La menace d'une manifestation de Gilets jaunes plane sur la petite commune normande de Grand-Bourgthéroulde (Eure) qui accueillera cet après-midi le chef de l'État pour le lancement du Grand débat. La présence des forces de l'ordre ne suffit pas à rassurer les habitants et les commerçants. La pharmacie redoute elle aussi des débordements.
Ce matin, Véronique et Jean-Michel Got ont ouvert les portes de leur officine de Grand-Bourgthéroulde (Eure) à l’heure où les CRS investissaient cette commune de 3 800 habitants choisie par Emmanuel Macron pour lancer le Grand débat et relancer son quinquennat.
En fonction de l'évolution de la situation, les titulaires décideront s'ils baissent ou non le rideau en début d’après-midi, suivant ainsi l’exemple de nombreux commerces et banques qui se sont déjà barricadés, parfois même derrière quelques planches de contreplaqué.
À l'approche de l'arrivée du chef de l'État, la tension, sinon la peur, montait au sein de la bourgade. Car, en dépit de l’interdiction de manifester imposée jusqu’à mercredi, certains Gilets jaunes ont réussi à s’infiltrer dans la commune, soit en s’invitant chez des habitants, soit en passant par les champs. Les forces de l’ordre ont la lourde charge d’assurer la sécurité, alors qu’à 15 heures, le président de la République devait rencontrer 600 maires normands dans le gymnase de la commune.
À trente kilomètres de là, Rouen a connu un regain d'agitation samedi dernier lors de la manifestation des Gilets jaunes et ces derniers, tout comme les syndicats, sont bien décidés à se faire entendre dans la région à l’occasion de la visite présidentielle. C’est la première fois qu’Emmanuel Macron effectue une sortie au contact des Français, après avoir essuyé quelques plâtres début décembre au Puy-en-Velay.
Grand-Bourgthéroulde est la première étape d’un Tour de France qui doit conduire le chef de l’État à la rencontre des maires de toutes les régions. Cet après-midi sera dédié à l’écoute des élus qui viendront porter au président de la République les doléances de leurs administrés. Rien n’assure pour autant qu’Emmanuel Macron pourra s’adonner à un bain de foule avec les Thérouldebourgeois. « En d’autres circonstances, nous aurions été flattés de la visite du chef de l’État. Mais aujourd’hui, en raison de l’ambiance tendue, les conditions ne sont pas requises pour donner une bonne image de notre commune qui a pourtant un projet de réfection ainsi qu’une construction de maison de santé », regrette Véronique Got. Une centaine d'habitants de la commune ont déjà fait part de leurs doléances. La plupart portent sur des questions fiscales. La pharmacienne ne sait pas encore si elle prendra part au débat, mais, en tant que chef d’entreprise, elle aimerait néanmoins rappeler à Emmanuel Macron les lourdes charges qui pèsent sur les petites entreprises.
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