La conclusion semble s'imposer d'elle-même : il faudrait se débarrasser une fois pour toutes de l'énergie nucléaire. L'Allemagne l'a fait, mais pas de façon convaincante jusqu'à présent. Non seulement le démantèlement des centrales prend beaucoup de temps, mais, dans le cas de l'Allemagne, il a entraîné une utilisation excessive du charbon et donc de la pollution en Allemagne et en Europe. Une décision plus sage aurait été de ne fermer que progressivement les unités de production et seulement quand elles sont remplacées par une énergie durable, solaire ou éolienne. Mais la vérité est que l'industrie allemande ne peut pas se contenter des alternatives énergétiques connues. C'est l'Allemagne qui refuse de condamner le régime russe pour son traitement de la dissidence politique parce que le projet de gazoduc entre la Russie et l'Allemagne est sur le point d'être achevé. On voit donc que la préoccupation industrielle peut conduire à des solutions hâtives et dangereuses.
En France, le gouvernement actuel a appliqué la décision de François Hollande de fermer la centrale de Fessenheim, que l'Allemagne réclamait avec insistance parce qu'elle est située à sa frontière. Mais on assiste à un retour du nucléaire un peu partout dans le monde. Et bien que la nouvelle filière EPR ait rencontré de sérieuses difficultés, notamment en Finlande, en France et en Grande-Bretagne, assorties de coûts prohibitifs, il y a encore des pays prêts à acheter des EPR, dont la France a le brevet. À ce jour, on a assisté à trois grands incidents dans des centrales nucléaires, à Three Miles Island, aux États-Unis, au début des années 80, à Tchernobyl, en 1986, et à Fukushima en 2011.
Le mythe de la voiture électrique
On est prompt à dire en France que ces trois exemples historiques ne sauraient décrire la sûreté nucléaire dans notre pays. Il n'empêche que nos dirigeants ont minimisé l'impact du nuage atomique venu d'Union soviétique, comme s'il s'était arrêté à la frontière, et bien qu'il ait déclenché des cancers de la thyroïde. Il est vrai qu'on tire la leçon de tout accident et que l'opinion publique ne s'estime pas menacée d'un danger nucléaire particulier. Il reste les déchets, qui sont indestructibles puisqu'ils sont capables de durer en l'état pendant 100 000 ans. Le projet d'ensevelissement près de Bures, où un dépôt a été construit à cinq cent mètres de profondeur, ne cesse d'exaspérer les défenseurs de l'environnement.
Il demeure que le recours à l'énergie nucléaire relève encore du raisonnable, d'autant que les techniques de production se sont modernisées, la filière EPR offrant, de ce point de vue, un avantage certain. Ce qui, paradoxalement, renforce l'idée, chez les partisans de l'énergie atomique, qu'il ne fallait pas fermer Fessenheim, surtout pour faire plaisir aux Allemands, lesquels n'ont abandonné le nucléaire que pour se jeter sur l'énergie carbonée. Rien ne nous oblige à commettre la même erreur, à condition de renforcer la législation sur les conditions de sécurité, notamment l'exposition des centrales au mauvais temps ou a des tentatives de pénétration.
Il faut aussi que nos ingénieurs s'efforcent de réduire les coûts de l'EPR et qu'ils soient enfin capables de construire des centrales dans les temps requis, sans défaillance sur la sécurité et sans dépassement des coûts. En effet, il ne faut pas se fier aux énergies dites durables : ni le solaire ni l'éolien ne peuvent assurer l'alimentation d'une grande puissance industrielle. Et la voiture électrique est un mythe : en métaux rares et en batteries, elle n'existe que grâce à de graves atteintes à l'environnement. Elle contribue à la dépollution de l'air mais après l'avoir pollué autour des mines d'où sont extraits les métaux rares.