LE 13 SEPTEMBRE dernier, les auditeurs de l’université de Strasbourg ont pu écouter une conférence de Tenjing Bista, un médecin lama du petit royaume du Mustang, aux confins du Népal et du Tibet. Spécialiste de cette médecine traditionnelle tibétaine que l’on nomme aussi amchi, Tenjing Bista a notamment démontré la pertinence de ses diagnostics effectués sur les membres de l’assistance. Cette conférence était coanimée par Christian Busser, ancien officinal, aujourd’hui professeur d’ethnomédecine à l’université de Strasbourg. Une ONG l’a contacté pour assurer cette conférence en compagnie de Tenjing Bista, qui ne pouvait sans doute pas trouver meilleur interlocuteur que ce pharmacien ouvert à tous les vents des savoirs traditionnels. Et cela a commencé tôt. « Quand j’étais étudiant en troisième année de pharmacologie, le Pr Robert Anton m’a proposé de participer aux recherches qu’il faisait alors », se souvient Christian Busser. De fil en aiguille, l’étudiant découvre des systèmes de soin anciens, rencontre des chamans et des sorciers de par le monde. Cela l’emmène loin, jusqu’à diriger le laboratoire de phytothérapie Weleda. Mais, après deux ans à la tête de ce laboratoire, il a préféré pour des raisons familiales s’installer avec son épouse, Élisabeth, dans une pharmacie à Obernai, qu’il oriente d’emblée vers les médecines alternatives. Cela ne l’empêche pas de poursuivre parallèlement sa formation, avec l’obtention d’un diplôme d’ethnopharmacologie et d’un doctorat en ethnologie. Ce dernier l’a conduit à travailler pendant dix ans sur les médecines populaires en Alsace et dans les Vosges. « Les nazis ont imposé des médecins parlant l’allemand, et ceux-ci ont été boudés par la population qui a préféré raviver la culture médicinale traditionnelle notamment par le biais de jardins médicinaux », explique Christian Busser.
De multiples champs d’études.
L’ethnomédecine ne sert pas seulement à étudier l’épidémiologie des maladies à travers la culture et le devenir des peuples premiers, mais aussi à élargir le domaine anthropologique de la santé, comme par exemple l’étude des relations entre patients et médecins en milieu hospitalier. « Les champs d’études possibles sont multiples », résume Christian Busser. Pour lui, les rencontres entre spécialistes d’univers très différents sont essentielles, beaucoup de médecins et de pharmaciens ne connaissent rien à l’ethnologie, et inversement. Il lance des passerelles, provoque des rencontres et des échanges. Et participe à l’enrichissement des savoirs anciens et des sciences modernes. Ainsi cette rencontre avec Tenjing Bista témoigne-t-elle de ces ponts entre cultures si différentes. « Les remèdes tibétains sont actuellement étudiés dans de nombreuses facultés, en Inde, aux États-Unis, en Europe, et ils sont de plus en plus validés par les scientifiques », explique-t-il. L’échange se fait dans les deux sens puisque, précise l’enseignant, ce médecin amchi vient à la fois chercher un soutien financier et logistique pour son école, et des échanges scientifiques, notamment dans le domaine des diurétiques et des antiseptiques. Ce tempérament de chercheur, ce goût de la transmission, ont conduit Christian Busser à fonder, en 2009, l’École Plantasanté, un institut de formation en phyto-aromathérapie, moment où il a décidé d’abandonner son activité de pharmacien d’officine, après 17 ans d’exercice.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion