« La résistance aux antibiotiques augmente et nous épuisons rapidement nos options thérapeutiques. Si on laisse faire le marché, les nouveaux antibiotiques dont nous avons le besoin le plus urgent ne seront pas mis au point à temps », a alerté le Dr Marie-Paule Kieny, sous-directeur général à l’OMS pour le groupe « Systèmes de santé et innovation ».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en février une liste des bactéries résistantes prioritaires, pour lesquelles la mise à disposition de nouveaux antibiotiques devient urgente. Au premier rang de cette liste, le groupe le plus critique regroupe les bactéries multirésistantes telles Acinetobacter, Pseudomonas et autres entérobactéries (Klebsiella, Escherichia coli, Serratia et Proteus). À l’origine d’infections sévères, souvent mortelles, ces bactéries sont devenues résistantes à un grand nombre d’antibiotiques, y compris les carbapénèmes et les céphalosporines de 3e génération. Le deuxième et le troisième groupe de la liste comportent d’autres bactéries de plus en plus résistantes et qui provoquent des maladies plus courantes telles que la gonorrhée ou les intoxications alimentaires par les salmonelles. Si la recherche pharmaceutique doit s’accélérer dans ce domaine, elle ne suffira pas à elle seule à écarter la menace. « Pour combattre la résistance, il faut améliorer la prévention des infections et l’usage approprié des antibiotiques chez l’homme comme chez l’animal, de même que l’usage rationnel des nouveaux antibiotiques qui seront mis au point à l’avenir », insiste l’OMS.
25 000 décès en Europe
Sur le vieux continent, l’antibiorésistance reste une menace constante à l’origine de 25 000 décès et d’une perte de 1,5 milliard d’euros chaque année. « La résistance aux antimicrobiens est une menace alarmante qui met en danger la santé humaine et animale. Nous avons déployé des efforts considérables pour stopper sa croissance, mais cela ne suffit pas. Il faut être plus rapide, plus fort et agir sur plusieurs fronts à la fois », a déclaré Vytenis Andriukaitis, commissaire européen à la santé et la sécurité alimentaire. Pour intensifier la lutte, la Commission européenne a adopté en juin dernier un nouveau plan d’action contre la résistance aux antimicrobiens qui vise à appréhender la problématique de la résistance tant chez l’homme que chez l’animal.
Bilan français contrasté
Avec 719,2 tonnes d’antibiotiques en santé humaine, la France est le quatrième plus gros pays consommateur à l’échelle européenne. Les messages de santé publique ne passent plus. Une enquête IFOP a montré que si les Français s’avèrent bien informés sur le bon usage des antibiotiques, à peine un quart d’entre eux sont finalement prêts à changer leur comportement. Pour tenter d’inverser la tendance, le ministère de la Santé a lancé une réflexion en vue de la prochaine campagne de communication sur l’antibiorésistance programmée pour fin 2018.
Concernant la santé animale, le gouvernement peut en revanche se réjouir du succès du premier plan « EcoAntibio » qui s’achève cette année. Depuis 2011, le volume total des ventes d’antibiotiques à visée vétérinaire a baissé de près de 42 % avec 530 tonnes recensées en 2016. La France est désormais à la 12e place des pays de l’Union européenne dans ce domaine.
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