« JE CRAINS un peu d’avoir trouvé un style, mais je cherche à ne pas m’y enfermer. Je ne veux pas faire du Ducroux toute ma vie », affirme Charles… Ducroux, peintre et pharmacien adjoint à Perriers-sur-Andelle, dans l’Eure. C’est tout en suivant ses études de pharmacie que le père d’un copain, enseignant la peinture, lui fait découvrir « son aptitude à dessiner : une révélation ». Le futur pharmacien va bientôt ajouter à sa première passion, la photographie, un nouveau moyen d’expression, la peinture, et en faire une synthèse.
« La photo de rue, façon Cartier-Bresson, c’est ma première émotion artistique, montrer que le quotidien peut devenir un moment d’éternité, que la photo peut magnifier le banal. » La peinture, il la travaille beaucoup « d’après photo ». Une semaine de photos à New York amène un an de travail au chevalet. Ses toiles reprennent un détail de la photo, subliment un éclairage, soulignent une posture. Pensant « manquer foncièrement d’imagination », Charles Ducroux travaille dans son atelier, attiré par le réel, dessinant « surtout la lumière » de photos noir et blanc (et agrandies sans recherche), qu’il décline en camaïeux. « Je n’ai pas de volonté documentaire, je peins des scènes, en commençant à l’envers, les pieds en l’air : c’est la lumière qui crée la forme ; je cherche une approche rythmique de la toile, une gestuelle musicale. New York, c’est le blues. » Comme le Maroc c’était des silhouettes, le Portugal des ombres.
Une période faste.
Peignant avec une économie de moyens, « c’est ma marque de fabrique, je ne suis pas coloriste », Charles Ducroux travaille au couteau, au pinceau, avec ses doigts, « sans système », mais toujours en musique.
De plus en plus souvent « invité d’honneur », le peintre pharmacien expose de plus en plus, « c’est une période faste », dans une région, la Normandie, « qui a une culture de la peinture. J’ai travaillé avec différents peintres normands, précise-t-il, pour rechercher les opposés. Il y a ici beaucoup de peintres et beaucoup de salons, et, l’air de rien, on est sensible au regard des autres. On a besoin d’exprimer son émotion, la vision du monde qu’on s’est recréé, peut-être au départ par frustration ».
À la pharmacie, Charles Ducroux est d’abord resté discret, « n’assumant pas » son double rôle, ne voulant pas « passer pour l’artiste », pour conserver la rigueur de sa fonction. La presse s’en est mêlée, il est passé à la télévision, son patron est « plutôt fier » de son adjoint, a acheté des toiles. « J’ai essayé de cloisonner, mais, en fait, les clients respectent mon travail. » Tant celui de leur officinal que celui du peintre.
Légende :
L’expression de Charles Ducroux, au pays des Impressionnistes.
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