RATTACHÉ depuis 1973 au groupe Haniel, énorme consortium familial allemand présent dans tous les secteurs de la distribution et de l’alimentation, Celesio a connu ces dernières années un net recul de son activité, largement dû à la stratégie désastreuse de sa direction. Le groupe Haniel, lui-même fortement endetté, cherchait depuis longtemps à assainir ses finances tout en se débarrassant de Celesio : sa cession à McKesson, pour 6 milliards d’euros, satisfait donc tous les protagonistes.
Fondé en 1833 et basé à San Francisco, le groupe McKesson est numéro un aux États-Unis et au Canada. Il y possède par ailleurs une chaîne de 3 000 pharmacies, Health Mart, et fournit aussi la moitié des hôpitaux nord-américains et 20 % des médecins libéraux en matériel et équipements médicaux-chirurgicaux, tout en offrant de nombreux services, notamment informatiques. Il a réalisé cette année un chiffre d’affaires de 88 milliards d’euros, quatre fois plus que Celesio, et emploie actuellement 43 500 collaborateurs. McKesson et Celesio estiment qu’ils sont « des partenaires naturels pour devenir l’un des plus grands prestataires de santé du monde ». Ils approvisionneront, une fois réunis, plus de 130 000 pharmacies en Amérique du Nord, en Europe et au Brésil. Rappelons que Celesio est présent en France par le biais de l’OCP, qu’il contrôle. Les deux partenaires entendent offrir de nouveaux services aux pharmaciens tout en dégageant d’importantes économies d’échelle. Une fois achevée, courant 2014, la nouvelle entité emploiera 81 500 personnes pour un chiffre d’affaires avoisinant les 111 milliards d’euros.
Les médias pharmaceutiques allemands ont accueilli avec une certaine prudence l’annonce de ce rachat. Issu du grossiste allemand Gehe, Celesio ne s’est pas fait que des amis dans le pays, après avoir tenté, sans succès, d’y créer des chaînes de pharmacies. Celesio avait racheté pour cela la pharmacie virtuelle Doc Morris - revendue depuis avec une forte perte - puis tenté, via la Cour de justice européenne, de briser les règles du monopole, avant d’être finalement débouté, en 2009. Les pharmaciens ont fait chèrement payer cette politique à Celesio, en se détournant largement de lui, malgré les efforts du groupe pour redorer son image.
Même si Celesio leur promet aujourd’hui que ce rachat leur apportera beaucoup d’avantages, les pharmaciens allemands ne sont pas forcément enthousiasmés par l’émergence d’un nouveau géant dans le secteur. Pour certains d’entre eux, la puissance de la nouvelle entité pourrait compliquer leurs négociations commerciales avec les grossistes. Mais d’autres espèrent au contraire pouvoir tirer leur épingle du jeu en raison du renforcement de la concurrence qui résultera de cette redistribution des cartes. De plus, après le rachat, en 2012, du grossiste Alliance Healthcare par la chaîne américaine Walgreens, les pharmaciens s’interrogent sur les conséquences de cette nouvelle « américanisation » des grossistes européens.
En attendant, les commentaires souvent mordants des pharmaciens au sujet de ce rachat, publiés dans les jours qui ont suivi sur les forums Internet de la profession, montrent dans tous les cas que Celesio a encore du pain sur la planche pour redorer son blason auprès d’eux. Plusieurs d’entre eux écrivent même que ce rachat constitue « une raison supplémentaire de tourner le dos à Celesio ».
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