À L’HEURE où vous lisez ces lignes, je suis en train de déguster un chocolat chaud à la cannelle accompagné de quelques churros, dans un petit café du Barri Gòtic, le cœur historique de Barcelone. Plus tard dans la journée, il sera temps de se cultiver un peu avec une exploration du musée national d’Art de Catalogne. À l’heure cruciale du paseo, comme tout le monde, ce sera le moment de descendre lentement la Rambla jusqu’au bord de la mer, puis de s’asseoir sur un banc pour regarder passer les autres, avant d’aller boire une bière accompagnée de pa amb tomaquet et d’anchois. En plus, bien sûr, il fait beau et doux, on pourrait presque se baigner.
Ça faisait déjà un an que je n’étais plus partie en vacances, et ça commençait drôlement à se faire sentir. Un petit blues du dimanche soir par-ci, une lassitude sournoise devant le registre comptable des stupéfiants par-là, un niveau de motivation définitivement en baisse, il fallait faire quelque chose. J’ai donc décidé que ça suffisait, et que j’allais prendre des congés sans solde. Le problème numéro un du gérant d’une pharmacie à usage intérieur, quand il veut s’absenter de temps en temps comme tout un chacun, c’est de trouver son remplaçant. Qui doit être diplômé, inscrit à l’Ordre, disponible, sympathique, blablabla.
Et ça se trouve où, quand on n’a rien planifié, qu’on n’a aucun contact intéressant, et qu’on désire partir le mois suivant ? On peut toujours espérer qu’une de ces perles rares va tomber du ciel en plein sur sa clinique mais, d’après les quelques collègues que j’ai dans ce milieu, c’est un phénomène plutôt rare, voire quasi inexistant.
J’en étais à ce point de ma réflexion, avec un calendrier dans les mains, en train de stabiloter en jaune (couleur de la joie, de la bonne humeur, de l’idéalisme…) une dizaine de jours en février, en soupirant et en faisant remarquer à Babette-la-préparatrice que ça n’allait pas être facile.
Et à ce moment précis, et je vous jure que c’est vrai, le téléphone a sonné. Mon calendrier dans une main, je décroche de l’autre.
« Allô, je m’appelle Marie, je suis pharmacienne et je vous téléphone de la part d’Hélène. Je fais des remplacements et je voulais savoir si vous aviez besoin de quelqu’un. »
Tout d’abord stupéfaite, j’ai vite repris mes esprits, et j’ai répondu que oui, j’avais besoin de quelqu’un, de telle date à telle date, tous les après-midi.
« Oh, ça tombe bien, je fais un remplacement à ce moment-là, mais seulement le matin, ça pourrait coller ! Si vous voulez, je peux venir vous voir demain, je vous apporterai tous les documents que je donne d’habitude quand je remplace un pharmacien. »
Mais d’où sortait-elle, celle-là ? J’ai enfin reposé le calendrier que j’avais toujours à la main, épatée par la tournure des événements. Le lendemain, elle était au rendez-vous, charmante, pas compliquée et munie du nécessaire pour qu’on lui prépare un contrat de travail. Le soir même je louais un appartement à deux pas de la place Catalunya.
Est-ce que Marie s’entend bien avec Babette-la-préparatrice, est-ce qu’elle s’en sort avec le logiciel de validation des prescriptions, est-ce qu’elle ne va pas se planter dans les commandes… ? Là, c’est bientôt l’heure de la orxata, j’arrête avec les questions fatigantes, on verra bien à mon retour.
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