LE PREMIER ministre prend des risques. S’il a enfin réussi à opposer une certaine fermeté aux revendications innombrables qui dissolvent la cohésion sociale, il ne dispose pas de moyens très efficaces pour apaiser la grogne des Français. Sa réforme fiscale, a-t-il d’ailleurs précisé, n’est pas pour demain, et ne sera engagée qu’en 2015. D’aucuns s’étonnent de ce qu’il ait convoqué les syndicats pour en discuter, comme si c’était leur rôle de fixer l’impôt. D’autres remarquent que l’opinion attend de la réforme qu’elle diminue la pression fiscale, alors que M. Ayrault s’est empressé de préciser qu’elle s’appliquerait à niveau constant des recettes. Enfin, la réforme permettra de changer les volumes financiers produits par l’impôt : il est plus que probable que l’on augmentera d’un côté pour réduire de l’autre et que, une fois encore, on fera plus dé mécontents que de satisfaits.
Néanmoins, il n’est pas possible de se dresser contre une réforme qu’il fallait faire depuis longtemps et qui n’a pas été réalisée par manque de courage. Manque de courage de Nicoklas Sarkozy, mais de François Hollande aussi, qui aurait dû l’entreprendre dès le début de son mandat. Le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, affirme que la réforme est déjà commencée puisque le gouvernement, depuis qu’il est en place, a pris d’importantes dispositions fiscales, depuis le plafonnement des déductions sur l’impôt sur le revenu jusqu’aux droits de succession, qui ont été durcis. S’exprimant dans ce sens, M. Cazeneuve ne fait que confirmer ce que chacun d’entre nous peut craindre : qu’on va essayer de bâtir une politique sociale sur le socle de la réforme. C’est conforme aux idées socialistes, ce ne l’est pas par rapport au coût du travail en France et aux destructions d’emplois.
Reporté à 2015, le projet semble moins inquiétant. On verra bien. En attendant, il a permis à M. Ayrault de faire un bel effet d’annonce, de calmer la gauche de son parti, qui a très compris que les impôts seraient augmentés et non diminués, et de renforcer un peu sa stature. La droite, qui s’oppose de manière systématique et pas très dialectique à l’action du gouvernement, doit surtout tenir compte des conséquences politiques de la campagne discrète lancée par M. Ayrault avec l’aval du président, et savoir si elle modifie le rapport de forces à la veille des municipales. Pour le contenu de la réforme, il sera toujours temps de hurler quand ses modalités seront précisées, et seulement si elles handicapent un peu plus l’économie du pays.
L’hirondelle allemande.
Dans cet effort pour regagner la confiance des Français, le gouvernement bénéficie d’un nouvel avantage qui était inespéré : la chancelière allemande, Angela Merkel, vient d’annoncer que, dans le cadre de la négociation avec le SPD (sociaux-démocrates) pour la formation d’un gouvernement de coalition, elle a accepté de créer un salaire minimum en Allemagne, à 8,50 euros de l’heure, ce qui mettra fin aux contrats iniques pratiqués en Allemagne, où l’on voit des salariés travailler pour trois euros. Il n’est pas dit que ce projet voie le jour : les amis conservateurs de Mme Merkel sont farouchement hostiles à une mesure qui réduirait la compétitivité de l’Allemagne. Il y a quelque chose de désespérant dans leur attitude. L’Allemagne fait l’objet d’une enquête de la Commission européenne qui estime que ce pays travaille trop pour les exportations et pas assez pour la consommation intérieure, que l’offre allemande est excessive, la demande insuffisante, ce qui contribue à l’affaiblissement des partenaires européens de l’Allemagne. De sorte que l’on se demande à quel moment les salariés allemands, surtout dans les PME, obtiendront les fruits de l’effort acharné qu’ils fournissent depuis dix ans.
Cependant, la nouvelle est très positive pour la France et, si elle est suivie d’effet, le smic allemand devrait logiquement nous aider à exporter davantage vers notre premier client. Dans le climat hivernal, M. Hollande discerne quelque chose qui ressemble à un rayon de soleil.
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