La France a des taux d’allaitement faibles à la naissance, avec des durées très courtes. Si près de 70 % des mères allaitent à la maternité, à 3 mois ce taux passe à 39 % et à 6 mois à 25 % (étude Epifane). À 1 an, seulement 9 % des enfants reçoivent du lait maternel. La moyenne de l’allaitement maternel exclusif est estimée à 3,5 semaines.
Or le type d’alimentation des nourrissons a un impact significatif sur leur santé et leur développement. Le concept des 1 000 premiers jours est désormais inclus dans le Plan national de santé. Les bénéfices du lait maternel sont nombreux à court terme (diminution des diarrhées, des infections respiratoires…) et à long terme (diminution du surpoids, du diabète de type 2, meilleur développement cognitif…). Les bienfaits de l’allaitement sont encore plus importants en cas de prématurité : diminution de l’entérocolite ulcéro-nécrosante, de la dysplasie bronchopulmonaire, de la rétinopathie…
En France, chaque année 7 % d’enfants naissent prématurés, avant 37 SA. 20 % d’entre eux seront hospitalisés en réanimation. Mais le lait de la propre mère n’est pas toujours disponible : absence de souhait d’allaiter, impossibilité d’allaiter (pathologies maternelles, médicaments contre-indiquant l’allaitement…), difficultés à couvrir les besoins de l’enfant (160 ml/kg/j) à cause d’une faible production de lait maternel, du stress…
L’utilisation du tire-lait n’est pas toujours satisfaisante
Il est important de bien accompagner la mère pour qu’elle réussisse à tirer assez de lait : tirer le plus tôt possible après la naissance (< 6 heures), tirer 6 à 8 fois par jour, pendant 10 à 15 minutes, bien masser les aréoles et les seins surtout les trois premiers jours et tirer les deux seins en même temps. L’objectif étant d’arriver à plus de 500 ml/j dès la 2-3e semaine.
Les enfants prématurés ont d’importants besoins et lorsqu’ils ne peuvent pas être allaités par leur propre mère, on a recours au lait de don. « Les lactariums sont essentiels (il y en a 34 en France) pour couvrir les besoins en lait maternel des enfants prématurés hospitalisés, en complément du lait de la propre mère », souligne le Pr Jean-Charles Picaud (hôpital de la Croix Rousse, Lyon).
Écoute SOS allaitement Île-de-France à partir du 1er avril
Les raisons qui font que les mères n’allaitent pas ou peu sont complexes et diverses : sociales, éducationnelles, psychologiques… À l’arrivée en maternité, 84,9 % veulent allaiter et, à J3, 24,4 % n’ont pas réalisé leur choix initial. 50 % des femmes reconnaissent avoir rencontré des difficultés d’allaitement dès la maternité. Les primipares sont les plus en difficulté, 53,54 % pensent avoir eu une mauvaise prise en charge de leur allaitement maternel en maternité (enquête SOS allaitement 75). Les discordances de discours des professionnels de santé sont parfois en cause dans l’arrêt de l’allaitement. Avant la sortie de la maternité, il est essentiel d’enseigner les signes de transfert de lait, de revoir les positions, d’organiser une surveillance du poids (1 fois par semaine au début) et de trouver des personnes relais.
Depuis sa création, il y a 5 ans, les appels sont nombreux au centre d’écoute « SOS allaitement 75 : 0 800 400 412 ». En 2020, il y a eu 2 300 appels. « 30 % des appels viennent d’Île-de-France. C’est ainsi qu’une écoute SOS allaitement IDF va ouvrir à partir du 1er avril », indique le Dr Virginie Rigourd (hôpital Necker).
Le relais en ville par les pharmaciens
La promotion et le soutien à l’allaitement maternel doivent être renforcés. Les efforts doivent porter sur la période post-natale, dès la maternité et surtout le 1er mois, avec l’aide de professionnels constitués en réseau, des associations…
Les pharmaciens d’officine sont bien placés pour assurer la continuité et gérer les urgences (engorgement ne cédant pas, mastite abcès, crevasse traînante…). « À l’officine, on passe beaucoup de temps à rassurer les mères », témoigne le Dr Frédéric Roussel, pharmacien à Courbevoie, membre de la CoFAM (Coordination française pour l’allaitement maternel). « Le Covid 19 autorise l’allaitement maternel, la vaccination aussi… » Pour que le projet d’allaitement se réalise dans les meilleures conditions, il faut un soutien de professionnels de santé formés et disponibles.
D’après une e-conférence « Rendez-vous avec l’allaitement » organisée par le SNITEM