Quelle relation entre l’ibis et nos seringues ? L’histoire voudrait - est-ce une légende ? - que ce soit l’observation de l’oiseau sacré, buvant l’eau du Nil avec son long bec, qui ait suggéré aux Égyptiens de l’Antiquité d’associer la tige creuse d’un roseau (syrinx en grec) à une vessie animale pour réaliser des lavements intestinaux ou l’irrigation des plaies. L’histoire retient aussi que l’on doit à un physicien grec du Ier siècle, Héron d’Alexandrie, l’invention du concept de seringue - ou presque - : il décrivit dans un traité relatif à la mécanique des fluides, le Pneumatica, un instrument médical permettant d’aspirer ou d’injecter des liquides. Toutefois, ce dispositif tout simple ne sembla guère avoir été exploité avant le XVIIIe siècle… Nous devons en effet à un chirurgien des armées de Louis XIV, Dominique Anel (1679-1730), la popularisation à partir de 1707 d’une seringue dotée de canules permettant d’aspirer le pus et les sanies des blessures, dont il livra la description dans un livre posthume : « L’art de sucer les plaies sans se servir de la bouche d’un homme » (1733), et celle d’une seringue plus petite destinée à irriguer et à laver les conduits lacrymaux.
Injection d’alcaloïdes
En pratique, l’injection médicamenteuse avec seringue hypodermique se développa au XIXe siècle, accompagnant l’usage de molécules d’extraction purifiées et hydrosolubles (en particulier des alcaloïdes). En 1852, l’ingénieur Charles-Gabriel Pravaz (1791-1853) dessina et fit fabriquer une seringue en argent de 2 cm3 à laquelle il adapta une aiguille creuse conçue pour injecter une solution de chlorure de fer dans les anévrysmes (jusqu’alors le vaisseau était incisé et l’on y glissait une canule), l’avancée du piston étant assujettie à un pas de vis. Son fils Jean-Charles perfectionna cette seringue, la dota d’un corps en verre réalisé par le plus grand fabriquant d’instruments médicaux de l’époque : Joseph-Frédéric Charrière (1803-1876) - c’est ce dernier qui eut l’idée de tailler en biseau l’aiguille -. En 1853, de façon indépendante, un médecin écossais, Alexander Wood (1817-1884), réalisa, le premier, une injection hypodermique de morphine, utilisant pour cela une seringue en verre terminée par une canule qu’il imagina en s’inspirant du dard des abeilles.
Les seringues d’alors ressemblaient aux seringues modernes, mais l’extrémité du piston était faite en cuir et donc non stérilisable. Les travaux de Pasteur et de Lister, dans la seconde moitié du XIXe siècle, montrèrent la nécessité de stériliser le matériel destiné aux injections. Émile Roux fit fabriquer en 1889 une seringue avec un piston métallique, entièrement stérilisable, destinée à injecter la toxine diphtérique. Ce piston fut fabriqué en caoutchouc à partir du début du XXe siècle. Parallèlement, la famille Lüer-Wulfing déposa en 1895 un brevet pour une seringue associant un corps et un piston en verre qui demeura la référence jusqu’à l’apparition des seringues en plastique après la Seconde guerre mondiale.
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