Comme l’a rappelé en introduction le Pr Pascal Demoly (CHU de Montpellier), « les hypersensibilités médicamenteuses comprennent tous les effets indésirables médicamenteux ressemblant cliniquement à l’allergie ».
Les manifestations concernent très majoritairement la peau, les deux tableaux les plus fréquents étant l’urticaire aiguë et l’exanthème maculopapuleux. Peuvent s’y associer (surtout en cas d’allergie) un bronchospasme, des douleurs abdominales et/ou une chute de la pression artérielle (choc anaphylactique).
L’urticaire aiguë superficielle ressemble à des piqûres d’orties, est fortement prurigineuse et chaque lésion disparaît généralement en moins de 24 heures. L’urticaire dite profonde, ou angio-œdème, correspond quant à elle à une atteinte du derme ou de l’hypoderme, peu ou non prurigineuse, affectant préférentiellement les muqueuses et les extrémités.
Allergiques ou non allergiques
Les mécanismes allergiques impliquent l’intervention d’anticorps et/ou de lymphocytes T activés dirigés contre tout ou partie du médicament, de ses métabolites ou de ses excipients.
Les HM de chronologie immédiate (entre 1 et 6 heures après la dernière administration), souvent le premier jour, sont liés dans les cas allergiques, à la production d’IgE par des lymphocytes B spécifiques de l’antigène chez des patients préalablement sensibilisés contre le médicament, impliquant une réponse immunitaire adaptative. Ces HM peuvent aussi faire suite à une activation directe des cellules effectrices de l’allergie (mastocytes, basophiles, monocytes) par le médicament et au relargage de médiateurs, comme l’histamine, la tryptase, les métabolites de l’acide arachidonique et des cytokines. Dans les cas non allergiques, une phase de sensibilisation préalable n’est pas nécessaire et la réaction survient souvent dès la première administration. Les réactions non allergiques sont dose-dépendantes alors que les réactions allergiques ne le sont pas (la phase primaire de sensibilisation demande une quinzaine de jours).
Les HM de chronologie non immédiate, c'est-à-dire plus de 3 à 6 heures (et souvent 1 à 3 semaines après la dernière administration), sont en général de mécanisme allergique et principalement induites par l’action de lymphocytes T.
Signalons à ce sujet que des hypersensibilités allergiques médiées par des IgG (documentées, notamment en allergo-anesthésie, en ce qui concerne les curares) ont été récemment décrites, à côté des très classiques réactions immuno-médiées par les IgE.
Jouent également un rôle, la voie d’administration, l’origine ethnique ainsi que les haplotypes HLA - ce qui peut expliquer l’existence de grandes variations d’un sujet à l’autre et l’intérêt de leur recherche en prévention. Cela concerne, par exemple l’abacavir (HLA-B*57 :01), la carbamazépine (HLA-A*31 :01) et l’allopurinol (HLA-B*58 :01).
Le « hit-parade » des HM
Ainsi que l’a indiquée le Dr Bénédicte Lebrun-Vignes (Centre de pharmacovigilance Pitié-Saint Antoine, Paris) « les hypersensibilités médicamenteuses représentent 15 à 20 % des effets indésirables ».
Les grandes études mettent en évidence une fréquence supérieure chez les femmes.
Les produits le plus souvent incriminés diffèrent selon que les études sont réalisées en milieu hospitalier (souvent le cas) ou en ambulatoire.
Les médicaments qui viennent régulièrement en tête sont les bêtalactamines (amoxicilline, ampicilline, céphalosporines…). Puis viennent l’allopurinol, des antiépileptiques (notamment la lamotrigine, l’oxcarbazépine, le lévétiracétam), les sulfamides antibactériens, les AINS (notamment les oxicams et l’aspirine), les anticancéreux en général (par voie parentérale surtout, plus rarement orale), les morphiniques, les produits de contraste iodés, les anesthésiques locaux, les curares et les anticorps monoclonaux.
D'après la séance du 5 avril 2023 de l'Académie de pharmacie.
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