonscription Rouen 2 (liste propre « Engagement citoyen »), « aux problèmes des quartiers en difficulté, abandonnés des services publics ». En milieu rural, où l’aménagement du territoire est leur priorité, ces élus luttent contre la désertification. Jean-Pierre Barbier, titulaire d’une pharmacie à la Côte Saint-André, en Isère, et conseiller général depuis 2005, est à nouveau candidat dans le canton de Bièvre sous l’étiquette Union de la droite et du centre (UMP-UDI, Modem, indépendants et société civile). S’il est réélu, il mettra l’accent sur l’économie du département, en soutenant le secteur du bâtiment, en poursuivant l’aménagement du réseau de transports, mais aussi en faisant aboutir le très controversé projet de Center Parc à Roybon.
EHPAD et haut débit.
À 130 kilomètres de là, Didier Fournel (UMP-UDI), pharmacien adjoint à Amplepuis, dans le Rhône, se présente pour « développer le territoire et améliorer les services de proximité. Le Rhône dispose de zones industrielles avec d’énormes potentiels. Nous devons aider les communes et les entreprises afin de développer la puissance économique du département ». Il note également que « le département a une carte à jouer au niveau agricole, avec des filières respectueuses de l’environnement à encourager ». Soutenir l’activité des entreprises, mais aussi des agriculteurs, passe également par l’installation du très haut débit. Un chantier auquel s’est attelé Jean-Marie Roustit lors de ses précédents mandats. Et s’il se représente cette année, c’est aussi un peu pour achever cette mission.
Ces pharmaciens candidats partagent tous un attachement hors du commun à ces terres qui les ont parfois vus naître et au cœur desquelles ils ont implanté leurs officines. « J’aime le Pas-de-Calais, j’y suis né, j’y travaille et c’est un département qui souffre, entre autres, d’une désertification médicale croissante », déclare Michel Petit. Pharmacien à Wanquetin et conseiller général depuis 1998, il se représente sur une liste UMP, UDI, Union de la Droite et Modem, muni d’une conviction : « le conseiller général possède l’atout de la proximité, après le maire ». À Nice, Valérie Auguste est, elle aussi, profondément ancrée dans le quartier de Lépante où elle a succédé à sa mère à la tête de la pharmacie de la Salamandre. C’est la première fois que cette mère de trois enfants, militante associative, se présente à l’échelle départementale en candidate du PS. Comme ses confrères, elle a envie de faire bouger les choses et rendre plus douce la vie de ce quartier populaire oublié des politiques de la ville. Loin des discours, elle promet prosaïquement de s’attaquer aux « particules fines qui s’invitent chaque jour à (son) comptoir ». Interdiction des bus diesel, contournement gratuit pour Nice, seule ville de France à détenir un péage, lutte contre l’isolement des personnes âgées des quartiers paupérisés, et pourquoi pas création d’EHPAD publics dans une ville où ils font cruellement défaut, sont les propositions d’un programme pragmatique.
Des experts de la proximité.
À l’autre bout de l’Hexagone, Catherine Depelchin a mal à son territoire. « Il faut sauver le département et diminuer son énorme déficit », clame la pharmacienne-candidate aux couleurs de l’UMP, UDI et Union pour le Nord, dans la circonscription d’Hazebrouck (Nord). Elle revendique une fibre sociale et une sensibilité particulière au handicap. « Il faut de l’argent pour les maisons de retraite, pour les handicapés, le département doit être encore plus solidaire », scande-t-elle avant de confesser « j’aime les gens, c’est le sens de mon engagement ».
« J’adore le contact avec la population, en tant que pharmacien et en tant qu’élu on ressent les choses, c’est un état d’esprit et puis je suis un vrai rural », s’enflamme à quelques kilomètres de là, toujours en Flandre, au pays des géants, Patrick Valois. Le pharmacien d’Esquelbecq est conseiller général depuis 1998. Et il ne prévoit pas de s’arrêter. Responsable des questions sociales des personnes âgées, il compte bien continuer à leur trouver des solutions « entre le domicile et l’EHPAD », dans ce département qui détient le plus gros budget de France (3,6 milliards d’euros). « Le département est efficient, il a une expertise en matière sociale. Qu’il garde cette compétence au regard de son expérience me paraît logique », assène le candidat de l’Union pour le Nord.
Les questions sociales constituent le principal trait d’union entre la politique et l’exercice professionnel de ces élus. Pour autant, ces candidats qui se disent passionnés par leur métier, veillent scrupuleusement à cloisonner leurs engagements. « Si l’on me contacte au comptoir, je conviens systématiquement d’un rendez-vous », affirme Patrick Valois. « Je leur dis de téléphoner ou bien je les invite dans mon bureau », renchérit Jean-Marie Roustit. Le pharmacien Bernard Fischer est maire d’Obernai dans le Bas-Rhin, un département dont il est également vice-président. Cet élu UMP, qui est volontiers considéré comme un « baron local », cumule les mandats à la ville. Côté comptoir en revanche, il veille lui aussi, rigoureusement, « à ne jamais mélanger les deux choses ».
Les patients-électeurs semblent moins regardants. Ils apprécient l’action politique de leur pharmacien et en tirent même une certaine fierté. Particulièrement quand, comme Cyrille Grenot, « ils veulent redonner du sens concret à des actes politiques lisibles ». « Même s’ils ne sont pas de mon bord et m’avertissent qu’ils ne voteront pas pour moi, mes patients sont heureux de voir ma photo dans le journal et ils m’encouragent », se réjouit Valérie Auguste.
Les plus expérimentés des candidats reconnaissent devoir leurs élections à leur profession. « Les pharmaciens ont une très bonne côte en campagne », constate Jean-Marie Roustit. C’est donc forts de leur notoriété, voire d’une certaine popularité, que ces professionnels vont se présenter au verdict des urnes, dimanche prochain. Avec confiance. Car, comme le dit le candidat charentais, « dans ces élections locales, davantage que le parti, c’est la profession qui compte ».
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