PLUS PERSONNE ne le conteste : l’économie de l’officine est mal en point. Même l’agence de notation financière Coface le remarque. Dans un rapport de mars 2010, cité par « Le pharmacien de France » de juin, elle relève que « la pharmacie dans son ensemble et la pharmacie d’officine en particulier font face à une explosion des défaillances depuis 2008 ». Aujourd’hui tous les indicateurs économiques de l’officine sont dans le rouge. Le chiffre d’affaires stagne, la marge (en euros) baisse, les trésoreries sont tendues et les faillites se multiplient. « En Ile-de-France, nous avons atteint le rythme effrayant d’une fermeture par semaine », se désole Patrick Zeitoun, président de l’Union des pharmaciens de la région parisienne (UPRP). Depuis le début de l’année, pas moins de 26 officines franciliennes ont baissé leur rideau. Pour Patrick Zeitoun, qui constate que la situation de l’officine de la région parisienne se dégrade de jour en jour, ces naufrages économiques interviennent dans trois types de situations : « Il y a les départs à la retraite qui n’ont pas trouvé de repreneur, les dépôts de bilan purs et simples ou encore les rachats de licence par des confrères voisins ». Quant aux causes profondes des difficultés ressenties par les officines, elles sont essentiellement liées à la baisse du pouvoir d’achat des clients, à l’insécurité croissante dans les quartiers et à la concurrence des grands pôles d’attraction commerciale qui drainent la clientèle défavorisée bien au-delà des zones de chalandise des officines, explique en substance le président de l’UPRP.
Une baisse du panier moyen.
Au comptoir des pharmacies, la spirale de la dégringolade trouve avant tout son origine dans la baisse du panier moyen. Des événements externes à l’officine, comme la fermeture d’un cabinet médical, ou un déplacement de population, peuvent également affecter négativement la viabilité de l’entreprise. Quand il n’y a plus de relais de croissance, et avec en moyenne 2,5 employés par officine, dont le titulaire, les licenciements sont difficiles. C’est alors souvent le titulaire lui-même qui fait les frais de ces difficultés en augmentant l’amplitude horaire de son officine au détriment de sa vie de famille.
Des exemples de confrères franciliens écrasés par les difficultés de leur officine, le président de l’UPRP en a plus d’un à citer. Comme le témoignage de cette titulaire du Val-de-Marne contrainte de transférer sa pharmacie pour fuir un quartier où l’exercice officinal était devenu impossible du fait de l’insécurité croissante et de l’effondrement du pouvoir d’achat. Ou l’image terrible de ce bureau encombré de courriers bancaires que cette titulaire de Seine-Saint-Denis n’osait même plus ouvrir… Fermer pour fuir les difficultés ? Attention à ne pas promouvoir cette solution, prévient toutefois Patrick Zeitoun, qui met en garde contre le risque de raréfaction du réseau officinal. « Dans le seul département de la Seine-Saint-Denis, 9 % des officines ont fermé en quatre ans. Mais il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire, des officines en surnombre situées en centre-ville, mais plutôt des pharmacies de quartiers. Voilà ce qui met en péril le tissu officinal. »
Attention au surendettement.
Dans les campagnes, « les pharmacies résistent mieux, pour l’instant », observe Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Mais, à condition que le médecin ne quitte pas le village. L’un des points noirs pour les officinaux est le niveau des prix de cession. « C’est l’achat des pharmacies à des prix trop élevés qui conduit à la catastrophe », indique Yves Trouillet, président de l’Association de pharmacie rurale (APR). Les pharmacies endettées sont en effet particulièrement fragiles. Surtout celles acquises entre 2003 et 2005 dont les plans de financement ne correspondent plus à la réalité du marché pharmaceutique d’aujourd’hui. Autre menace pour les titulaires ruraux : la perte du marché des maisons de retraite qui peut représenter de 20 à 25 % du chiffre d’affaires.
Mais au-delà, les pharmacies des villes comme celles des champs souffrent avant tout de la diminution de la marge, insiste Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). La réduction des délais de paiement est venue aggraver encore un peu plus la situation. Et puis, cerise sur le gâteau, la crise est arrivée avec, à la clé, souligne Philippe Besset, une restriction du crédit bancaire et une diminution du pouvoir d’achat. Résultat, « les marchés de la parapharmacie et des médicaments non remboursables se sont écroulés », constate le représentant de la FSPF. À tel point que, aujourd’hui, on peut dire qu’aucune officine n’est à l’abri.
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