POURTANT, l’idée de départ était bonne : il s’agissait, dans un premier temps, d’étaler dans le temps
les heures de cours pour éviter la fatigue prématurée des élèves, dont M. Peillon veut sincèrement assurer l’éducation, quitte à bousculer le confort des familles. Dans un deuxième temps, les vacances d’été
devaient être réduites, de façon à augmenter le temps de l’enseignement et à faire en sorte qu’il soit comparable à ce qui se fait déjà dans le reste de l’Europe.
Le ministre a certes multiplié les maladresses. Idéologue et philosophe, Vincent Peillon est habité depuis longtemps par l’amour que lui inspire l’école républicaine et sa très grande ambition personnelle est d’en refaire le modèle qu’elle a été depuis Jules Ferry. Son ardeur personnelle l’a peut-être conduit d’une part à se conduire avec autoritarisme, d’autre part à voir trop grand. Il s’est cru obligé d’introduire dans les cours des moments de créativité confiés à des animateurs dont la vocation se situe plus au sein de la cité que dans l’enceinte de l’école. On voit bien très bien l’idée du réformateur, qui veut contribuer à l’éveil culturel des enfants, tout aussi important que l’apprentissage brut. Mais les animateurs se sont logiquement heurtés aux enseignants qu’ils semblaient supplanter. La réforme des rythmes manque en outre cruellement d’argent, ce qui fait que le problème de son financement est en partie renvoyé aux mairies qui, la plupart du temps, n’ont pas les moyens requis. Le gouvernement fait valoir que le refus ou le report de la réforme n’est l’apanage que d’un petit pourcentage de communes. Peut-être joue-t-il sur les chiffres, mais il ne saurait nier que sa réforme a très mauvaise réputation et que, pour la première fois depuis l’époque de Claude Allègre, un gouvernement socialiste a réussi s’aliéner le corps enseignant.
Des raisons de se plaindre.
Instituteurs et professeurs ont de bonnes raisons de se plaindre, ne serait-ce que parce que l’application de la réforme se traduit par une désorganisation chaotique en beaucoup d’endroits. Ils constatent aussi avec amertume qu’ils ne sont pas rétribués pour l’effort supplémentaire à fournir. Comme pour tout le reste, l’Éducation nationale est le centre de toutes les contradictions. On continue à vitupérer les méthodes de Nicolas Sarkozy qui voulait réduire le nombre d’enseignants et les payer mieux. M. Peillon en embauche, mais nos professeurs touchent des salaires très inférieurs à ceux de leurs collègues allemands. Comme le but ultime de ces efforts qui vont dans des sens opposés consiste à faire des têtes bien pleines qui trouveront preneur sur le marché du travail, on est tenté de croire que, dans le désordre qui règne actuellement, ce but ne sera pas atteint.
D’autant qu’il fallait compter aussi avec la politique. Là où se répand le mécontentement, il y a de quoi nourrir la hargne de l’opposition. Le président de l’UMP a décidé de faire de la réforme des rythmes scolaires son cheval de bataille pour les élections municipales. Sur ce plan, M. Copé, qui a le sens du combat politique,
est mieux organisé que son rival, François Fillon. Il harcèle le gouvernement qui, déjà, a assez de soucis pour n’avoir pas à traîner le boulet de la réforme des rythmes scolaires jusqu’aux municipales.
Et pourtant, c’est M. Peillon qui a raison. Il est certes terriblement isolé, il s’est mis tout le monde à dos et il semble savoir que son séjour à l’Éducation ne sera pas très long puisqu’il est candidat aux élections européennes. Il a raison parce que, depuis des décennies, on a mis le destin des enfants au service du bonheur des parents et du tourisme. Des semaines de travail courtes et des vacances d’été
interminables, voilà de quoi combler les tour-operators et les propriétaires de résidences secondaires. Il n’empêche que le temps de travail des enfants français est de quarante jours inférieur au temps de travail européen. Nos élèves ont besoin d’apprendre à leur rythme, ils devraient travailler cinq jours sur sept avec moins d’heures par jour, de façon à pouvoir se concentrer, assimiler et se reposer ensuite. La réforme n’aura de sens que si les vacances d’été sont réduites d’au moins quinze jours, ce qui rapprochera le temps de
travail français total de celui de nos voisins. M. Peillon est peut-être un piètre organisateur, mais sa réforme est juste et il serait absurde, et même désespérant, de l’abandonner.
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