« LES CONCOURS d’entrée dans les écoles préparant aux métiers de la médecine et de la pharmacie imposent une épreuve de culture générale. Nous nous sommes fait la réflexion que, dans cette culture, on pouvait intégrer l’histoire pharmaceutique. Toute l’idée est issue de cette réflexion. » Christian Huni, aujourd’hui retraité, se souvient de la création de la société d’histoire et patrimoine pharmaceutiques de Basse Normandie (SHPPBN), fondée en 1997 avec l’aide du doyen de la faculté de Caen, Sylvain Rault, et d’un professeur d’histoire, Arnaud Teyssier, passionné du passé pharmaceutique.
Diplômé de l’Université de Paris, dont il est originaire, l’ancien pharmacien, qui a partagé son exercice en officine entre l’Orne et le Calvados, est l’auteur d’une thèse de doctorat primée par l’Académie. Ce fin lettré s’est depuis longtemps intéressé à l’histoire de sa profession et à ses arcanes. Au cours d’une vie professionnelle très active, il a multiplié les rencontres avec des confrères partageant les mêmes centres d’intérêt. Une communauté d’esprit qui devait inéluctablement aboutir à la création de cette société savante dont l’activité ne cesse aujourd’hui de se renforcer par un brassage constant d’événements organisés autour d’une superbe collection.
L’association propose quatre conférences thématiques par an à travers toute la région, dont une ce mois-ci*, qui associe médecins et pharmaciens de Bretagne et de Normandie. Mais la SHPPBN dispose également de son propre musée, ouvert en 2000, dans les locaux de la bibliothèque universitaire caennaise, section droit et lettres.
« Nous avions constaté que la ville de Caen, qui fut détruite à 90 % durant la guerre, avait perdu toute trace de son histoire pharmaceutique, se souvient Christian Huni. Aidés par des laboratoires, des professionnels, des particuliers et des enseignants, nous avons eu la chance de récupérer des fonds anciens remontant jusqu’au 17e. Nous avons reçu également le legs du Pr Léon Launoy, pharmacien, naturaliste, spécialisé dans les gaz de combat, créateur de cours de toxicologie à la faculté de Paris, spécialiste de la maladie du sommeil. Des documents très précieux qui s’ajoutaient à nos trouvailles, et qui permettent de présenter maintenant un ensemble très cohérent, riche de son contenu. »
Céline et Carrel.
Forte de plusieurs milliers de volumes (les créateurs ont réuni quelque vingt mètres cubes d’ouvrages), la bibliothèque est ouverte à tous, sous la direction de Bernard Vouillot. Si l’on ne peut en emprunter les livres, les étudiants, les chercheurs, les curieux ou les historiens y ont librement accès. De nombreuses merveilles et raretés s’y côtoient, telles l’Histoire générale des drogues de Pierre Pomet (1694), mais aussi un petit livre signé du Dr Destouches (alias Céline), des lettres de Charles Nicols, des courriers de René Fabre, ainsi que du contesté Alexis Carrel. Les connaisseurs distingueront également le Dictionnaire universel de la médecine de Robert James, traduit par Diderot, le Formulaire magistral de Cadet de Gassincourt (1814), le Codex médicaenadrius de H.T.Baron (1732), etc.
Tous ces trésors ressurgis du passé doivent leur renaissance à la société fondée par l’ancien pharmacien et ses amis. Il n’est pas exagéré de parler en l’occurrence de conservateurs de mémoire, d’autant plus que ces découvreurs infatigables n’ont jamais cessé leurs activités.
« Nous avons aussi déposé au musée de Normandie quelques objets qui nous paraissaient intéresser un plus large public. Nous avons même acheté de très rares pots en porcelaine de Caen, qui sont actuellement placés dans les réserves de l’établissement. Derrière nous, arrivent les nouvelles générations de pharmaciens, pour lesquelles nous avons laissé des traces. Ces écrits, ces documents, leur permettent de mettre leurs pas dans ceux de leurs aînés. S’ils le font, nous auront atteints nos objectifs. »
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