L’HONORAIRE de délivrance en Allemagne passera, le 1er janvier 2013, de 8,10 à 8,35 euros par boîte vendue. Les pharmaciens jugent toutefois cette augmentation de 25 centimes tout à fait insuffisante et entendent rester mobilisés. Ces 25 centimes sont la première augmentation depuis la mise en place du forfait, en 2004, rappellent nos confrères allemands, et équivalent donc à un peu moins de 3 centimes par an… En d’autres termes, l’honoraire progresse de 3 % en 9 ans, alors que l’inflation, elle, a dépassé les 14 % entre début 2004 et fin 2012. Les pharmaciens réclamaient donc un rattrapage du forfait de 1,04 euro, puisque 9,14 euros correspondent, en pouvoir d’achat, aux 8,10 euros de 2004. Mais le gouvernement est resté sourd à cette requête, de même que les caisses, en dépit de leur bénéfice record, qui portera leur excédent financier à 22 milliards d’euros à la fin de l’année, contre 20 milliards fin 2011.
Les pharmaciens ont multiplié leurs actions de protestation depuis cet été, avec plusieurs grèves régionales : dans de nombreuses villes, les pharmacies ont fonctionné, mercredi 12 septembre, avec un tour de garde comme le week-end ou la nuit. Ces grèves, surprenantes pour la population, ont certes montré aux pouvoirs publics la détermination de la profession, mais ont surtout permis aux pharmaciens de faire connaître leurs revendications auprès du grand public. Ils rappellent que l’augmentation de l’honoraire vise avant tout à couvrir leurs frais de fonctionnement toujours plus lourds, et soulignent la mauvaise santé d’un nombre croissant d’officines, alors même que plus de deux cent d’entre elles ont fermé l’an dernier, le mouvement s’étant accéléré cette année.
Une profession « détroussée ».
Outre les grèves, certains pharmaciens ont fait preuve d’originalité pour se faire entendre : emboîtant le pas à une de leurs consœurs qui n’avait pas hésité à poser nue pour sensibiliser les médias (voir « le Quotidien » du 6 septembre), plusieurs autres officinaux ont dévoilé leur anatomie sur des affiches ou sur Internet, afin de bien montrer combien le gouvernement « détroussait » les pharmaciens. Encore plus radicale, une pharmacienne s’est enroulée, nue, dans le tapis de sol de son officine, au motif que le gouvernement « piétine » la profession…
Mais les 25 centimes sont loin de marquer la fin de la protestation des pharmaciens, d’autant qu’ils risquent d’être immédiatement absorbés par d’autres contraintes financières, dont le fameux rabais des caisses, une ristourne déduite du prix de vente de la boîte, que les pharmaciens doivent consentir aux patients affiliés au sein de l’assurance-maladie obligatoire, soit plus de 80 % d’entre eux. Depuis trois ans, ce rabais se monte à 2,05 euros par boîte, soit nettement plus que les années précédentes. Les caisses avaient envisagé de le rabaisser à 1,75 euro l’an prochain, mais font maintenant machine arrière, voire menacent de l’augmenter encore, au grand dam de la profession.
Par ailleurs, outre les 25 centimes, le ministère de l’économie a entériné la réforme de la rémunération des gardes des pharmaciens. Alors qu’elle était constituée jusqu’à présent par un honoraire supplémentaire de garde de 2,50 euros par boîte, elle sera remplacée le 1er janvier 2013 par un forfait unique de 200 euros par nuit ou par jour férié. Cette somme est jugée trop faible par la majorité des pharmaciens, tandis que le gouvernement estime, lui, que « la revalorisation des gardes permettra de continuer à assurer partout un service continu de qualité ». Les syndicats régionaux de pharmaciens n’ont pas réussi à s’entendre sur une réaction commune à cette mesure, « insuffisante, mais allant dans le bon sens » pour plusieurs d’entre eux, mais acceptable pour d’autres, à condition qu’elle s’accompagne d’une diminution importante du « rabais des caisses ». Ils doivent donc se concerter dans les jours qui viennent, tandis que d’autres actions locales de protestation portant, elles, sur l’honoraire seront organisées la semaine prochaine. Le congrès annuel des pharmaciens, qui se tiendra début octobre à Munich, devrait permettre d’y voir plus clair sur la stratégie de la profession dans les mois à venir.
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