« La situation que nous vivons, exceptionnelle à tous égards, amène au constat que les attitudes et réactions du public varient sous l’influence d’un facteur de plus en plus prégnant : l’acceptabilité des mesures », écrit dans l'éditorial Daniel Camus, membre de la commission maladies infectieuses et émergentes du HCSP. L'été 2021, sera-t-il celui de « l'évasion, quoi qu'il en coûte » ? Toujours est-il qu'il « n’y a plus le monde des sachants et les autres (....). L’acceptabilité de nos recommandations doit correspondre à un processus dont la résultante est, plus que le consentement en raison de sa dimension de servilité, une démarche élaborée conjointement entre le médecin et son consultant », lit-on.
Concrètement, le HCSP propose cette année un document encore plus précis, par exemple sur les zones géographiques où sévissent certaines maladies infectieuses, notamment quand seule une partie d’un pays est touchée. Un chapitre consacré aux précautions spécifiques aux enfants est inséré, à l'image de celui sur les femmes enceintes.
Alerte encore, sur le paludisme et l'Artemisia
Le HCSP consacre un chapitre conséquent sur le paludisme, où il rappelle les craintes de l'Organisation mondiale de la santé concernant son intensification dans les pays endémiques en 2021, en raison de la crise sanitaire qui a ébranlé les programmes de lutte.
En France, l'année 2020 est marquée par une baisse drastique des cas (un millier déclaré au centre national de référence, - 64 % par rapport à 2019), mais la reprise des voyages pourrait conduire à une flambée. Alors que paludisme et Covid-19 présentent des tableaux cliniques similaires, le HCSP insiste sur l'importance de renforcer la prévention.
Il réitère comme l'an passé sa mise en garde contre « l’utilisation irraisonnée » de l’Artemisia sous forme de tisane ou de gélules dans la prévention du paludisme − contre laquelle s'était déjà élevée l'Académie de médecine.
Quant au Covid-19, le HCSP renvoie aux informations du pays de destination sur le site Conseils aux voyageurs du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. En prévision du futur passe sanitaire, il recommande de se munir d’une attestation de vaccination (imprimée ou dématérialisée) ou de faire inscrire la vaccination Covid-19 (ou sa contre-indication) sur le Certificat international de vaccination dans la rubrique « autres vaccinations ».
Pour rappel, le taux de voyageurs malades varie de 15 % à 70 % selon les études, la diarrhée restant le plus fréquent des problèmes, avec les infections des voies aériennes supérieures, les dermatoses et la fièvre. Le risque de décès par mois de voyage a été estimé à 1 pour 100 000 (1 pour 10 000 pour les humanitaires). Les causes de mortalité en voyage sont, dans la moitié des cas environ, cardiovasculaires, devant les accidents de la voie publique, les noyades, les homicides et les suicides. Les infections ne rendent compte que de 1 à 3 % des décès, grâce aux mesures de précaution.