TOUT A COMMENCÉ avec le débat sur la pilule du lendemain qui a suscité l’indignation du Vatican, toujours présent dans la vie quotidienne des Italiens, et de certains pharmaciens, choqués dans leurs convictions morales et éthiques. Du coup, trois parlementaires zélés ont pris leur plume et rédigé un projet de dispositif s’appuyant sur le problème posé par la pilule du lendemain. Mais, entre les lignes, les parlementaires font entendre que les pharmaciens pourront refuser de vendre d’autres médicaments, selon leurs convictions éthiques, morales et scientifiques. « Les pharmaciens, dont le rôle semble se réduire à celui de simples fournisseurs de médicaments, ont le droit de refuser d’agir selon leur conscience. Personne ne peut les obliger à applique la volonté d’autrui », écrivent en effet les auteurs du dispositif. De quoi donner de sacrés maux de tête aux parlementaires !
Tandis que les parlementaires favorables commencent leur travail de lobbying, que leurs opposants peaufinent leurs arguments, et que d’autres encore tentent de faire passer des dossiers prioritaires pour noyer un poisson encombrant, du côté des pharmaciens, on s’agite. « Chacun a le droit d’exprimer son malaise. Le problème doit être affronté et réglé au niveau politique », estime Andrea Mandelli, président de la Fédération des Ordres des pharmaciens. Pour éviter d’être prise à contre-pied, la Fédération dit avoir déjà contacté la classe politique italienne et interpellé les autorités du Vatican. Elle se dit aussi prête à dialoguer avec tous les pharmaciens. Mais le dialogue risque d’être compliqué, compte tenu de la position de certains pharmaciens qui s’estiment bafoués depuis toujours dans leurs convictions. « Nous avons toujours été considérés comme des opérateurs sanitaires de deuxième zone. Certaines professions ont le droit à l’objection de conscience, alors pourquoi pas nous ? », tonne Leo Di Terlizzi, titulaire d’une pharmacie située aux portes de Rome.
Mais tout le monde n’est pas du même avis. À commencer par le président de Federfarma Lazio, la fédération des pharmaciens du Latium. « Les pharmaciens devraient se plier aux principes de la laïcité en raison de la nature de leur profession », estime Franco Caprino. Dans une officine située à deux pas du Parlement, on partage cet avis. « Chacun est libre d’agir comme il le croit. Les pharmacies, toutefois, doivent offrir aux consommateurs un service complet et laisser leurs convictions de côté », tranche Roberta Panocchi, directrice de l’Antique Pharmacie in Lucine.
A priori, ce projet de loi devrait se limiter à reconnaître la clause de conscience pour des médicaments ciblés comme la pilule du lendemain. Mais comment éviter les dérapages dans la pratique ? « N’importe quel pharmacien pourra refuser de vendre n’importe quel médicament, comme la Novalgine, en invoquant le droit à la clause de conscience ! », ironise cette pharmacienne. Une affaire à suivre…
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion