UN PEU PLUS d’un an après son adoption, tous les décrets d’application de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) ne sont pas encore publiés. En ce qui concerne les officinaux, deux décrets importants manquent à l’appel. L’un porte sur les conseils et prestations que peuvent proposer les pharmaciens afin de favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes. L’autre, particulièrement attendu, est celui permettant la mise en œuvre du « pharmacien correspondant ». En pratique, un officinal pourra, à la demande du médecin ou avec son accord, renouveler périodiquement des traitements chroniques, ajuster, au besoin, leur posologie et effectuer des bilans de médications destinés à en optimiser les effets.
L’article 38 de la loi HPST définit d’autres missions pour les officinaux comme la contribution au premier recours ou la participation au service public de la permanence des soins. En fait, cet article ouvre de nouvelles perspectives pour l’exercice officinal et entérine d’autres rôles parfois déjà assumés par les pharmaciens. « Les missions n’étaient pas codifiées et il était donc difficile de demander une rémunération spécifique pour cela », indique Jean-Charles Tellier, président du conseil central A (titulaires) de l’Ordre des pharmaciens, à l’occasion d’une table ronde animée par « le Quotidien du Pharmacien » dans le cadre du 16e forum Économie Santé des « Échos ». Pour l’ordinal, l’implication des confrères dans ces nouvelles missions passe nécessairement par une indemnisation. La formation est aussi un élément essentiel. « Nous allons veiller à la compétence des pharmaciens dans le cadre de la coordination des soins », explique-t-il. Certains acteurs de l’officine sont prêts à accompagner les pharmaciens dans ce domaine. L’OCP propose ainsi tout un panel de formations, des conférences en soirée, mais aussi des fiches sur les médicaments innovants sur son site internet « Point », ou encore des entretiens motivationnels pour aider les officinaux à bien jouer leur rôle dans l’observance des traitements, rappelle Jean-Luc Delmas, directeur de la communication institutionnelle, des affaires publiques et industrie du grossiste-répartiteur. De son côté, Renaud Nadjahi, membre du bureau de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qualifie la loi HPST de « révolution pour la profession ». Même si, souligne-t-il, certaines missions étaient autrefois du ressort des officinaux avant qu’on les leur retire. Finalement, cette loi est une occasion pour le pharmacien de « redevenir ce qu’il était ».
« Il faut se retrousser les manches, car se sont les services qui apporteront de la rémunération », lance Willy Hodin, directeur général du groupe PHR. Mais, poursuit-il, il est auparavant nécessaire de mener des expérimentations afin de convaincre les payeurs et faire la preuve de la valeur ajoutée pour le patient. « L’un des enjeux majeur de la loi est de faire en sorte que l’ensemble des pharmaciens soit en capacité d’assurer ces missions », estime pour sa part, Philippe Gaertner. Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) insiste : la rémunération liée à la dispensation devra rester la principale source de revenus, car elle garantit le respect du maillage territorial. « Les services constitueront un complément essentiel de la rémunération, mais nécessiteront du personnel et des locaux adaptés », indique Philippe Gaertner. Et surtout, ajoute-t-il, « ils ne verront pas le jour tout de suite ».
Ficelle.
Le Dr Michel Combier, président de l’Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), met quant à lui en garde les pharmaciens. « La ficelle est un peu grosse, lance-t-il. On vous fait miroiter une nouvelle rémunération, alors que l’on vous a auparavant diminué vos revenus. Comme pour nous, on vous fait croire qu’en réalisant d’autres missions, vous serez mieux rémunérés. » Quant à la mise en place du pharmacien correspondant, le médecin se veut rassurant : « peu à peu, on arrivera à convaincre que l’on ne se marche pas sur les pieds ». Et le praticien se dit prêt à travailler main dans la main avec les pharmaciens. « Nous avons un réseau de proximité à construire ensemble », estime-t-il. Une chose qui ne lui paraît pas insurmontable car il y a déjà beaucoup d’endroit où le travail en commun est monnaie courante, souligne-t-il. Il ajoute : « C’est ensemble que nous devons établir ce que nous souhaitons faire dans la coordination des soins. »
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