L’ANNÉE 2012 aura été celle du ralentissement. Avec un marché pharmaceutique mondial en croissance de 3 %, il s’agirait même d’un sérieux coup de frein, puisque l’année précédente le marché progressait encore de 5 %. Les causes demeurent en revanche les mêmes : des marchés matures essoufflés. À l’instar de la France, qui a enregistré pour la première fois une involution de ses ventes, tant en ville qu’à l’hôpital, la plupart des pays occidentaux (États-Unis, Japon, pays d’Europe de l’Ouest…) ont enregistré une croissance négative et au mieux nulle. Certains, comme l’Espagne ou l’Italie, plongeant même ; crise économique oblige !
À l’inverse, selon IMS Health, les pays émergents ont continué sur leur lancée avec une croissance à deux chiffres des ventes pharmaceutiques. La société américaine d’études, qui est implantée dans une centaine de pays, considère même que la Chine et le Brésil, avec respectivement +15 % et +18 %, peuvent s’enorgueillir d’être les deux acteurs majeurs de la pharmacie mondiale. Un leadership qui reflète la progression notable de leur produit intérieur brut (PIB) et l’instauration d’une couverture santé universelle.
Un nouvel ordre mondial.
Conséquence : la contribution à la croissance mondiale connaît de profonds changements. La part des États-Unis devrait ainsi passer de 21 % sur la période 2007-2011 à 11 % sur la période 2012-2016 et celle des cinq principaux pays européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Espagne) plonger de 11 % à 1 %. Corrélativement, la Chine devrait voir son influence portée de 19 % à 35 %. D’ici à 2016 les pays émergents, et en particulier le club des BRIC (Brésil (+10 % à 13 %), Russie (+11 % à 14 %), Inde (+ 14 % à 17 %) et Chine (19 % à 22 %)) devraient ainsi être à l’origine des deux tiers de la croissance mondiale du marché pharmaceutique, dont un peu moins d’un tiers devrait, néanmoins, être réalisé aux États-Unis (30 % de parts de marché), 13 % dans les cinq principaux pays européens et 10 % au Japon. Quant à la Chine, elle devrait détenir 14 % de parts de marché, et donc se hisser au deuxième rang de la hiérarchie mondiale.
Ce « nouvel ordre mondial » devrait donc logiquement inciter les grands groupes internationaux à « opérer des choix stratégiques dans leurs investissements », explique le directeur général d’IMS Health France, Robert Chu. D’autant que « les pays émergents privilégient autant que faire se peut les acteurs locaux ». La Chine pourrait ainsi devenir le troisième marché en termes d’investissements des multinationales (9e en 2004 et 5e en 2009), alors que, dans le même temps, le Royaume Uni continuerait sa descente aux enfers pour pointer à la 12e place (6e en 2004 et 9e en 2009). Quant à la France, elle limiterait les dégâts en perdant encore un rang pour se classer à la cinquième place (3e en 2004 et 4e en 2009), juste derrière l’Allemagne (4e en 2004 et 3e en 2009) et devant le Brésil (10e en 2004 et en 2009).
Oncologie, diabète et asthme : les marchés de demain.
À moins que la pression exercée sur les prix, dans les pays matures, ne finisse par décourager les big pharma… L’analyse de la croissance démontre en effet que la baisse des volumes et la maîtrise des prix sont les maîtres mots dans l’ensemble des pays développés, à l’exception des États-Unis, où les prix demeurent encore largement attractifs, et du Japon, où les volumes sont encore conséquents. Les chiffres parlent d’eux-mêmes en France (-3,4 % sur les prix et -0,2 % sur les volumes), en Italie (-2,4 % sur les prix et -3,3 % sur les volumes), en Espagne (-5,6 % sur les prix et – 3,7 % sur les volumes), au Canada (-1,2 % sur les prix et -1,4 % sur les volumes) et au Royaume Uni (-0,8 % sur les prix et -2 % sur les volumes). Une pression à laquelle semble toutefois échapper l’innovation puisque, dans tous ces pays, la croissance du marché pharmaceutique est clairement tirée par les lancements.
Dans le même temps, les cartes vont être redistribuées entre les différents domaines thérapeutiques. À l’instar de l’oncologie, qui représentait 8 % du marché en 2010 et devrait peser 12 % en 2020, certaines spécialités vont enregistrer une forte croissance de leur poids. Le diabète va ainsi passer de 4 % à 7 % de parts de marché et les pathologies cardio-vasculaires de 3 % à 4 %. Sans oublier les traitements indiqués dans maladies auto-immunes et les antiasthmatiques. À l’inverse, certaines aires thérapeutiques telles que les antiulcéreux, les antipsychotiques ou encore les antiépileptiques vont perdre de leur influence. Durant cette période, le marché devrait néanmoins croître d’environ 40 % et passer de quelque 600 milliards de dollars à plus de 1 000 milliards de dollars, malgré des pertes de brevets dont l’impact est évalué à hauteur de 127 milliards de dollars jusqu’en 2016.
Des pertes de brevets qui vont contribuer à faire progresser le marché des génériques. En France, par exemple, où le marché a cru de 15 %, alors qu’il reculait globalement de 2,3 % (-0,1 % en volume), le taux de pénétration des génériques a dépassé le seuil de 80 %, voire de 85 % pour certaines molécules, depuis la signature de la convention pharmaceutique. IMS Health considère toutefois que cette tendance devrait « se tasser en 2014, du fait d’un plus petit nombre de grosses molécules génériquées ». D’où la tentation pour les pouvoirs publics de vouloir agir sur les prix des génériques. À moins que l’impact qu’une telle mesure pourrait avoir sur l’emploi ne freine les ardeurs des plus virulents. D’autant que l’involution globale du marché du médicament en France devrait se poursuivre en 2013 et atteindre -3,4 % (-0,1 % en volume), malgré des niveaux de prix équivalents à ceux des autres marchés européens pour les produits innovants, selon une étude réalisée pour le LEEM (Les entreprises du médicament).
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %