C’est la forte mortalité par béribéri des soldats cantonnés à Sumatra et des prisonniers de Java qui conduisit le gouvernement hollandais à dépêcher, en 1886, le bactériologiste Cornelis Pekelharing (1848-1922) et le neurologue Cornelis Winkler (1855-1941) dans les Indes orientales néerlandaises (actuelle Indonésie).
Cette névrite périphérique entraînant une paralysie puis un collapsus fatal était alors tenue comme d’origine toxique : une substance inconnue contenue dans le riz, pitance unique des soldats et bagnards, expliquait sûrement l’hécatombe. Des observations faites dans les années 1860 par van Leent, un médecin de la marine, allaient en ce sens : ne suffisait-il pas que les marins indiens fussent nourris comme les officiers européens pour éviter qu’ils ne tombent comme des mouches ?
Nos deux médecins conclurent cependant que le béribéri était infectieux. Ayant ordonné la désinfection des casernes et geôles bataves, ils repartirent, laissant sur place leur assistant, Christiaan Ejikman (1858-1930), afin qu’il isole le germe en cause. C’est dans un laboratoire de fortune qu’il commença donc à inoculer à des volailles du sérum de victimes de béribéri.
Au terme de quelques mois, certains oiseaux présentèrent bien des signes de polynévrite mais - manque de chance ! - ce n’était pas forcément ceux qui avaient été inoculés… Six mois plus tard, la maladie disparut aussi mystérieusement qu’elle était arrivée. Ejikman eut une intuition géniale : il observa que le régime alimentaire des oiseaux avait changé avant qu’ils ne tombent malades. Nourris de riz complet au début, bon marché, ils le furent ensuite de riz poli destiné aux malades de l’hôpital.
Un nouveau directeur lui ordonna d’opter pour un régime moins dispendieux et les signes neurologiques disparurent avec le riz brun. Ejikman comprit que ce riz, doté de son péricarpe et de son germe, contenait une substance prévenant la névrite chez la volaille. Il revint à Ütrecht, nommé professeur en 1896, convaincu que le béribéri était occasionné par des microbes coliques convertissant des glucides en une substance toxique dont le riz complet contenait un antidote.
Les vertus du riz complet
Il suggéra toutefois à son ami Adolphe Vorderman (1844-1902), inspecteur de la santé à Java, d’établir une statistique des cas de béribéri rapportés au type de riz consommé : elle montra que la maladie n’était que fort peu observée lorsque les prisonniers cuisinaient eux-mêmes le riz brut qui leur était donné. En 1897, Vorderman montra finalement que le riz complet prévenait le béribéri.
Gerrit Grijns (1865-1944), successeur d’Ejikman à Java, démontra que le riz complet perdait ses propriétés après autoclavage et que la substance anti-béribéri était contenue dans plusieurs types de végétaux et dans la viande. Après un patient travail expérimental, elle fut finalement cristallisée à Djakarta par Barend C. Jansen (1884-1962) et Willem F. Donath (1889-1957) en 1926 : elle fut envoyée à Ejikman qui put enfin prouver que son addition à du riz poli prévenait la polynévrite !
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