L’ASPIRINE POURRAIT prévenir les dommages hépatiques causés par une toxicité médicamenteuse, alcoolique ou liée à l’obésité, selon Alvin Imeda et coll. (Université de Yale) qui publient leurs travaux dans le « Journal of Clinical Investigation ». Une extrapolation fondée sur les mécanismes par lesquels l’acétaminophène (paracétamol) provoque des dommages hépatiques chez la souris. Ils montrent que l’aspirine réduit la mortalité associée à des doses toxiques de ce produit.
Administrer de l’acétaminophène à dose toxique à la souris endommage le foie par deux mécanismes distincts, qui s’exercent en deux temps. « La mort des hépatocytes est le résultat d’une réponse inflammatoire stérile qui amplifie la lésion initiale et accroît l’altération tissulaire générale. » Il se produit une première vague de destruction des hépatocytes liée à l’effet toxique du produit, suivie d’une activation de composants immunitaires innés en réponse aux dommages initiaux.
Des « signaux de danger ».
Dans l’étude, les auteurs montrent que la première vague d’apoptose des cellules hépatiques murines libère des « signaux de danger » sous la forme de molécules qui induisent la présentation de récepteurs associés à un motif de danger (DAMPs ou danger-associated molecular pattern). Ces DAMPs provoquent la production de cytokines pro-inflammatoires (IL-1ß, IL-8) par les cellules endothéliales sinusoïdes du foie. Les DAMPs stimulent la production de cytokines pro-inflammatoires par l’intermédiaire de deux voies : une signalisation par TLR et/ou une activité de Nalp3 (qui appartient à une classe de molécules désignées comme inflammasome). L’effet protecteur de l’aspirine coïncide avec une réduction des ARN de l’IL-8 et de l’IL-1ß. L’aspirine pourrait donc avoir un effet protecteur par une action sur la voie TLR9.
L’intérêt du décryptage de ce mécanisme moléculaire réside, sur un plan théorique, dans le fait que le nombre des molécules du soi identifiées, qui fonctionnent comme des DAMPs, est constamment croissant, soulignant l’importance de la signalisation de danger impliquée dans un vaste champ de pathologies, du lupus érythémateux disséminé à la maladie d’Alzheimer, en passant par les dommages hépatiques associés au choc hémorragique.
Sur un plan pratique, les antagonistes TLR pourraient avoir un effet similaire à l’aspirine. « Comme ces agents semblent fonctionner en réduisant l’inflammation hépatique, les résultats de Imeda et coll. suggèrent que l’aspirine pourrait prévenir ou traiter des dommages hépatiques provenant d’agressions non infectieuses » commente un éditorialiste (J. Maher). Ce qui reste à vérifier en clinique humaine.
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