A EN CROIRE les industriels, les prix des médicaments sont plutôt moins élevés en France que chez nos voisins. Les patients, eux, les jugent excessifs, tout en avouant une méconnaissance des tarifs, révèle une récente enquête des étudiants du master marketing de la santé de l’Université Pierre et Marie Curie.
Ce sentiment de « médicaments trop chers » a différentes causes : augmentation du reste à charge, déremboursements, variabilité des prix d’une officine à l’autre, méconnaissance du système de santé et affichage des prix parfois déficient. Mais surtout, les malades avouent ne pas comparer les prix, ni entre plusieurs produits dans une même officine, ni entre plusieurs pharmacies, parce que « la santé n’a pas de prix, il faut bien que l’on se soigne ». Et finalement, le prix a un impact limité sur la décision d’achat pour 60 % des répondants, alors que 80 % d’entre eux se plaignent de la cherté des produits de santé. Principales raisons de l’achat : la prescription du médecin (57 %) et le conseil du pharmacien (60 %). Les consommateurs affirment être prêts à payer plus cher pour plus d’efficacité, mais le niveau du prix peut avoir aussi un effet dissuasif. Ainsi, 31 % disent renoncer à l’achat de produits de santé pour cette raison (1 % très souvent, 4 % souvent, 26 % de temps en temps).
Impression de gratuité.
« La méconnaissance des prix par les patients n’a rien d’étonnant, elle est liée à la croyance fausse que tous les prix de santé sont administrés. Mais il existe aussi des consommateurs avertis, dont le nombre va se multiplier avec l’augmentation du reste à charge. Le prix en santé va devenir une donnée sensible », explique Alain Boulanger, chef du bureau santé de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Le président du groupe PHR, Lucien Bennatan, estime pour sa part que la carte Vitale n’a pas aidé à la prise de conscience des prix par le patient français. « Avant, il collait les vignettes et envoyait sa feuille de soins à l’assurance-maladie, il pouvait éventuellement savoir le prix de ses médicaments. Aujourd’hui, il signe son dossier sans même le voir. La carte Vitale et le tiers-payant ont créé une impression de gratuité. » Quant aux prix, jugés chers, voire très chers, par les personnes interrogées, Lucien Bennatan rappelle qu’ils sont moins élevés en France que dans les pays limitrophes. « Ce n’est pas un hasard s’il y a tant d’Italiens, de Belges, d’Anglais, qui viennent faire le plein de produits de santé en France ! » fait-il remarquer.
La déléguée générale de l’AFIPA*, Daphné Lecomte-Somaggio, rappelle, elle, que « depuis quatre ans, le prix des médicaments d’automédication a baissé de 3,6 % quand les prix à la consommation, en une année, ont au contraire progressé de plus de 2 % ».
Quoi qu’il en soit, le critère de la prise en charge d’une spécialité reste important, même si 82 % des Français déclarent se procurer des médicaments sans ordonnance. En effet, en cas de déremboursement de leur traitement habituel, 59 % des répondants demandent la prescription d’une autre spécialité, tandis que 2 % envisagent carrément d’arrêter leur médicament.
Concernant la parapharmacie, les Français restent persuadés que les produits sont vendus moins chers en grande surface. Mais ils sont plus nombreux à préférer l’achat en pharmacie pour bénéficier du conseil pharmaceutique, de la qualité des produits proposés et des marques mises à disposition.
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