DOTER UN HOMME qui n’a vraisemblablement pas existé de plusieurs vies, et en faire un roman, « Vies de Job » (1), est le dernier pari de Pierre Assouline, biographe patenté (Albert Londres, Marcel Dassault, Gaston Gallimard, Simenon, Hergé, Cartier-Bresson), dont le présent ouvrage dépasse l’enquête journalistique pour se transformer en quête personnelle et universelle. « J’étais parti pour écrire une biographie, je me suis retrouvé à écrire le roman d’un biographe qui me ressemble beaucoup. »
Son enquête – pour comprendre comment un homme martyrisé dans son corps, qui perd tous les siens et tous ses biens, qui est abandonné de tous et même de son dieu, peut, du fond de sa souffrance et de sa solitude, continuer à croire – l’a conduit à remonter près de vingt-cinq siècles jusqu’aux sources de ce texte unique. Il a relevé les failles de traduction, examiné les innombrables commentaires juifs, chrétiens ou musulmans, étudié les observations des philosophes, écrivains et poètes, les représentations des peintres, cinéastes et autres artistes. Il est allé à Jérusalem et a questionné les dominicains du couvent de Saint-Étienne, qui abrite l’École biblique et archéologique française.
À force d’interroger « le Livre de Job », qui met en exergue une force de caractère peu commune et surtout remet en question rien de moins que la justice divine, la souffrance et le mal, Pierre Assouline en est venu à s’interroger sur l’origine de son projet et à se mettre à douter, comprenant qu’il n’a pas entrepris la biographie d’un homme, même mythique, mais d’une idée.
Aux personnages bibliques et historiques se mêlent des contemporains qu’il a côtoyés et aimés, des proches et des disparus comme son frère et son père, ou François Nourissier, décédé la semaine dernière. Si la religion est au cœur du roman – « La leçon de Job, écrit-il, c’est que la foi authentique est gratuite » –, l’athée en fait aussi son miel : « Il pourra voir en Job une figure de la résistance à toutes les forces de domination », argue Pierre Assouline. Chacun en retiendra l’humanisme.
Dieu est coupable.
Dieu a été injuste à l’égard de Caïn, Caïn a tué Abel, Dieu est coupable d’avoir tué Abel. C’est ainsi que José Saramago – qui est décédé l’année dernière après avoir reçu en 1998 le prix Nobel de littérature – réécrit dans « Caïn » (2) cette page de « l’Ancien Testament » qui met en scène le premier meurtrier de l’histoire. Connaissant ses œuvres antérieures et vingt ans après le « scandaleux » « Évangile selon Jésus-Christ » (où Marie-Madeleine faisait l’amour avec Jésus), on ne s’étonne pas de cette version très personnelle d’un écrivain aussi antireligieux. Selon lui, ce n’est donc pas l’envie, comme disent les Écritures, qui a armé la main du bon laboureur, mais l’injustice de Dieu qui l’a méprisé et rejeté au bénéfice de son frère berger.
L’errance qui s’ensuit devient, sous la plume de l’auteur, une sorte de road trip iconoclaste et ironique que Caïn effectue à dos d’âne et au cours duquel défilent les épisodes les plus marquants de la Bible : la Genèse, l’Exode, la conquête de Canaan, le déluge, Sodome et Gomorrhe. Chaque fois, Dieu apparaît comme un dictateur omnipotent et cruel. « L’histoire des hommes est l’histoire de leurs mésententes avec Dieu, il ne nous comprend pas et nous ne le comprenons pas », dit le narrateur.
Moïse en roman historique.
L’aventure est au détour de chaque page de Carole Dagher, dont le roman historique, « le Testament secret de Moïse » (3), nous entraîne dans trois époques différentes. La nôtre, lorsqu’un chercheur à Columbia University rencontre Mariam, qui le met sur la piste d’un document que la légende dit être le testament de Moïse ; celle d’un Croisé, avec lequel le jeune chercheur partage la même ascendance et qui, il y a 1 000 ans, s’est rendu à Jérusalem ; et, par le biais du manuscrit, le temps d’avant, lorsque le prophète a conduit son peuple hors d’Égypte.
Une pure fiction qui projette le lecteur d’époque en époque, d’intrigues mystiques en pièges scientifiques, entre luttes secrètes, menaces, découvertes et divulgations, sur fond d’histoires d’amour ancienne et contemporaine.
(2) Seuil, 170 p., 19 euros.
(3) Éditions n°1, 300 p., 19,50 euros.
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