LES HOMMES aiment parler des femmes et Douglas Kennedy, l’un des écrivains américains préférés des Français, en particulier. Cela tombe bien, puisque, à côté de son nouvel opus, paraît le premier volume de son œuvre romanesque, sous le titre « Des héros ordinaires » (1). Préfacé par l’auteur, l’ouvrage réunit quatre titres sur les douze qu’il a écrits : « Piège nuptial », « l’Homme qui voulait vivre sa vie », « les Désarrois de Ned Allen » et « Rien ne va plus ». Quatre thrillers psychologiques qui explorent le fait qu’un événement inattendu est de nature à bouleverser la trajectoire d’une vie entière et que « nous sommes tous les architectes des culs-de-sac dans lesquels nous échouons trop souvent ». Des thématiques que l’on retrouve dans « Mirage » (2), où une femme de nature très rationnelle, qui croit s’être installée dans le bonheur en épousant un artiste plus âgé qu’elle, voit sa vie bouleversée à l’occasion d’un séjour au Maroc où elle se découvre trahie par celui qu’elle aime. Un couple, un voyage, une disparition, un mystère : tout est là pour se divertir et, au-delà, s’interroger sur la part d’ombre de l’autre… et de nous-mêmes.
Autre « chouchou » des Français, le maître du thriller Harlan Coben offre son seizième titre à Belfond depuis le fameux « Ne le dis à personne ». L’héroïne de « Tu me manques » (3) est inspectrice au sein de la police new-yorkaise, une professionnelle plutôt solitaire qui reconnaît, parmi les profils masculins d’un site de rencontres, celui de son ex-fiancé qui l’avait quitté dix-huit ans auparavant sans aucune explication. Il serait veuf, avec un enfant. Dans le même temps, la jeune femme enquête sur la disparition de femmes piégées sur Internet par un homme charmant. Une intrigue bien ficelée, entre nostalgie d’hier et technologies d’aujourd’hui.
Famille ou travail.
Interdit de publication en Iran, « le Voile de Téhéran » (4) a conquis maints pays. Son auteure, Parinoush Saniee, sociologue et psychologue, a situé l’intrigue du livre à Téhéran, où elle vit, dans les années 1970, sous le règne du Shah. Une adolescente, qui ne rêve que d’aller à l’université, est mariée à un homme qu’elle n’a jamais vu ; délaissée par son mari, qui se consacre à la politique, la jeune femme trouve le courage de continuer ses études et de trouver un travail tout en veillant à l’éducation de ses enfants, avant que l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny la plonge dans de nouvelles épreuves. Un témoignage sur une époque qui est moins un livre de combat politique que le reflet de la société iranienne figée sous le poids de ses traditions.
Une femme parle de femmes : Dominique Drouin s’est lancée dans une saga intitulée « De mères en filles », qui raconte le destin de quatre générations de femmes évoluant dans des domaines artistiques différents. Après « Alice », ballottée par la vie mais animée par son amour du piano, arrive « Ariane » (5). Le récit commence en 1933, lorsque le hasard la conduit à découvrir les nouveaux métiers de la radio et… la liberté. La jeune femme va devenir l’une des premières réalisatrices de feuilletons radiophoniques, au risque de passer à côté de son bonheur personnel. Un récit sous-tendu par la question de savoir comment conjuguer vie amoureuse, vie familiale et vie professionnelle.
« La Vérité à propos d’Alice » (6) est le quatrième roman de la jeune romancière anglaise Katherine Webb, qui s’est imposée il y a quatre ans avec « l’Héritage ». Il nous hisse dans la haute société britannique du XIXe siècle. Une femme ayant subi des revers de fortune devient la dame de compagnie du fils de lady Alleyn, un vétéran de la guerre d’Espagne ; sa ressemblance avec l’ancienne fiancée ce celui-ci réveille les traumatismes du jeune homme ; elle n’aura alors de cesse de découvrir les circonstances de la disparition d’Alice, quitte à dévoiler de terribles secrets de famille. Entre influences victoriennes et procédés de narration modernes, le roman tient en haleine.
Personnages historiques.
Écrit par Roger Bevand, « les Chiens du Seigneur » (7) est le journal imaginaire d’un clerc qui accompagna le prêtre inquisiteur Henry Institoris dans sa guerre contre les hérétiques à la fin du XVe siècle. Plus proche du document historique que de la fiction, ce témoignage terrible nous entraîne dans les traques médiévales et brosse le portrait de ce dominicain fanatique, auteur du manuel « Malleus Maleficarum » (« le Marteau des sorcières »), destiné à démasquer, notamment avec l’appui de la torture, puis à punir les coupables de sorcellerie, pour la plupart des femmes.
Dario Fo romancier ? L’homme de théâtre publie à 89 ans son premier roman, « la Fille du pape » (8), consacré à Lucrèce Borgia et à son illustre famille. S’éloignant de la représentation habituelle du personnage, considéré comme l’incarnation du vice et de la débauche, le prix Nobel de littérature (en 1997) la montre comme une grande dame cultivée, intelligente et généreuse, qui a dû s’imposer parmi des hommes avides de pouvoir et qui a été victime des agissements des siens, en particulier de son frère assassin César et de son père Alexandre VI, le plus corrompu des pontifes. Sous la plume de Dario Fo, la Renaissance se découvre dans sa grandeur et son horreur. Des illustrations dessinées et peintes par l’auteur agrémentent ce grand roman d’aventures.
(2) Belfond, 426 p., 22,50 euros.
(3) Belfond, 411 p., 20,95 euros.
(4) Robert Laffont, 558 p., 23 euros.
(5) Hugo & Cie, 352 p., 16,95 euros.
(6) Belfond, 495 p., 22,50 euros.
(7) Le Cherche Midi, 367 p., 16,80 euros.
(8) Grasset, 275 p., 19 euros.
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