« CE QUE nous avons pu entreprendre ces dernières années était en germe dans la campagne présidentielle précédente. Les syndicats se sont mobilisés pour obtenir des candidats à l’élection présidentielle un certain nombre de garanties pour la profession. Il va falloir recommencer ce travail avec l’échéance de 2012 », souligne Philippe Besset, président de la commission économie de l’officine à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ce début de quinquennat a été difficile pour l’officine, en 2007. « L’image du pharmacien pour les décideurs était celle d’un petit commerçant nanti, attaché à sa rente et à ses privilèges. Désormais, c’est un professionnel de santé frappé par la crise, défenseur de lois protectrices pour la santé du patient. » Alors que s’annonce un moment charnière pour la pharmacie française en termes de décisions politiques, la profession s’inquiète des changements à venir. Car « l’économie de la pharmacie est en crise. Nous allons modifier le mode de rémunération de l’officine, ce qui passe par la réforme de la rémunération, par la LFSS et l’article 39. Nous espérons voir son application concrète au 1er janvier 2013 ».
Une date bien éloignée pour les trésoreries dans le rouge ! D’autant que l’année 2012 s’annonce morose. « Les mesures de maîtrise médicalisée, avec la nouvelle convention médicale, les baisses de prix des produits de santé pour 670 millions d’euros, la modification de la marge grossiste, les déremboursements et les mesures sur les TFR, vont, d’après nos calculs, engendrer 351 millions d’euros de perte de marge. Il faut ajouter un PLFSS bis du fait de la crise, annoncé par François Fillon, soit 72,5 millions d’euros de baisse de marge supplémentaire. Malgré une croissance de 200 millions, l’ardoise pour l’officine l’année prochaine est de 230 millions d’euros, soit 10 000 euros par pharmacie en moyenne », calcule Philippe Besset.
Ballon d’oxygène.
Malgré l’urgence, impossible d’amener la nouvelle rémunération de l’officine à terme plus tôt. « Nous allons aussi vite que possible. Il faut modifier l’informatique officinale, la chaîne de traitement de l’assurance-maladie, le dialogue entre la pharmacie et l’assurance-maladie. Il y a un temps incompressible estimé à 9 ou 12 mois. La loi qui nous permet d’avoir des honoraires n’est pas votée, les négociations ne pourront officiellement commencer qu’au 1er janvier 2012 », souligne le représentant de la FSPF.
La conjoncture ne permet plus de rester sur l’ancien système de rémunération. Or le nouveau ne pouvant pas être mis en place plus rapidement, il faut donc un « ballon d’oxygène ». Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO) réclame d’urgence « la modification du mode de rémunération prévue sur les grands conditionnements. On ne peut pas nous demander de faire de l’accompagnement patient et de délivrer un grand conditionnement qui nous impute de 40 % de notre marge. Si on demande 5 % d’effort à l’industrie, il faut demander 5 % d’effort au pharmacien ».
Mais, au-delà de cette conjoncture difficile, ce qui taraude les pharmaciens, c’est ce qu’il adviendra de tous les projets proches d’aboutir en cas d’alternance politique lors de l’élection présidentielle. Pour Gilles Bonnefond, « gauche ou droite, l’orientation sera la même car ils veulent la même chose : un pharmacien moins commerçant et plus professionnel de santé ». Philippe Besset rappelle que les syndicats travaillent avec tous les groupes politiques représentés à l’Assemblée nationale et surtout que, pour la première fois, le changement de mode de rémunération n’est pas soumis à un arrêté, à la responsabilité et à la signature du ministre, mais à une loi. « Ce sera inscrit dans le Code de la Sécurité sociale et dans le Code de la Santé publique. Pour changer une loi, le gouvernement devra faire un projet de loi et le proposer au Parlement. De plus, cette loi débouche sur une convention avec l’assurance-maladie d’une durée de cinq ans. Une fois signée et parue au "Journal officiel", elle ne pourra être remise en cause, sauf par les partenaires conventionnels eux-mêmes. »
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