ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE, permanence des soins, participation aux soins de premier recours, rôle de référent pour un établissement de santé ne disposant pas de pharmacie à usage intérieur, correspondant au sein de l’équipe de soins à la demande du patient, ou encore possibilité de dispensation de conseils et prestations pour favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes : la loi HPST a été généreuse avec le corps pharmaceutique d’officine. Pour Philippe Joulan, vice-président du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bretagne, il n’y a cependant rien de nouveau sous le soleil législatif. Bon nombre de ces attributions existent déjà : « la loi HPST officialise ce que l’on fait tous les jours dans nos officines : prévention, bonne observance, etc. »
Alors faut-il vraiment parler du nouveau rôle du pharmacien ? Cela se joue peut-être davantage en terme d’organisation. Par exemple, dans une Bretagne Centre peinant à juguler une pénurie marquée de médecins libéraux, les pharmaciens (et les paramédicaux) devront, selon Philippe Joulan, prendre une part active dans la prévention et l’éducation thérapeutique des patients. Il s’agit donc plus d’un élargissement de la sphère d’intervention.
Déplacer les lignes.
Son confrère bourguignon, Alain Delgutte, président du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bourgogne précise les choses : « Auparavant, dans le code de la santé publique, le pharmacien était essentiellement vu dans le cadre de la dispensation et des préparations du médicament. Le législateur nous a confié des missions obligatoires ou optionnelles. »
Sont-ils prêts ? Difficile à dire selon lui, les décrets n’étant pas encore publiés : « Nous sommes prêts sans l’être ». Seule certitude, le pharmacien de demain franchira davantage les limites de son officine. Déjà, sans attendre les décrets, des expérimentations sont en cours dans quelque 300 EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) avec des pharmaciens référents qui vont analyser les prescriptions pour éviter les redondances de traitement et prévenir l’iatrogénie par exemple. Ces missions se feront en coordination avec le médecin coordonnateur de l’EHPAD et l’équipe soignante. Dans cette volonté affichée par la loi de décloisonner le système de santé, des ouvertures avec l’hôpital vont également se faire. Marie-Hélène Guignard, responsable du pôle pharmacie au CHU de Dijon, regrettant l’actuel manque de liens avec les officines, se félicite que la loi clarifie la dispensation des produits rétrocédables vers la ville. « Cela existait, mais avec des conventions boiteuses », dit-elle.
Donc, finalement, sans voir leur métier révolutionné, les pharmaciens feront plus et plus largement. Et si Alain Delgutte voit d’un bon œil le cadrage législatif de ces missions, précisant les responsabilités de chacun, Philippe Joulan attend avec grand intérêt la publication des décrets pour savoir de quels moyens financiers disposeront les pharmaciens.
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