« JE NE DEMANDE PAS de médaille, je n’ai rien d’exceptionnel. » Titulaire à Libourne, Bernard Laydis est fils de commerçants et de viticulteurs, et présente un itinéraire professionnel original. D’abord adjoint, puis pharmacien remplaçant, il lâche le comptoir pour reprendre la propriété viticole familiale. À cette occasion, il devient président du syndicat de Montagne-Saint-émilion, du collège des vins de Saint-Émilion et grand maître de la confrérie des vignerons de Montagne, Lussac et Puisseguin-Saint-émilion. Mais, il y a deux ans, il laisse les rênes à sa femme et reprend une officine dans le centre de Libourne. Parallèlement, il est membre du club de foot de Libourne depuis 1996, vice-président l’année suivante et président depuis 2001. « Je ne suis pas footballeur, mais j’aime ce sport. On m’a demandé de participer, j’ai attrapé le virus. Il est difficile de trouver des remplaçants dans le bénévolat. Et puis je suis un garçon facile, je dis souvent oui », sourit Bernard Laydis. Heureusement, l’homme a su s’organiser pour mener toutes ses activités de front. « Cela n’a pas toujours été simple, mais ça va mieux. Ma femme s’occupe de l’activité viticole, j’ai de bons collaborateurs à la pharmacie et j’ai trouvé de l’aide au club de foot. »
Ses journées sont tout de même bien remplies, de 8 heures à 22 heures tous les jours. « Mais j’ai une vie de famille, une femme, des enfants. A priori, tout le monde est épanoui. »
Sortir de l’officine.
Gérard Chanut, titulaire dans un village de l’Aisne, est président de l’association Les Amis du site abbatial de Saint-Michel-en-Thiérache. L’association, qui renaît de ses cendres après une quinzaine d’années de sommeil, développe des activités musicales et un partenariat avec France Musique. Un festival se met en place, le succès est immédiat, il est reconduit chaque année et s’étale désormais sur cinq dimanches. « Depuis que je suis président de l’association, le bureau de la pharmacie est un peu devenu son local, d’autant que l’évolution des activités demande de plus en plus de temps. Heureusement, une belle équipe tient les rênes, mais il arrive que ma femme ou mes enfants soient mécontents parce que je ne peux plus prendre de vacances ou de week-end pendant juin et juillet. C’est très convivial, même si nous accueillons plus de 1 000 personnes chaque dimanche du festival. »
Gérard Chanut fait partie de la chorale depuis 15 ans mais manque de temps pour s’y consacrer pleinement. Car il est aussi membre de l’association Sésame, pour laquelle il intervient lors de séances de deux heures dans les collèges et lycées, en binôme avec un médecin, sur le thème de l’éducation sexuelle. « Cela me fait sortir de l’officine, c’est plaisant. Je participe aussi un peu à la paroisse, mais c’est encore autre chose », ajoute l’infatigable titulaire.
Ralentir le rythme.
À Marseille, Michèle Delarocque a mis sur pied une association de commerçants de son quartier il y a dix ans, dont elle a pris la présidence. Dynamique, elle est aussi engagée dans l’association « Le blé de l’espérance », qui propose des sachets de blé à planter à la période de Noël (une tradition régionale) et dont les bénéfices sont utilisés pour les enfants hospitalisés. Ce n’est pas tout, la pharmacienne est aussi adjointe au maire depuis mars 2008, chargée des relations avec les… commerçants ! « Je suis moins à l’aise avec cette fonction, que je découvre, mais c’est intéressant. Cependant, j’ai dû ralentir le rythme sur l’association de commerçants car je ne peux pas tout concilier. » D’autant que Michèle Delarocque, raisonnable, réserve chaque lundi à son petit-fils. « C’est lui qui me sauve, rien ne passe avant lui. »
Martine Baumgarten, titulaire à Gevrey-Chambertin, est connue pour son investissement à l’UTIP, dont elle fait partie depuis son installation, en 1982, et dont elle a été présidente pendant deux mandats. « La présidence d’une association doit changer régulièrement pour apporter des idées nouvelles », assure-t-elle. Membre de l’Académie nationale de pharmacie, du Haut comité de la formation pharmaceutique continue, de la commission d’iatrogénie à la Direction générale de la santé… La liste n’est pas exhaustive et explique sa distinction de chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur pour sa contribution à la défense des professions de santé. Elle est aussi membre fondateur du Rotary Club de sa commune et chevalier du taste-vin de a Confrérie du Clos de Vougot. « Ces engagements demandent une grande disponibilité, alors je prends sur le temps des loissirs et de la famillee. Parfois on sature. Mon marri est comme moi, ill fait partie d’autres associations de service où je l’accompagne. Ennfin au niveau local, même si les engagements ne passent pas par l’associatif, je participe activement à tous les événements. Il faut être là pour ses patients-clients qui sont devenus des amis. » De fait, il est difficile de tracer une frontière entre ses vies, professionnelle, personnelle et associative.
Se réapproprier le livre.
En termes d’engagement, Denis Comon n’est pas en reste. Fondateur avec huit autres passionnés de l’association « On a marché sur la bulle », à Amiens, en 1995, en même temps que le magasin « Bulles en Stock », il a mis sur pied un festival de BD qui perdure aujourd’hui. « L’association s’est rapidement investie dans des formations pour les scolaires en zone d’éducation prioritaire (ZEP), en milieu carcéral pour mineurs et dans des établissements psychiatriques », note Denis Comon. L’association a dû embaucher et compte aujourd’hui sept salariés. « Nous avons créé un atelier de lecture en milieu scolaire et en milieu carcéral, où interviennent auteurs et scénaristes. Les élèves doivent lire au moins les dix premières pages de chaque ouvrage proposé et votent pour leur préféré. C’est un bon moyen de se réapproprier le livre. » L’association a également une activité d’édition et propose des expositions clés en main qui s’exportent de plus en plus à l’international.
Aujourd’hui, Denis Comon a pris du recul par manque de temps. L’an passé, il a passé un DU à l’université de Paris V et a eu l’opportunité d’intégrer la polyclinique d’Amiens. « J’ai quitté l’officine pour ce poste qui demande beaucoup d’investissement, tout doit être remis en place. C’est un nouveau métier passionnant mais avec des semaines de 50 à 60 heures, j’ai dû m’ééloigner de la vie associative. »» Ce soont ses enfants quii ont pris la relève. « Au début de l’association, l’ambiance était très familiale, conjoints et enfants suivaient le mouvement. Le week-end nous allions à l’association comme d’autres vont à la pêche. » Denis Comon fait néanmoins toujours partie du comité artistique, en tant que membre fondateur, et continue à s’investir dans l’association d’un ami, « À l’unisson France-Laos », dont le projet est de construire une structure d’accueil pour personnes âgées au Laos.
Profils atypiques.
Certains pharmaciens font le choix de s’impliquer dans des structures qui leur sont dédiées. Pharm’Addict regroupe ainsi des officinaux investis dans la prise en charge des addictions. « Dès sa création, nous avons réuni 70 % de l’effectif actuel (environ 80 membres). Il y avait donc une attente et l’idée a séduit des pharmaciens qui avaient besoin de communiquer sur leurs pratiques », indique Stéphane Robinet, président de Pharm’Addict et titulaire à Strasbourg. Pour se faire connaître, Pharm’Addict organise des soirées de formation et d’informations en région. De plus, il arrive régulièrement que des confrères s’adressent à l’association par le biais d’un laboratoire travaillant sur la prise en charge des addictions. « La grande majorité des pharmaciens fait bien son travail et sait comment délivrer un médicament de substitution aux opiacés (MSO). Néanmoins, le profil de nos membres est atypique. Ils sont plus intéressés que les autres par le volet pharmaceutique de santé publique et sont souvent impliqués dans plusieurs réseaux de soins. » Pharm’Addict a surtout eu pour objet de fédérer des officinaux déjà investis et d’être un interlocuteur unique pour les pouvoirs publics. Mais, comme pour toute association, le temps investi est important. « Il n’est pas simple d’articuler vie professionnelle, associative et personnelle. Tout bénévole doit y trouver son compte. Pour ma part, l’association me permet de sortir de l’officine, de faire des rencontres d’avoir une rflexion que je n’aurais pas sans les échanges entre membres. J’ai la chance d’avoir une famille qui comprend que j’ai besoin de ça pour exister. Cetains vont au golf, d’autres sot investis au Rotary, Pharm’Addict est mon Rotary. »
Pharmacie Humanitaire Internationale (PHI), qui compte 2 000 adhérents, n’est pas spécifiquement réservée aux pharmaciens. Néanmoins, ils sont très nombreux, en particulier depuis la fin de l’utilisation des MNU (médicaments non utilisés) qui a poussé PHI à se recentrer sur les compétences. « Le recrutement dépend de chaque association qui peut choisir de démarcher tous les pharmaciens ou de faire des mailings », précise Jean-Marc Merle, président de PHI. Membre de sa corporation quand il était étudiant, il faisait déjà partie du ciné-club au collège. Mais même un habitué de la vie associative ne peut pas toujours concilier ses différentes activités, d’autant qu’il est aussi membre du Rotary Club de sa commune et conseiller suppléant pour l’Ordre des pharmaciens. « L’an dernier, j’ai dû partir entre Noël et le jour de l’an, ma famille n’était pas contente. Mais je prends aussi sur mes activités sportives, je pratique moins le golf, bien que j’aie toujours des clubs dans mon coffre à chaque déplacement. »
Agir pour les autres.
Chez PSF-CI (Pharmaciens sans frontières - Comité international), on distingue deux types d’adhérents. Ceux de base cotisent, votent et ont pour mission de sensibiliser leurs confrères aux actions de PSF-CI ; ceux qui ont une action sur le terrain et un statut de volontaires. « Ils viennent de tous les horizons. Sur place, on doit souvent installer toute la chaîne pharmaceutique d’approvisionnement et former le personnel local, c’est pourquoi différents profils nous intéressent. Mais il est évident que les pharmaciens sont indispensables », explique Ghislaine Soulier, à la communication.
Ces volontaires expatriés ne touchent aucun salaire mais reçoivent une indemnité d’éloignement qui est fonction du temps passé loin de leur pays d’origine, et une indemnité de subsistance liée au coût de la vie. PSF-CI se charge de leur transport et de leur logement. « Après deux années de terrain, ils peuvent demander à devenir salariés expatriés. Cette expérience peut aussi leur servir de tremplin pour travailler dans d’autres structures comme l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ou l’ONU (Organisation des Nations Unies). Pour les profils recherchés, nous avons une page consacrée à la recherche de volontaires sur notre site Internet. Elle est très consultée », ajoute Ghislaine Soulier.
Un fonctionnement inconnu de l’ANEPF (Association nationale des étudiants en pharmacie de France), qui bénéficie des bonnes volontés étudiantes des corporations locales. « Tout repose sur le volontariat, on ne pousse personne à s’investir contre son gré. On n’a jamais étudié le profil de ceux qui choisissent de s’engager mais je pense que la plupart ont déjà un pied dans la vie associative. Certains restent un an, d’autres davantage. Pour ma part, cela fait cinq ans que je suis dans la corpo de Caen, même si j’en suis aujourd’hui un simple cotisant », raconte son président, Mickaël Groult. En octobre 2006, l’ANEPF le remarque pour son implication locale et lui propose de prendre une fonction au sein de son bureau. Enthousiaste, il endosse la vice-présidence à la communication durant un an, se retire l’année suivante et propose à nouveau ses services en octobre 2008. Le poste de président est vacant, banco ! Mickaël Groult jongle entre sa vie étudiante, l’ANEPF, une association de jumelage, sa fonction de secouriste à la Croix Rouge mais il a dû abandonner les clubs de sport. Ses motivations ? Sa participation lui semble évidente. « J’ai la volonté d’aller au contact des gens, d’agir pour les autres, d’aider. Ces rencontres sont un enrichissement personnelpermanent qui me donne l’envie de continuer ». Il espère d’ailleurs pouvoir reprendre assidûment le secourisme dans les années à venir, il n’exclut aucune démarche humanitaire, ni aucun engagement associatif ou de représentation.
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