La petite traumatologie, les malaises et les intoxications constituent les principales situations d’urgence auxquelles doit faire face un pharmacien. « L’ambiguïté porte sur la gravité, et donc la nécessité ou non d’orienter vers un complément médical, local ou hospitalier », précise Jean Occulti, pharmacien, chargé d’enseignement des premiers secours à la faculté de pharmacie de Paris V et coauteur de « L’urgence à l’officine ».
Si les nouveaux diplômés (depuis 2007) effectuent une formation initiale en premiers secours, il est recommandé à l’ensemble des équipes officinales de se mettre à jour régulièrement dans ce domaine.
1 • LA PLAIE
Si la plaie se trouve au niveau d’un œil ou d’un orifice naturel ; si elle saigne, qu’un corps étranger est présent, ou s’il s’agit d’une morsure, un avis médical de proximité est nécessaire. Et si elle est profonde ou qu’il y a une possibilité d’atteinte d’organes vitaux, contactez le SAMU (numéro 15). En attendant la prise en charge, lavez la plaie au sérum physiologique, et protégez-la avec des compresses non adhérentes.
En l’absence de ces facteurs de gravité, la prise en charge complète est possible à l’officine : lavez au savon de Marseille, désinfectez, réalisez un pansement si besoin, et vérifiez auprès du patient la vaccination antitétanique.
Pensez dans tous les cas à vous protéger pour éviter les accidents d’exposition au sang (AES).
2 • LA BRÛLURE
En cas de brûlure, commencez par refroidir la zone touchée, à l’eau.
En cas de cloques d’une surface supérieure à la moitié de la paume de la main ; de l’aspect noirâtre ou blanchâtre de la brûlure ; d’atteinte de la bouche ou du nez ; et de rougeur étendue chez l’enfant et le nourrisson, limitez la durée de l’arrosage, protégez la zone par un emballage d’urgence (compresses non adhérentes, maintenues par un filet) et alertez le 15.
Si aucun facteur de gravité n’est présent, poursuivez l’arrosage à l’eau qui atténue la douleur ; appliquez de la Biafine en cas de rougeur ; désinfectez en cas de cloques avant d’appliquer de la Biafine et de protéger avec des compresses non adhérentes. Pensez aussi à vous protéger des AES.
3 • LE MALAISE
En cas de malaise, commencez par mettre le patient au repos, et recherchez de possibles facteurs de gravité (pâleur intense, sueurs abondantes, difficultés à respirer, troubles de la parole, de la vision, de l’équilibre, douleur dans la poitrine, paralysie, maux de tête violents et inhabituels, nausées ou vomissements répétés…). Si un de ces signes est présent, appelez le 15, en faisant préciser au patient les circonstances du malaise. Vous pouvez être amené à réaliser les gestes d’urgence, si la situation le nécessite.
En l’absence de ces signes, et si la personne récupère bien après un repos, elle peut rentrer à son domicile.
Si la malaise correspond à une hypoglycémie, la demande de sucre du patient est généralement spontanée : répondez-y rapidement, et si le patient a des difficultés à prendre le sucre par voie orale, réalisez une injection de glucagon.
4 • L’INTOXICATION
En cas d’intoxication (médicamenteuse ou autre), la personne peut venir à l’officine ou téléphoner pour avis. Dans ce cas, demandez un numéro de contre-appel et une adresse exacte.
Essayez de savoir si l’intoxication est volontaire ou non, quel toxique a été ingéré, en quelle quantité, quand, et comment se porte la personne ainsi que son poids et son âge. Si l’intoxication est médicamenteuse, tentez de déterminer si la dose est thérapeutique ou toxique – et appelez le SAMU dans le second cas.
Donnez quelques conseils de base : ne pas faire boire la victime, ne pas la faire vomir, laisser le téléphone libre pour l’appel du SAMU. En cas de lésions cutanées, lavez la zone à grande eau.
Le traitement des intoxications est essentiellement symptomatique : mettez en œuvre les gestes d’urgence appropriés en cas de troubles de la conscience, et surveillez les fonctions vitales, selon les conseils du SAMU.
« Dans tous les cas, n’hésitez pas à appeler le 15, insiste Jean Occulti. Le SAMU a un rôle de conseil, quelle que soit la situation. »
Article suivant
L’acte pharmaceutique, version québécoise
Quatre situations d’urgence à la loupe
L’acte pharmaceutique, version québécoise
Des chiffres et des lettres…
Des outils d’aide au 100 % respect
Comment rentabiliser une PDA efficace et sécurisée
De l’art du remplacement
Cinq bons conseils à délivrer pour cinq types de peau
L’ordonnance du pharmacien
Objectif, nouvelles missions
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques