« J’AI ENFIN des bonnes nouvelles à vous annoncer » : ouvrant, mardi dernier à Berlin, le traditionnel Congrès économique des pharmaciens allemands, le président du syndicat des pharmaciens, Fritz Becker, s’est félicité du net rebond de l’économie des officines enregistré en 2013 et du retour à la croissance après plusieurs années de baisse. Depuis l’an dernier, en effet, les officines bénéficient à la fois de meilleures conditions financières et d’une situation économique et sociale plus favorable. Le chiffre d’affaires et le volume des ventes, y compris pour les OTC qui baissaient ou stagnaient depuis plusieurs années, sont repartis à la hausse. Le résultat net des officines illustre cette progression : il a augmenté de 18 % en 2013 par rapport à 2012, pour se monter à 124 393 euros, après plusieurs années de baisse régulière. Il est vrai que les quatre dernières années ont été particulièrement mauvaises et marquées par des plans de rigueur exceptionnels sur le médicament. De plus, l’honoraire qui sert à rémunérer les pharmaciens a été augmenté de 30 centimes début 2013, passant de 8,05 euros à 8,35 euros par boîte, tandis que le « rabais des caisses », c’est-à-dire la ristourne que doivent consentir les pharmacies aux caisses lorsqu’ils délivrent des médicaments aux assurés sociaux, a été abaissée de 2,05 euros à 1,77 euro par boîte. Enfin, les pharmaciens ont pu négocier, l’an dernier, des forfaits de nuit et de week-end fortement revalorisés, s’élevant à 252 euros par garde, l’objectif étant justement d’aider les pharmacies rurales ou isolées à maintenir leur activité, alors qu’elles sont souvent les plus touchées par la crise.
Toutefois, a poursuivi M. Becker, tout n’est pas encore rose pour les pharmacies allemandes : même si l’activité repart, les revenus des officines progressent bien plus lentement que dans la plupart des autres secteurs d’activité, y compris dans la santé. Les préparations restent « sous-payées », de même qu’un certain nombre de tâches administratives et réglementaires pourtant obligatoires. Par ailleurs, les pharmaciens s’élèvent contre les sanctions qu’ils encourent lorsqu’ils ne respectent pas à la lettre les dispositifs d’appels d’offres mis en place par les caisses pour les obliger à délivrer systématiquement les génériques les moins chers. Plusieurs procès opposent d’ailleurs les pharmaciens et les caisses à ce sujet, d’autant plus sensible que les ruptures de stock obligent souvent les pharmaciens à recourir à d’autres produits que ceux retenus par les caisses. Même s’ils sont dans ce cas dispensés de sanction, ils doivent se justifier et n’obtiennent pas forcément toujours raison.
Baisse du nombre d’officines.
Les pharmaciens rappellent qu’ils ont très largement contribué à la restauration des finances de l’assurance-maladie depuis 2009. Si celle-ci a cessé l’an dernier d’engranger des « bénéfices », elle dispose toujours de réserves confortables, avoisinant les 30 milliards d’euros, alors même que les caisses, l’été dernier, tablaient sur un retour au déficit pour 2014. La bonne santé des caisses leur permet de desserrer un peu le carcan de la rigueur, mais les officinaux estiment que les « retaxations » c’est-à-dire le refus de remboursement d’un médicament au pharmacien par les caisses, doivent maintenant être supprimées ou au moins adoucies.
Mais, surtout, la démographie professionnelle reste inquiétante et révélatrice d’une crise de fond, avec, cette année encore, une nouvelle baisse du nombre des officines. Fin 2013, le pays comptait 20 662 officines, soit 260 de moins que fin 2012 : l’Allemagne a ainsi perdu près de 900 officines depuis 2009, où leur nombre culminait à 21 548, et retrouve maintenant les chiffres du tout début du millénaire. Si le nombre des fermetures a diminué par rapport à 2012 (433 contre 501, record absolu), celui des créations continue, lui, à baisser régulièrement, avec 174 nouvelles pharmacies l’an dernier, plus de deux fois moins que dans les années 2000-2008. De plus, de nombreux pharmaciens ne trouvent pas de successeur et sont souvent obligés de fermer pour cette raison. Ces chiffres montrent, pour la Fédération des associations allemandes de pharmaciens (ABDA) que le manque de confiance en l’avenir, lié à la politique de rigueur, se traduit sur le terrain par une diminution préoccupante de l’offre et des services de santé pour les patients.
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