M. SARKOZY peut compter davantage sur les erreurs de la gauche que sur ses propres initiatives pour remonter le courant qui risque de le conduire à la défaite. Quand M. Bayrou a signalé ce que personne n’avait vu dans l’accord conclu entre le PS et EELV, à savoir que la France cèderait son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU à un représentant de l’Union européenne, il a donné un prodigieux argument de campagne à la droite, alors que notre pays, grâce à l’intervention militaire en Libye et à la défense de l’euro, vient de gagner en stature internationale. Mais, pas plus que les précédentes, les élections de l’an prochain ne se joueront sur des thèmes diplomatiques. La campagne a mal commencé pour la gauche parce que les Verts s’y entendent pour maximaliser leurs exigences et contraindre les socialistes à prendre position trop tôt et trop vite. S’il est vrai qu’on ne connaît pas vraiment le programme de M. Hollande, le candidat socialiste, qui oppose la sérénité à la virulence de Mme Joly, a démontré qu’il ne se laissait pas déstabiliser par les attaques verbales. Le silence est la meilleure arme contre les charivaris artificiels que déclenchent de hâtives prises de position affichées par des amis encombrants.
Il ne faut pas s’y tromper : dès lors que la crise de la dette est à peu près insoluble et qu’elle ne peut être analysée qu’avec le plus grand pessimisme, les élus sont friands de sujets périphériques qu’ils montent en épingle pour affaiblir l’adversaire. On a ainsi vu que le nouveau Sénat de gauche, qui a déjà fait de la résistance sur le budget, souhaite accorder le droit de vote aux étrangers non-européens. C’est une pomme de discorde qui n’a pas le mérite de l’originalité. Elle a obligé M. Sarkozy à déclarer qu’il y était hostile, alors qu’il y était favorable en 2007. Formidable, on l’a enfermé dans ses contradictions. La belle affaire : avec constance et acharnement, le président de la République, depuis au moins deux ans, tente d’expliquer aux électeurs du Front national qu’il est leur candidat à la place de Marine Le Pen. Il faut bien admettre que, si cette tactique est rédhibitoire pour les citoyens qui se situent à droite mais rejettent le Front, elle est parvenue à bloquer l’ascension de Mme Le Pen et a permis à M. Sarkozy d’obtenir une inversion de sa courbe de popularité.
Les atouts de Sarkozy.
Le pays se donnera sans doute un président et une majorité de gauche l’année prochaine, mais il se situe à droite, historiquement et sociologiquement. À eux deux, M. Sarkozy et Mme Le Pen obtiennent près de 50 % des suffrages au premier tour, si l’on en croit les enquêtes d’opinion. C’est à peu près sur cette plate-forme que le candidat Sarkozy l’a emporté en 2007. Le rejet qu’il a suscité pendant son quinquennat le met aujourd’hui dans une position dont il a éprouvé la fragililté quand M. Hollande, succédant à Dominique Strauss-Kahn, a fait dans les sondages un score identique à celui de son prédécesseur. Rien n’a changé depuis : pour le moment, François Hollande dépasse Nicolas Sarkozy de seize points au second tour. Il manque au président le report des voix des centristes dont le ressentiment à son égard est plus fort que celui que leur inspirent les idées socialistes. Cependant, M. Bayrou, avec ses 18% des voix au premier tour en 2007, n’a pas empêché la victoire de M. Sarkozy au second. Il ne jouera donc pas un rôle décisif l’an prochain, surtout s’il obtient moins de suffrages (7 % dans les sondages). Tout se jouera donc sur le report des votes accordés au premier tour au Front national.
M. Sarkozy a l’air fort mal en point, mais il possède de nombreux atouts : d’abord la crise, où il joue un rôle rassurant, même s’il n’obtient pas d’Angela Merkel les mesures qui mettraient fin au chaos financier en Europe ; une reconnaissance mondiale à laquelle aucun de ses adversaires ne peut prétendre ; la confusion de la campagne de la gauche qui, jusqu’à présent, a été très mal gérée, en partie à cause de l’amateurisme d’Eva Joly mais aussi d’idées écologistes qui ne sont pas adaptées à la gravité de la crise ; la disparition de deux adversaires issus de la droite, Jean-Louis Borloo et, probablement, Dominique de Villepin, étant entendu qu’Hervé Morin est voué à un score confidentiel ; enfin, Jean-Luc Mélenchon et, accessoirement, Jean-Pierre Chevènement, pourraient réduire le pourcentage de François Hollande au premier tour et freiner sa dynamique.
La campagne contient une énorme inconnue : l’évolution de la crise financière qui, comme le croient les conseillers de M. Sarkozy, jouera en faveur du président sortant, qu’elle soit résolue ou qu’elle ne le soit pas. L’argument brandi par la gauche, à savoir que les Français vont plus mal aujourd’hui qu’au début du quinquennat, convaincra peu de monde en dehors de l’électorat socialiste traditionnel : la question ultime porte sur ce que la gauche au pouvoir pourrait faire mieux, dans cette crise, que ce que fait la droite.
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