LES PARLEMENTAIRES poursuivent leur enquête après le drame du Mediator. Les missions d’information de l’Assemblée nationale et du Sénat remettront leurs conclusions en juin. Pour l’heure, experts, acteurs de la chaîne du médicament ou anciens ministres de la Santé se succèdent à la barre. Notre jeune consœur Flore Michelet, auteur d’une thèse évaluant pour la première fois le nombre de décès imputables au Mediator, a ainsi été auditionnée le 26 janvier par les députés (« le Quotidien » du 7 février). Mardi dernier, la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), Isabelle Adenot, se présentait, elle, devant le Sénat. Le CNOP « a-t-il eu connaissance de fraudes concernant le Mediator et des pharmaciens ont-ils été sanctionnés pour cela ? » interroge d’emblée un des sénateurs présents. « À ma connaissance non », répond la présidente de l’Ordre, précisant que les officinaux n’ont pas de rôle de contre-expertise par rapport aux agences de santé. En clair, difficile pour un pharmacien de remettre en cause une décision de maintien sur le marché d’un médicament lorsqu’elle émane d’une autorité sanitaire reconnue compétente. « Des ordonnances faites à des personnes ne présentant pas de surpoids ne devaient-elles pas interpeller les pharmaciens ? » demande un autre parlementaire. « Le médecin est maître de sa prescription et le pharmacien d’officine n’a pas à réaliser une contre expertise de la visite médicale, d’autant qu’il n’a pas accès au dossier médical du patient », rétorque la présidente de l’Ordre. Pour autant, souligne Isabelle Adenot, le pharmacien a certes une responsabilité dans la dispensation d’un médicament. Mais, « il procède avant tout à un contrôle des molécules chimiques qui coexistent sur l’ordonnance, rappelle-t-elle. Il peut également poser des questions et être amené à refuser la délivrance d’un produit. Et il le fait, mais, dans ce cas, toujours après en avoir averti le prescripteur ». Quant au cas spécifique du Mediator, elle estime que les officinaux se trouvaient dans une situation quelque peu « ubuesque ». Alors que les préparations magistrales contenant un anorexigène étaient interdites en 1995, le Mediator est resté autorisé longtemps après (voir encadré).
Des pharmaciens pharmacovigilants.
La présidente de l’Ordre souligne par ailleurs l’engagement de la profession dans la pharmacovigilance. « Ce n’est que depuis 1995 que les pharmaciens sont soumis à obligation de déclaration », indique Isabelle Adenot. Et ils s’y emploient. Selon elle, 15 % des déclarations proviennent en effet d’officinaux, contre 9 % pour les médecins généralistes. « C’est bien mais l’on pourrait encore améliorer ce chiffre », estime l’ordinale. L’instance travaille d’ailleurs actuellement à la construction d’un portail Internet spécialement dédié à la sécurité sanitaire. Indépendant du site de l’Ordre, celui-ci permettrait, d’un simple clic, de disposer des fiches de déclaration et de les transmettre directement aux centres régionaux de pharmacovigilance. Il offrirait également la possibilité d’accéder facilement à la liste des médicaments sous surveillance renforcée. Le dossier pharmaceutique (DP) pourrait également être un outil précieux pour améliorer la sécurité sanitaire. Comment ? En permettant la diffusion de messages d’alerte, notamment en cas de retrait de lot. Toujours grâce au DP et à l’incorporation du numéro de lot dans le nouveau code CIP, « nous serons rapidement dans la capacité de retirer les produits jusque dans l’armoire à pharmacie des patients », se félicite Isabelle Adenot. On le voit, l’amélioration de la sécurité sanitaire dans l’Hexagone ne se fera pas sans le réseau des pharmacies.
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