LA SUPPRESSION du découpage du territoire en départements serait, dit-on, le plus facile à réaliser. Les pouvoirs publics y renonceraient, notamment « parce que les Français sont attachés à leurs départements ». Et ils le sont certainement car, quand il a été décidé de changer les plaques minéralogiques des automobiles pour unifier le codage au niveau européen, une clameur s’est élevée pour que soit inscrit le numéro du département. Le problème, c’est que l’on ne peut pas amorcer une réforme si l’on accepte toutes les protestations qu’elle soulève, y compris des habitudes infantiles qui disparaîtraient au bout de six mois. La suppression réelle des départements entraînerait un vif mécontentement chez tous ceux qui en vivent, fonctionnaires des collectivités locales et barons locaux jaloux de leur pouvoir. La décentralisation a bon dos. Peut-être a-t-elle permis de rapprocher l’administré de l’administrateur, mais le prix de cette amélioration est anachronique en période de crise.
Le gouvernement de François Fillon avait lancé une révision générale des politiques publiques (RGPP) qui a provoqué des séismes populaires, qu’il s’agisse de la carte judiciaire, de l’éducation nationale, de l’armée, et, plus généralement, des transferts de compétences et budgétaires de l’État aux collectivités locales. Le premier soin de François Hollande a été de mettre un terme à la RGPP, jugée inique par la gauche, comme si l’objectif de l’équilibre budgétaire n’était pas prioritaire par rapport à des emplois publics redondants financés par l’impôt, celui-là même que l’on vient d’augmenter dans des proportions telles qu’il risque d’entraîner une récession. Nicolas Sarkozy s’est lancé avec ardeur dans la RGPP parce qu’une réforme ne produit de résultats que si elle prend de court les lobbies et si l’on relativise les inconvénients de la réforme pour être certain de faire des économies. Par exemple, le non remplacement d’un enseignant sur deux qui partent à la retraite a certainement un aspect mécanique qui ne tient pas compte des difficultés qu’il peut soulever dans divers établissements. Il n’empêche : pour réussir une réforme, il faut aller vite et fort.
Adieu, la réforme !
Comme chacun sait, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a fait exactement l’inverse en annonçant le recrutement de plusieurs milliers d’enseignants. Il avait de bonnes raisons : d’abord, c’était une promesse électorale de François Hollande ; ensuite, les enseignants, dans leur majorité, votent socialiste ; enfin, les parents d’élèves, insensibles à la crise de la dette, réclameront toujours plus de professeurs, et eux aussi sont des électeurs. Dans ces conditions, adieu la réforme, adieu les économies ! Il est bien possible que M. Sarkozy ait été battu pour diverses raisons liées à son caractère et à ses contradictions. Il a quand même eu le courage d’engager des réformes qui font mal, mais nous apportaient à tous une chance de salut. L’abandon de la RGPP n’est rien d’autre qu’une manière d’éviter l’obstacle et de satisfaire le peuple en le mettant à l’abri du choc de la crise par le renforcement constant et hors de prix du filet social.
Toutefois, on ne recule que pour mieux sauter. Si, comme le dit François Fillon, le matraquage fiscal nous conduit à la récession, viendra le moment (et plus vite que l’on ne croit) où la ponction sur les entreprises et sur les ménages ne sera plus possible. Il faudra bien, alors, couper dans les dépenses et faire un peu plus tard ce que l’on n’a pas fait un peu plus tôt. La crise exige de chacun d’entre nous des sacrifices. On ne saurait viser à l’objectif de réduction du déficit à 3 % du produit intérieur sans augmenter les impôts. Mais, de toute évidence, une hausse de la pression fiscale doit être assortie d’une réduction drastique des dépenses de l’État et des collectivités locales dont les élus continuent, de leur côté, à augmenter les taxes foncière et d’habitation.
Les orientations du gouvernement prêtent le flanc à une critique féroce de l’opposition, pas fâchée, comme on l’a vu, lors de l’ouverture du débat sur le projet de loi de finances, d’insister sur les choix inquiétants qu’il a faits et sur des hésitations, dans l’application de ses idées, qui confinent à l’incohérence. Mais l’opposition d’aujourd’hui n’est que l’ancienne majorité qui n’a pas su, pendant la campagne électorale, défendre le bilan de M. Sarkozy dont la RGPP a permis d’économiser quelque douze milliards d’euros. L’ancien chef de l’État lui-même aurai dû démontrer l’utilité de sa démarche. Il a préféré courtiser les électeurs du Front national. On espère que la droite aura tiré la leçon de sa défaite.
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