LE CANDIDAT SOCIALISTE a annoncé les éléments d’une profonde réforme fiscale dont on connaissait déjà un certain nombre : une tranche d’impôts à 45 % pour les plus riches ; un durcissement de la fiscalité sur les successions (sauf pour le conjoint survivant, qui reste exonéré) et sur la fortune ; une imposition accrue sur les profits des grandes entreprises ; une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu, qui implique une hausse des prélèvements sur les revenus du capital (déjà taxés à près de 37 %, si l’on inclut les prélèvements sociaux). Il ne supprime, en revanche, aucun des impôts nouveaux créés par le gouvernement actuel, ce qui alourdit la note fiscale payée par les ménages. En cinq ans, il prendra 11,8 milliards (de plus) aux familles riches ou aisées et 17 milliards (de plus) aux entreprises. Il discutera du Smic et du pouvoir d’achat avec les syndicats.
Il créera 500 000 contrats de génération (l’entreprise, aidée par l’État, embauche un jeune sans licencier un senior, pour que l’apprentissage du jeune soit assuré). Prudemment, il diminue de moitié le projet contrat de génération (emplois-jeunes), ramené de 300 000 à 150 000. M. Hollande embauchera en outre dans l’éducation, la police et la justice. Il rejette le dogme du non remplacement d’un enseignant sur deux qui partent à la retraite. Il récuse la révision des politiques publiques. Il réformera la réforme des retraites. Toutes décisions qui augmenteront les dépenses de l’État, même s’il ne prévoit que 20 milliards de dépenses supplémentaires contre 29 milliards de nouvelles recettes.
Son maillage fiscal traduit le souci d’améliorer le sort des classes pauvres et moyennes. Il peut contribuer à une hausse modeste du pouvoir d’achat. Mais il est intemporel, car, malgré ce que l’on déclare au PS, il ne tient pas assez compte des contraintes conjoncturelles : déficits publics et dette. M. Hollande est infiniment plus ambitieux pour le niveau de vie des ménages que pour le retour aux équilibres. Il prévoit que la dépense publique passera de 56,5 % du PNB à 53,9 % en 2017, ce qui sera encore trop par rapport aux autres États européens, et eoncre fait-il qu’il y parvienne ; et un endettement qui, de 88,7 % aujourd’hui, serait ramené à 80,2 % (du PIB) en 2017 : cela est insuffisant si la France veut vraiment diminuer le service de la dette, qui plombe son équilibre budgétaire. En outre, il admet que le pourcentage des prélèvements obligatoires va augmenter de 45,1 % du PIB aujourd’hui à 46,9 % en 2017, ce qui signifie que nous réduirions encore nos investissements dans les industries innovantes.
Une question de pourcentages.
Aussi bien le projet de M. Hollande présente-t-il les inconvénients liés à toute solution qui ne relève pas du miracle. Au moins savons-nous, contrairement à ce qu’affirment les ténors de la droite en campagne, que le candidat socialiste a fait un choix : celui de ne pas sacrifier les plus pauvres d’entre nous au désendettement. Là où la droite insiste sur les efforts à fournir, il prétend protéger les Français contre les rudes effets du remboursement de la dette publique. M. Hollande qui, lucidement, table sur une croissance de seulement 0,5 % en 2012, mais de 2 à 2,5 % par an pendant les trois dernières années du quinquennat, ne nous dit pas si, en réclamant 17 milliards de plus aux entreprises, il ne va pas les décourager ; ou les délocaliser. On n’accusera M. Hollande ni d’électoralisme ni de démagogie. La crise a entraîné, dans les couches les plus nombreuses de la population, des souffrances auxquelles il veut apporter des remèdes urgents. Mais il sait tout autant que ses détracteurs qu’il est aisé d’augmenter les dépenses et malaisé d’accroître les recettes.
Il est juste que, en tant que socialiste, il prenne acte de la débâcle du libéralisme économique. Et on peut comprendre que, face aux dérives de la banque, de la finance et du crédit, il souhaite retourner aux recettes d’une doctrine fiscalement plus sévère et humainement plus équitable. Mais, avant la fin du libéralisme, nous avons assisté au déclin de la social-démocratie (sans parler de l’effondrement du marxisme-léninisme). Il n’y a pas de dogme en économie, il n’y a que des contraintes et des solutions toujours imparfaites. M. Hollande nous propose un savant dosage d’impôts et de dépenses qui est marqué au sceau de la justice sociale mais pas forcément à celui de l’efficacité. Les autres candidats nous proposeront des dosages un peu différents. C’est à des points de pourcentage que se réduit désormais le débat idéologique en France.
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