PEUT MIEUX FAIRE ! À la fin 2012, le marché français du générique représentait 675 millions de boîtes, soit 26,66 % du marché du médicament remboursable (en volume) et environ 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires (16,11 % du marché pharmaceutique remboursable en valeur). Des chiffres que la déléguée générale du GEMME (génériques même médicaments), Catherine Bourrienne-Bautista considère très éloignés de ce que devrait être réellement le marché français. « En France, le marché du générique pèse à peine plus d’un quart du marché total du médicament remboursable, alors que chez nos voisins européens ces copies représentent plus de la moitié des volumes ».
Ces chiffres traduisent néanmoins une progression de 9,5 % du marché par rapport à 2011. Une progression logique, puisqu’en 2011, le marché français du générique était, pour la première fois, en involution (- 3 %). Une progression des volumes d’autant plus appréciable qu’elle se rapproche des niveaux atteints dans les années 2006-2007 et se révèle donc nettement supérieure à celle enregistrée en 2010 (+6 %) et en 2009 (+7 %). « Une progression qui devrait se poursuivre à hauteur de 400 millions d’euros à 500 millions d’euros », estime Philippe Besset de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Dégringolade.
Une progression que la déléguée générale du GEMME qualifie de « rattrapage au regard des contre-performances enregistrées au cours des trois dernières années ». D’autant que, pour la quinzaine de laboratoires génériqueurs présents sur le marché français, les 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires sont un trompe l’œil, puisque, pour le plus grand bien des finances publiques, la progression en valeur a été compensée par des baisses de prix.
Et Catherine Bourrienne-Bautista d’expliquer : « Les taux de substitution ont littéralement dégringolé à partir des années 2008-2009, passant de 76 % à 72 % avant de reculer encore à 70 % en 2010 puis de plonger sous les 68 % en 2011 ». Conséquence : la croissance du marché du générique s’est trouvée fortement ralentie… jusqu’en mai 2012. Un mois de mai « synonyme de renouveau avec la signature de la convention pharmaceutique et de l’avenant n° 6 à l’accord relatif à la fixation d’objectifs de délivrance de spécialités génériques, qui a été publiés au Journal officiel (JO) du 6 mai 2012 - », estime d’ailleurs Catherine Bourrienne-Bautista.
Car en prévoyant la généralisation du principe tiers payant contre génériques (TPCG), mis en place en 2006, la convention a « reboosté » un marché devenu atone faute de mobilisation suffisante de leur principal – voire unique – soutien. Motivés également par la signature de l’avenant 6, ils ont ainsi mis les bouchées doubles pour atteindre en fin d’année un taux de pénétration de 83,9 % ; soit à peine plus d’un point en dessous de l’objectif de 85 %. Un résultat de bon augure, puisque « l’effort n’a porté que sur une demi-année », explique Philippe Besset. Une performance bienvenue, puisqu’en 2012 d’importantes molécules sont tombées dans le domaine public et devraient être suivies de bon nombre d’autres en 2013 et 2014.
Concentration.
Un motif de satisfaction pour les laboratoires génériques présents sur le marché français et en particulier pour les cinq principaux acteurs qui captent environ 80 % des ventes. Une concentration qui, selon Jean-Michel Peny (lire interview ci-contre), président de Smart Pharma Consulting, évolue peu. « Les différentes fusions observées entre les génériqueurs et l’arrivée de nouveaux entrants n’ont eu que peu d’impact sur ce taux de concentration ». Des entrants qui ne se bousculent pas par ailleurs, puisque le marché français du générique est peu profitable. « Il n’en demeure pas moins une cible prioritaire pour les acteurs internationaux, du fait de sa sixième place en valeur au niveau mondial », précise cependant Jean-Michel Penny.
En tout état de cause, l’accroissement ou non de cette concentration ne devrait pas particulièrement impacter le développement du marché français des génériques. « La disparition de certains petits acteurs ne devrait pas être de nature à perturber le jeu concurrentiel », estime ainsi le président de Smart Pharma Consulting. Avant d’ajouter : « De même, une plus grande concentration du marché entre les trois ou quatre leaders n’aura pas d’impact sur le développement du marché des génériques ni sur le pouvoir de négociation des pharmaciens vis-à-vis des génériqueurs ». Un pouvoir qui est actuellement fort et devrait le rester, quand bien même le marché ne serait plus composé que d’une poignée de génériqueurs. À moins que les autorités de santé ne décident de changer les règles du jeu…
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