COMPTABILITÉ
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Les résultats de votre dernière étude statistique* font clairement apparaître une stagnation de l’activité en 2008. Quelles en sont, selon vous, les raisons ?
PHILIPPE BECKER.- On peut dire que plusieurs facteurs combinés ont joué de façon défavorable en 2008. Notamment, le forfait de 0,50 euro par boîte a eu indiscutablement un impact fort, car il touche directement le portefeuille des patients. Les déremboursements de certains médicaments et la crise du pouvoir d’achat qui a pesé sur le « non-remboursable » et la parapharmacie ont également joué un rôle important.
CHRISTIAN NOUVEL.- J’ajoute, pour l’avoir constaté, que les prescripteurs ont aussi réduit le nombre de lignes sur les ordonnances. Certes, l’année 2008 est mauvaise pour l’activité, mais la tendance était déjà amorcée en 2007. Généralement, les hausses constatées sont moins significatives que celles enregistrées en 2007 ; et par ailleurs, les évolutions mensuelles sont « en dents de scie », avec de nombreux mois en négatif, alors que sur les années précédentes les baisses mensuelles étaient rarissimes.
Selon vos premières observations, l’évolution des chiffres d’affaires de l’année 2009 sera-t-elle meilleure qu’en 2008 ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Sur la base des déclarations de chiffre d’affaires du premier semestre, nous n’avons pas d’amélioration à annoncer. Ce n’est pas surprenant car la perception économique du consommateur n’a pas changé, bien au contraire. Il faut d’ailleurs être conscient que cet « atterrissage » était prévisible après une dizaine d’années de croissance forte de l’activité.
PHILIPPE BECKER.- Le consommateur constate également que sa mutuelle complémentaire ne compense plus les déremboursements comme par le passé, et que la somme restant à sa charge est devenue non négligeable. De toute évidence, la perception des patients sur les dépenses de santé et les mentalités des consommateurs évoluent, et ce changement a eu un impact fort sur l’activité des officines. Il faut d’ailleurs en prendre conscience pour l’avenir.
Dans ce contexte, quels sont les relais de croissance pour les officines ? Par exemple, les OTC en libre-service se vendent-ils mieux ?
PHILIPPE BECKER.- En 2008, selon notre étude, la part de médicaments au taux de 5,5 % est passée de 11,63 % à 12,16 %. Il ne s’agit donc pas d’un raz de marée. Ce n’est pas surprenant car l’acte d’achat d’un médicament est dicté par des considérations très particulières. Ce n’est pas une marchandise classique, donc la sensibilité au prix et au marketing est différente. On ne stocke pas du paracétamol parce que le pharmacien fait une promo !
On parle du vieillissement de la population, mais dans les faits cela ne semble pas avoir un impact significatif. Qu’en pensez-vous ?
CHRISTIAN NOUVEL.- On ne peut pas vraiment dire cela. Première remarque : la population ne vieillit pas d’un seul coup ! C’est un phénomène démographique lent qui produit déjà ses effets depuis de nombreuses années. Deuxième remarque : cette population voit sa couverture maladie s’affaiblir progressivement du fait de l’aggravation des déficits sociaux.
PHILIPPE BECKER.- Des relais de croissance existent potentiellement. L’augmentation de la population en est un, mais le financeur de ces dépenses (la branche maladie) est dans une situation de déficit abyssal.
On peut donc plutôt s’attendre à une faible augmentation de l’activité pour les prochaines années ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Les pronostics en la matière sont toujours hasardeux car beaucoup de facteurs interviennent. Il suffit, pour s’en rendre compte, de prendre l’exemple de la pandémie grippale annoncée. Mais hors éléments exceptionnels, nous ne voyons pas de nouveaux gisements de chiffre d’affaires significatifs à court terme. Les médicaments chers, la réserve hospitalière, la CMU, tous ces facteurs qui ont apporté de l’activité supplémentaire aux pharmaciens sont déjà dans les chiffres d’affaires.
PHILIPPE BECKER.- Cette nouvelle situation doit être prise en compte au quotidien dans la gestion de l’officine, car nous avons remarqué lors de l’élaboration de cette étude que des postes progressaient plus vite que le chiffre d’affaires, comme, par exemple, les frais de personnel.
Le réseau officinal pourra-t-il supporter longtemps une stagnation voire une baisse des chiffres d’affaires ?
PHILIPPE BECKER.- Pas trop longtemps, bien évidement ! Cela va certainement accélérer la restructuration du réseau et peut être inciter les acteurs à trouver des solutions innovantes et incitatives pour faciliter le regroupement d’officines ou tout simplement le rachat de licence en vue de fermeture.
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