ON LE SAIT : le déséquilibre démographique qui va continuer de s’accentuer dans les prochaines années risque d’affecter sérieusement le montant des retraites des régimes obligatoires par répartition. Avec un actif pour un retraité prévu en 2025, le régime de retraite de base des pharmaciens, en particulier, ne pourra pas échapper à cette évolution. C’est pourquoi, outre la retraite par répartition obligatoire, il est toujours conseillé de compléter sa pension professionnelle par des prestations complémentaires fonctionnant sur le mode de la capitalisation individuelle, c’est-à-dire par un rendement financier.
Devant ce constat, la CAVP a pris les devants en 2009 en introduisant dans son régime complémentaire une part obligatoire de capitalisation. Ainsi, les cotisations en classe 3 de ce régime, jusque-là facultatives, sont désormais obligatoires, les autres classes de cotisations (de 5 à 13 comprises) restant optionnelles. Avantage attendu de cette réforme : le rapport démographique de la profession sera sans effet sur cette épargne individuelle, et, pour cette part, n’aura pas d’incidence sur la retraite complémentaire du pharmacien.
Multiplier les sources de revenus.
Mais est-ce suffisant ? Non : « la retraite doit être précoce et multiple. Précoce parce qu’il est préférable de commencer tôt et modestement plutôt que tard et douloureusement. Multiple, parce que les vingt-huit à trente années qu’un pharmacien ou une pharmacienne passeront en retraite doivent être alimentées par la juxtaposition de revenus d’origine diverse : des placements avec sortie en capital souscrits auprès d’assureurs "fiables", des placements avec une sortie en rente servie jusqu’au décès, des revenus immobiliers divers, le placement du capital issu de la revente de l’officine », explique Bernard Lagneau, président de la CAVP.
Attention, d’ailleurs, aux pharmaciens qui comptent surtout sur le prix de vente de leur officine. Cinq mille pharmaciens devant cesser leur activité dans les quatre ans qui viennent, le prix de cession moyen risque fort de ne pas être toujours à la hauteur des espérances de leur titulaire.
Dans ce panel de solutions à la disposition du pharmacien pour compléter sa retraite, les contrats Madelin sont souvent présentés comme une des solutions les plus intéressantes. Il s’agit en fait de contrats d’assurance-vie à adhésion individuelle facultative, alimentés par des versements réguliers et qui permettent, dans le cadre de la loi Madelin, de se constituer des revenus supplémentaires versés sous forme de rente viagère. En outre, les cotisations sont déductibles fiscalement dans la limite d’un plafond très large.
« Notre Plan d’épargne retraite Madelin (PERM) offre également des solutions en cas de coup dur, précise la responsable du marché des professionnels chez BNP Paribas. Par exemple, en cas de décès avant le départ à la retraite, les droits à la rente restent acquis au profit de la personne désignée au contrat. Autre sécurité : en cas de cessation d’activité due à une invalidité notamment, il est possible de débloquer son épargne-retraite et d’en disposer sous forme de capital. »
Mais, pour les pharmaciens, un contrat Madelin ne présente pas d’avantage particulier par rapport aux classes optionnelles de capitalisation du régime complémentaire de la CAVP. Celles-ci bénéficient de la même déduction fiscale (40 % en moyenne), il n’y a pas de nombre minimum de cotisations, on peut changer de classe, et donc de niveau de cotisations, tous les semestres, la réversion est possible de 0 à 100 %, et bien sûr, la rente est servie jusqu’au décès du pharmacien, quel que soit l’âge auquel il intervient… On peut même dire que le régime de capitalisation optionnel de la CAVP offre plus de souplesse, en permettant au pharmacien de choisir chaque année de cotiser ou non à ce régime et en choisissant parmi plusieurs niveaux de cotisations.
Faire les bons calculs.
Dans tous les cas, dans un système individuel par capitalisation, le plus important est de savoir à partir de quand il faut épargner, et à quelle hauteur. Or, les simulations effectuées par la CAVP montrent qu’il vaut toujours mieux commencer son épargne tôt, même avec des cotisations peu élevées, que plus tard avec un niveau de cotisations plus fort. Il faut commencer à épargner dès que les perspectives professionnelles sont consolidées, et même de façon homéopathique, avec une discipline régulière, sans pour autant rogner des objectifs majeurs tels que devenir propriétaire de sa résidence principale ou acquérir une nouvelle pharmacie.
Par exemple, trente ans de cotisations (de 2010 à 2040) en classe 5 du régime complémentaire donnent 123 306 euros d’intérêts cumulés et une retraite annuelle supplémentaire de 12 308 euros, alors que vingt ans de cotisations (de 2020 à 2040) en classe 7 ne procurent que 80 687 euros d’intérêts et une retraite de 10 429 euros, et dix ans en classe 13 seulement 39 519 euros d’intérêts et une retraite de 10 009 euros*. On s’aperçoit donc qu’il faut mettre en place une véritable stratégie de capitalisation, afin d’optimiser les intérêts acquis par les versements et par là même le montant de sa retraite future.
Autre piste complémentaire : effectuer des rachats. En effet, si, à l’heure de la retraite, il vous manque des trimestres de cotisations ou des points, votre pension du régime de base sera incomplète ou minorée et ne sera donc pas versée à taux plein. Vous avez donc la possibilité d’effectuer des rachats, tant dans le régime de base que dans le régime complémentaire.
Mais, dans ce domaine, la prudence est de mise. « Le pharmacien, à qui il manque par exemple deux trimestres pour avoir une retraite à taux plein a peut-être intérêt à les racheter. Mais attention : il faut racheter les trimestres, pas les points. Au prix où ils sont vendus, le calcul est souvent vite fait, prévient-on à la CAVP. D’une manière générale, il n’est pas intéressant de racheter des annuités de son régime de base, d’abord parce c’est un régime de répartition dont on connaît la fragilité du rapport démographique, et ensuite parce que ce régime participe au comblement des régimes déficitaires à travers la compensation nationale. Si rachat il doit y avoir, c’est donc dans le régime complémentaire, classes 5 à 13, qu’il faut les effectuer. »
Dans la réforme de 2009, le nombre de cotisations maximales est passé, à la demande de la CAVP, de 35 années à 40,5 années. Ceci n’oblige en rien à cotiser davantage, mais permet de le faire. Exemple donné par la CAVP elle-même : un pharmacien commence son activité libérale à 40 ans et sera supposé la finir à 65 ans. Il pourra cotiser 25 ans. Il aura donc la possibilité, au cours de son activité libérale, de racheter toutes les années pendant lesquelles son installation « tardive » ne lui aura pas permis de cotiser, soit 40,5 – 25 = 15,5 années. Et ceci avec les mêmes conditions de déductibilité que celles d’une cotisation annuelle.
À noter également, comme le précise la caisse de retraite des pharmaciens, que les officinaux qui avaient cotisé au maximum en classe 13 et fait tous les rachats sur 35 annuités, viennent de se voir offrir la possibilité de racheter les 5,5 années (40,5 -35) supplémentaires. Nombreux sont d’ailleurs les pharmaciens qui l’ont fait.
Utiliser tous les moyens.
À côté d’un plan de capitalisation solide et régulier à la CAVP ou par un contrat Madelin, les autres moyens à la disposition du pharmacien pour augmenter sa future retraite sont de moindre importance. Mais ils existent tout de même. Par exemple le PERCO (Plan d’épargne retraite collectif) : il offre les mêmes avantages fiscaux qu’un Plan d’épargne entreprise (PEE), mais sur un horizon plus éloigné puisque le capital investi est bloqué jusqu’au départ à la retraite. À ce moment-là, le pharmacien aura en général le choix entre demander une rente viagère (imposable seulement pour une partie de son montant) et récupérer son capital. Attention toutefois, un PERCO ne peut être créé pour le pharmacien et ses salariés que si leur est également offerte la possibilité d’opter pour un plan d’une durée plus courte (PEE, ou PEI - plan d’épargne interentreprises).
On peut également citer le PERP (Plan d’épargne retraite populaire), qui concerne chaque Français. Il s’agit d’un plan d’épargne retraite de long terme, strictement individuel, qui permet de se constituer une pension cumulable avec une retraite d’un régime obligatoire, versée sous forme de rente viagère. Pendant la phase d’épargne, le PERP donne droit à une déduction des cotisations de 10 % des revenus d’activité retenus en principe dans la limite de huit fois le plafond annuel de la Sécurité sociale. Mais attention là aussi, car les cotisations versées aux régimes de retraite facultatifs et les abondements sur un PERCO réduisent ce plafond.
À noter que le PERCO, le PERP et les supports similaires fonctionnent tous, bien entendu, sous forme de capitalisation individuelle.
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