Le Quotidien du pharmacien.- Quels sont les signaux actuels en faveur d'un usage détourné du sémaglutide à but amaigrissant en France ?
Pr Jean-Luc Faillie.- Il est difficile de mesurer le phénomène, mais d’après la popularité du sujet sur Internet et le témoignage des officinaux de ville, il semble avoir pris de l’importance. Le réseau des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) français a recensé une vingtaine de signalements de mésusage, avec ou sans effets indésirables, concernant des utilisations ou des prescriptions d’agonistes des récepteurs au GLP-1 chez des patients non diabétiques, en vue d'une perte pondérale. Plusieurs cas concernent des ordonnances falsifiées. À l'échelle mondiale, plus de 1 300 cas de mésusage sont enregistrés sur la base internationale de pharmacovigilance, provenant principalement des États-Unis. Il faut noter que le nombre de signalements a déjà doublé en 2022 par rapport à l’année précédente. Cependant, nous savons que le phénomène est très fortement sous-déclaré par les prescripteurs et les patients eux-mêmes.
Y a-t-il des signaux pour d'autres médicaments de la classe des incrétinomimétiques ? Pourquoi le sémaglutide est le plus médiatisé ?
Quelques cas reçus concernent le liraglutide, disponible en France sous deux spécialités en injection quotidienne : Victoza, indiqué dans le diabète de type 2 et remboursable dans cette indication, et Saxenda qui est indiqué dans le contrôle du poids chez les patients obèses, ou ceux en surpoids avec comorbidités. Potentiellement, les autres agonistes des récepteurs au GLP-1 indiqués dans le diabète tel que le dulaglutide (Trulicity) pourraient être concernés. Mais à ce jour, le sémaglutide est clairement le plus concerné par les signalements. Cela pourrait s’expliquer par son mode d’administration (injection hebdomadaire) et un effet qui semble plus important sur la perte pondérale. Dans les essais cliniques chez les patients non diabétiques obèses, le sémaglutide montrait une perte moyenne d’environ 15 % de poids corporel après un an de traitement versus placebo, ce chiffre était de 6 % pour le liraglutide.
Pourquoi la déclaration par les pharmaciens d'un mésusage de médicament, suspecté ou confirmé, est-elle importante ?
Nous recommandons la plus grande vigilance face à toute nouvelle demande de prescription d'aGLP-1 ; il faut refuser la prescription et la délivrance de ces médicaments en dehors des indications autorisées et signaler les éventuelles falsifications d’ordonnance. Nous encourageons ainsi les professionnels de santé (médecin, pharmaciens) et les patients à signaler au CRPV dont ils dépendent les cas ou suspicion de mésusage, de détournement, d’ordonnances falsifiées, a fortiori si un effet indésirable est survenu. L’ensemble des données recueillies et leur analyse sur le plan national permettront, si nécessaire, de prendre des mesures pour sécuriser l'utilisation de ce médicament.
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