Phnom Penh, au bord du Tonle Sap. Le long de l’affluent du Mékong, la promenade Sisowath s’est remplie. Locaux et touristes mélangés profitent en ce début de soirée de l’air moins lourd et du vent léger, tandis qu’en haut des immeubles, les bars rooftops accueillent leur clientèle trendy.
Comparée à Hô-Chi-Minh-Ville, au Vietnam, la capitale cambodgienne est petite. Mais elle a de l’énergie à revendre. À pied ou en tuk-tuk, on s’y perd avec délice pour découvrir marchés, temples bouddhistes et vestiges coloniaux français. Les fastes du Palais Royal n’ont d’égal que la modestie de Bassac Lane, quartier branché avec ses bars à cocktails, mais aussi populaire avec sa vie domestique tournée vers la rue. À l’aspect old colonial du Raffles Hôtel ou de la Grande Poste, s’opposent les odeurs alimentaires lourdes du marché couvert Psaar Kandal. Après l’enfer khmer rouge d’il y a 40 ans – la visite de la prison Tuol Sleng témoigne de l’horreur du génocide –, le commerce et le tourisme accompagnent la croissance économique du pays, même si elle ne profite qu’à une minorité.
Vu du pont
Mais l’intérêt du Cambodge, ce sont d’abord ses fleuves. Au nord de Phnom Penh, la navigation sur le Mékong devient hasardeuse, à cause des rapides. C’est donc sur son affluent, le Tonle Sap, que la croisière s’effectue. Plusieurs compagnies opèrent sur les deux cours d’eau. Parmi elles, Rivages du Monde arme trois bateaux et s’est spécialisée dans les croisières qualitatives à taille humaine. Le « R/V Mékong Prestige », navire compact construit en 2012, embarque 64 passagers dans 32 cabines climatisées, toutes avec balcons et lits jumeaux. Une petite unité hypercosy pour profiter au mieux du spectacle. Le grand pont supérieur, avec son alignement de transats protégé du soleil, est le belvédère idéal pour admirer le paysage. De quoi apprécier, sur la rivière Tonle Sap, la palette complète de la « petite musique des rives » : jonques de pêche et de marchandises, villages flottants, rizières et pagodes, marchés exotiques… La navigation dévoile la force nourricière du fleuve.
Deux temps forts jalonnent le parcours : le village-rue de Prek Kdam et le village flottant de Kampung Cheang. Le premier, de population cham (des Khmers islamisés), étonne avec ses pêcheurs professionnels, ses femmes tricotant la laine sur les terrasses de maisons à pilotis et ses longs appels à la prière. Le second est un coup de cœur.
Vu depuis le salon du « Mékong Prestige », où guides et conférenciers viennent de temps à autre partager avec les passagers leur savoir sur le pays – intermède culturel enrichissant –, le paysage a changé. Sous un ciel lourd, on aperçoit les premières collines-mamelons. Passée la ville de Kampung Cheang et son beau marché alimentaire, le bateau rejoint un village flottant. Depuis chaque berge du Tonle Sap, il se déploie jusqu’à ne laisser qu’un étroit passage de navigation au milieu. La consommation domestique, la lessive, la cuisine…, tout est fait avec l’eau de l’affluent. Une vie insolite, sans électricité (mais avec des panneaux solaires) et une multitude de barques de pêche et de transport. Ce village est peuplé en majorité de Vietnamiens, restés à la fin des années 1970 après avoir libéré le Cambodge des Khmers Rouges.
Fresques sculptées
La frénésie de Siem Reap et les beautés d’Angkor vont bouleverser cette quiétude. Restaurants et bars à profusion, salons de massage…, le tourisme à Siem Reap est roi. Difficile d’y trouver de l’intimité, encore moins à Angkor avec ses millions de visiteurs annuels. Voyons le bon côté des choses ! En se levant à l’aube, on profite du spectacle magique du ciel rosissant sur les coupoles d’Angkor Wat. Et rien n’est plus inoubliable que les formidables fresques humaines sculptées d’Angkor Thom, les racines des fromagers mêlées aux pierres de Ta Prohm Temple et la finesse inouïe des pierres sculptées de Banteay Srei (Citadelle des Femmes). Angkor est sans discussion le point d’orgue du Cambodge.
Luang Prabang, un parfum spirituel
Le vol vers Luang Prabang replonge dans une atmosphère plus confidentielle. Il est 5 h 30 du matin et le jour se lève à peine sur l’ancienne capitale du royaume laotien. Dans Sisavangong Road, des femmes patientent sur les trottoirs, paniers en bambou emplis de riz à leurs pieds. Soudain, une colonne de moines surgit. D’un pas rapide, en robe safran, chacun recueille son offrande auprès des donatrices, versée dans un grand bol d’aumône. Ces moines furtifs vont en silence, avant de rejoindre leur temple-monastère.
Ce rituel, le Tak Bat, témoigne de la pérennité du bouddhisme au Laos. La ville exhale un étonnant parfum spirituel. Classée au Patrimoine mondial de l’humanité, elle compte de nombreux temples-monastères. Visounnarath (1512, le plus ancien), Xieng Thong (1560, le plus somptueux), Aham… déploient, dans une débauche de couleurs et de trésors religieux, une riche architecture de stûpas, de salles de méditation et de cérémonies.
Ce décor s’inscrit dans un site rare. Luang Prabang se déploie sur une étroite péninsule, au confluent du Mékong et de la Nam Khan. Ambiance indolente de bord de fleuve, fragiles passerelles jetées sur la rivière, anciennes maisons coloniales et collines verdoyantes : malgré les guest-house et le tourisme grandissant, la ville est nonchalante, délicieusement provinciale. Le soir, la tradition veut qu’on gravisse à pied la colline Phousi, pour voir le coucher de soleil sur le Mékong. Un spectacle rougeoyant fascinant, image emblème d’un fleuve tout-puissant.
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