Tout un symbole. Le décret portant sur l’élargissement des compétences vaccinales des pharmaciens a été publié au « Journal officiel » la veille du second tour de l’élection présidentielle. Cette reconnaissance décisive du rôle de l’officinal augure de ce que seront les évolutions du métier durant les cinq ans de ce quinquennat. C’est en tout cas ce que souhaitent les présidents des deux syndicats de la profession qui n’en attendent pas moins des gages financiers dans le second volet de la convention pharmaceutique pour permettre aux pharmaciens les moyens de remplir ces nouvelles missions.
Le rôle accru des professionnels de santé dans la prévention était l’une des aspirations du candidat Macron dans son programme santé. « Cela va tout à fait dans le sens des évolutions de notre métier, qui nous confèrent plus de place dans la vaccination et le dépistage que nous pourrons continuer à développer dans les risques cardiovasculaires, par exemple », analyse Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Toujours dans ce volet du programme électoral, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a retenu l’entretien prévention et il entend collaborer à son élaboration. « Car, énonce-t-il, tout dépend de la forme qu’on lui donnera, comment on construira le parcours patient pour cet entretien dont une partie pourra se faire avec le médecin, une autre partie avec le pharmacien référent ».
Restaurer les services dans les territoires
Le président de la FSPF fait référence à l’une des avancées clé annoncées par le candidat Macron au soir de son débat télévisé avec Marie Le Pen et sur lequel il se déclare prêt à échanger le plus rapidement possible avec le nouveau ministre de la Santé, pour en définir le rôle, « sachant qu’il pourra varier selon le patient, mais aussi le lieu d’implantation de la pharmacie ». Ce nouveau statut de référent santé (voir page 4) s’inspire du rôle de proximité qu’ont joué les pharmaciens tout au long de la pandémie.
Selon Philippe Besset, le futur gouvernement serait bien inspiré de prendre exemple sur ce modèle pour restaurer des liens de proximité dans les territoires. Une clé majeure pour mettre fin au sentiment de déclassement exprimé dans les urnes par les populations de ces zones oubliées des services publics, désertées par les commissariats, les tribunaux de commerce et d’instance, les centres d’impôts… Le président de la FSPF fonde son raisonnement politique sur ce qu'a vécu le réseau officinal au cours des sept dernières années. « Nous avions lors de la loi Macron 90 % de la profession qui défilait dans la rue et menaçait de faire grève contre la disparition de la pharmacie française. Six ans plus tard, les mêmes pharmaciens décident de voter à 92 % pour le candidat Macron », constate-t-il rappelant que la prise en compte des pharmaciens dans leurs compétences et dans leur rôle a changé la donne. C’est, selon lui, sur cet autre symbole que devra se construire la politique du futur gouvernement. Et pas seulement dans le registre de la santé.