TOUTES les études et enquêtes de conjoncture rendues publiques depuis un an le laissaient prévoir : l’année 2009 a été un mauvais millésime pour la santé économique des officines françaises. Car avec un chiffre d’affaires moyen qui progresse à peine (+ 1,39 %, contre 1,58 % en 2008), une marge commerciale après remises qui reste à un bas niveau malgré une relative stabilisation (27,75 % en moyenne) et un excédent brut d’exploitation qui perd plus d’un demi point par rapport à l’année précédente (10,89 % au lieu de 11,43 %), la situation n’est pas brillante. C’est en tout cas la principale conclusion que l’on peut tirer de la dernière étude sur l’économie des officines que vient de réaliser la société Fiducial (1).
Mais, bien entendu, dans ce constat d’ensemble plutôt inquiétant, toutes les officines ne sont pas logées à la même enseigne. En ce qui concerne le chiffre d’affaires, par exemple, on note une croissance positive pour les pharmacies en association (+ 2,10 %), alors que les officines individuelles, au contraire, voient leur chiffre d’affaires moyen baisser de 0,35 point.
Comme le note Philippe Becker, responsable de cette étude chez Fiducial, « il y a également des différences de croissance du chiffre d’affaires selon les zones de chalandise. Les officines de centre commercial retrouvent en effet une position leader dans ce domaine, avec une hausse moyenne de 2,47 % en 2009, alors que l’évolution du chiffre d’affaires des officines rurales est au contraire la moins forte, avec seulement + 0,71 %. Ces officines semblent souffrir d’un gros handicap : la désertification médicale ».
Une marge stabilisée ?
En 2009, la marge commerciale en pourcentage du chiffre d’affaires se stabilise quelque peu, à 27,75 % en moyenne (contre 27,69 % en 2008) pour l’ensemble des pharmacies. Mais là encore, les différences sont assez nettement marquées entre les différents types d’officines : celles qui sont en association s’en sortent mieux que les officines individuelles, avec une marge moyenne de 27,86 % au lieu de 27,70 %.
De même, la marge commerciale moyenne est plus élevée pour les officines de centres commerciaux (28,31 %) que pour celles qui sont situées en centre-ville (27,73 %), dans les quartiers (27,47 %) ou en zone rurale (27,88 %). Il faut d’ailleurs noter que les pharmacies situées en centre commercial restent les seules à voir leur marge commerciale moyenne demeurer à peu près stable au-dessus de 28 %. Les moyennes continuent donc de masquer d’importantes disparités selon la taille et la tranche de chiffre d’affaires des pharmacies, et l’effet « taille » continue de jouer en faveur des officines à chiffre d’affaires élevé.
« Au total, fait remarquer Philippe Becker, la variation de la marge commerciale en valeur absolue entre 2008 et 2009 est relativement faible - autour de 1,5 % -, avec un montant moyen de 392 000 euros en 2009 contre 386 000 euros l’année précédente, à périmètre constant. Mais il faut prendre cette tendance favorable avec précaution, car les frais d’exploitation ont progressé plus fortement depuis trois ans ».
Charges trop lourdes.
En 2009, par ailleurs, de nombreux frais d’exploitation restent globalement trop lourds et insuffisamment maîtrisés. Les charges de personnel, notamment, représentent en moyenne, 9,75 % du chiffre d’affaires hors taxes, au lieu de 9,48 % en 2008, soit une hausse de 3 % en valeur absolue. « Les frais de personnel augmentent davantage que le chiffre d’affaires et la marge, et ils n’ont jamais été aussi élevés depuis plus d’une dizaine d’années », fait observer Philippe Becker. « Et, poursuit-il, on observe très clairement en 2009 une progression des frais d’exploitation en général plus rapide que l’activité des officines. Les pharmaciens sont donc condamnés à une politique très stricte de gestion de leurs charges, qui doit être accompagnée de gains de productivité significatifs ».
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de constater, pour cette année 2009, une baisse globale de la rentabilité. L’excédent brut d’exploitation (EBE) diminue de 0,54 point depuis 2008 et s’établit en moyenne à 10,89 % du chiffre d’affaires hors taxes. Cette situation risque de fragiliser un peu plus encore les officines lourdement endettées, puisque l’EBE sert notamment à régler les remboursements d’emprunts.
Or l’étude de Fiducial montre aussi que les pharmacies très endettées sont de plus en plus nombreuses puisqu’elles sont désormais plus de 80 % (au lieu de 75 % en 2008) à avoir contracté des emprunts à moyen et long terme, et près de 50 % à être en situation de découvert bancaire… « La dégradation de la trésorerie des officines est indiscutablement la conséquence de l’atonie de l’activité et d’une marge commerciale qui n’est plus suffisante pour couvrir correctement les frais d’exploitation et les remboursements des emprunts », conclut Philippe Becker.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion