LE 10 JUILLET, Arnaud Montebourg, encore ministre de l’Économie, sonne la charge contre les monopoles de toute sorte. Un moyen, selon lui, de redonner du pouvoir d’achat aux Français. Toutefois, dans son discours prononcé en grande pompe en direct de Bercy, il ne prononce jamais le mot « pharmacien ». Le ministre hésite-t-il face à l’opposition affichée de certains membres du gouvernement à la vente de médicaments en dehors des pharmacies ? Peut-être, car la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’y est déclarée à plusieurs reprises opposée. Le ministre de l’Économie lâche tout de même que sa réforme visera particulièrement les huissiers, les greffiers des tribunaux de commerce, les avocats et « certaines professions de santé ». Surtout, il compte s’appuyer sur un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) qui propose carrément de mettre en pièce les trois piliers de l’officine.
Contesté, ce rapport est surtout truffé d’erreur, selon les représentants de la profession. « En termes de méthodologie, ce document est obsolète et incomplet, en raison notamment des réformes que le gouvernement a engagées en 2013 et 2014 sous l’impulsion du ministère de la Santé, et d’une connaissance imparfaite de notre secteur d’activité », déplore ainsi la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Les informations contenues dans ce rapport sont dépassées ou erronées », conclut de même l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) met pour sa part en garde : « Plus de 6 000 emplois seraient menacés par la remise en cause du monopole et viendraient gonfler les chiffres du chômage dont le taux atteint déjà 8 % en officine aujourd’hui. » Dès lors, les trois syndicats d’officinaux, mais aussi l’Ordre des pharmaciens, l’Association de pharmacie rurale (APR), les collectifs de groupements, l’Académie nationale de pharmacie, et même des syndicats de médecins, vont détricoter une à une les préconisations de l’IGF.
Macron remplace Montebourg.
Fin août, Arnaud Montebourg est débarqué et remplacé par Emmanuel Macron. Pas sûr que la profession y gagne au change, car le nouveau ministre de l’Économie fut le rapporteur de la fameuse commission Attali qui proposait déjà de remettre en cause le monopole pharmaceutique et les règles d’installation et de propriété des pharmacies. Finalement, Emmanuel Macron fait marche arrière, notamment à la suite de la très forte mobilisation de la profession le 30 septembre. À la mi-octobre, il annonce que les mesures concernant l’officine figureront dans le projet de loi de santé de Marisol Touraine. Mais surtout, si réforme il y a, elle se fera sans toucher aux piliers de l’officine. « Les dispositions législatives qui seront nécessaires à la modernisation de l’exercice des pharmaciens seront traitées dans le cadre de la stratégie nationale de santé et du projet de loi de santé qui en est la partie législative », confirme Jean Debeaupuis, directeur général de l’offre de soins (DGOS), à l’occasion du Congrès national des pharmaciens, à Cannes-Mandelieu. Avant d’ajouter que cet effort de modernisation doit respecter certains principes essentiels, à commencer par la préservation du monopole de dispensation des médicaments. Plus précisément, la future loi de santé contiendra des mesures pour la simplification des règles d’installation, de transfert et de regroupement d’officines, mais aussi en faveur de l’entrée des jeunes pharmaciens dans le capital des pharmacies. La possibilité pour les officinaux de pratiquer des vaccinations y sera également inscrite.
Même s’il faut encore attendre la fin des débats parlementaires pour être complètement rassurés, pour l’instant, la pharmacie s’en sort plutôt bien. Pourtant, l’année 2014 avait mal commencé. En février, les parlementaires adoptaient le projet de loi consommation de Benoît Hamon, alors ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire. Et ouvraient du même coup une brèche dans le monopole en autorisant la vente des tests de grossesse et d’ovulation dans les grandes surfaces.
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