Historien et auteur d’une bonne trentaine de romans, essais et biographies, dont « Avicenne, ou la route d’Ispahan » (1989), Gilbert Sinoué s’attache, dans « Averroès ou le Secrétaire du diable » (1), au destin d’un autre médecin, également philosophe, théologien et juriste. Un personnage (1126-1198) qui a contribué à la légende de l’Andalousie musulmane. Il a voulu concilier la foi et la raison, la philosophie et la Révélation, Aristote et Mohammad, mais a été condamné par l’Église catholique comme par les théologiens musulmans. En se glissant dans la peau de cet homme souvent incompris, en qui il voit « le dernier grand penseur de l’islam des Lumières, voire de l’islam tout court », l’auteur nous fait revivre les fastes de Cordoue et la richesse de la vie intellectuelle d’Al-Andalous.
« Il est imprudent de s’aimer avant de se connaître. C’est ce qui advint à Napoléon et à Talleyrand. » La première phrase de « Napoléon et Talleyrand » (2) préfigure le sujet du livre d’Émile Dard, diplomate et ambassadeur, publié pour la première fois en 1935. Il nous fait suivre la carrière croisée des deux hommes et raconte comment leurs conceptions se confondirent quelque temps, Maurice de Talleyrand-Périgord – dont le nom est attaché au congrès de Vienne, qui a permis à la France d’entrer dans le concert des nations – ayant servi loyalement l’Empereur pendant cinq ans avant de se séparer de lui et de le trahir.
Le troisième opus de Romain Ternaux montre un « Spartacus » (3) loin des images d’Épinal. Une sorte d’antihéros, toujours fort comme un bœuf, puisqu’il ne fait qu’une bouchée des lions et même d’un éléphant, mais qui a peur de sa femme, qui entretient des relations ambiguës avec un autre gladiateur et qui ne cesse de subir des humiliations. Dans ce roman écrit à la première personne et complètement déjanté, l’esclave révolté est un pauvre type, transformé en homme providentiel à l’insu de son plein gré !
Journaliste et écrivaine italienne, Lorenza Foschini donne, avec « la Princesse de Bakounine » (4), la biographie d’un personnage complexe, la princesse Zoé Obolenskaïa, épouse du gouverneur de Moscou, qui, s’ennuyant à la cour, quitta Saint-Pétersbourg pour l’Italie avec ses cinq enfants. Où elle rencontra l’anarchiste Bakounine. Conquise par ses idées, elle mit sa fortune au service de la révolution et partagea pendant deux ans ses activités subversives. Jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse du plus fidèle compagnon de Bakounine et que son mari la répudie. Pour mieux connaître celle qui inspira « Anna Karénine » à Tolstoï ou « la Princesse Casamassima » d’Henry James.
Avec « le Sacrifice des dames » (5), Jean-Michel Delacomptée ajoute une héroïne de choix à ses nombreux portraits de personnages historiques. Le récit se déroule au début du XVIe siècle dans une province imaginaire du royaume de Hongrie, menacé par les Ottomans. À la tête du pays, le comte Gabor passe son temps à boire, tandis que sa cruelle épouse ne cherche qu’à le supplanter et que sa fille, que désespère l’apathie de son père, se met en tête d’appliquer à la politique les stratégies du jeu d’échecs que ce dernier lui a enseignées et qu’elle ne cesse de perfectionner. Jusqu’à organiser une partie diabolique contre un maître persan, avec comme pièces des êtres humains, parmi lesquels ses parents.
Rois anglais
Installé à Paris depuis le début des années 1990, Stephen Clarke poursuit sa grande œuvre de rapprochement franco-anglais (« God save la France ») en écrivant la biographie d’un roi qui a appris la vie au pays des Froggies. « Édouard VII. Un roi anglais Made in France » (6) est, à l’image du personnage, une comédie historique humoristique et caustique. Où l’on voit comment le fils de la digne reine Victoria a fréquenté tous les cabarets, théâtres et restaurants en vue et a été l’amant des plus célèbres actrices, courtisanes et danseuses du moment. Mais aussi comment « Dirty Bertie » s’est servi de ses atouts de séduction à la française pour réussir à conclure l’Entente cordiale !
Après ses trilogies « l’Âme du Temple » et « les Maîtres d’Écosse », la Britannique Robyn Young entreprend une nouvelle série historique, « les Serpents et la Dague » (7). Elle débute en 1483. La guerre des Deux-Roses est sur le point de s’achever mais les anciennes rivalités se ravivent lorsque le roi Edward IV meurt subitement. La grande histoire des rois anglais s’entremêle avec une trame romanesque savoureuse, tandis qu’en toile de fond l’intrigue s’appuie sur le mystérieux destin du prince Edward V.
Parce que « bon sang ne saurait mentir », on n’est pas étonné de voir un roman historique signé Laurent Decaux. Avec « le Seigneur de Charny » (8), il se lance dans une histoire de cape et d’épée qui se déroule en Champagne, en 1382, lorsque Jacques de Charny revient enfin sur ses terres après six années de croisade, auréolé de gloire mais ruiné… Et pour constater que tout a changé. Commence alors une flopée d’aventures menées à un train d’enfer, où se croisent et se mêlent manants et chevaliers, chacun bien campé dans son rôle, ses attributs et ses attributions. Un récit médiéval aussi survolté que documenté.
(1) Fayard, 300 p., 20,90 €
(2) De Fallois, 349 p., 20 €
(3) Aux Forges de Vulcain, 217 p., 18 €
(4) Quai Voltaire, 213 p., 20 €
(5) Robert Laffont, 238 p., 18 €
(6) Albin Michel, 377 p., 24 €
(7) Fleuve, 590 p., 21,90 €
(8) XO, 413 p., 19,90 €
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