Pourquoi avez-vous adhéré au dispositif de l’accompagnement pharmaceutique ?
Brigitte Bouzige : « J’exerce dans une région où les difficultés économiques sont importantes et l’accessibilité aux soins réduite. Aussi, dès le lancement des entretiens en 2013, j’ai proposé cet accompagnement personnalisé à mes patients. Il est certain que, par son accessibilité et sa proximité, le pharmacien est le professionnel de santé en première ligne du système de soins, et que les entretiens ont permis de mettre en avant son rôle primordial. J’ajouterais que je m’y suis aussi investie car j’y vois une perspective d’évolution de notre façon d’exercer, avec une pratique dirigée vers l’amélioration de la prise en charge des patients dont l’accompagnement pharmaceutique est le pilier central. »
La jeune diplômée Laurie Mettavant nous dresse le même constat : « Les entretiens pharmaceutiques ont permis de placer le pharmacien comme acteur central de notre système de santé. Et, personnellement, j’ai souhaité m’y engager pour jouer un rôle actif dans la prévention et le conseil aux patients, en mettant en pratique mes connaissances et compétences acquises lors de ma formation. »
En pratique, comment avez-vous mis en place cet accompagnement ?
« Cela a été facile et assez simple », déclare Laurie Mettavant. « Tout est une question de motivation ! Et d’un peu d’organisation », avance Brigitte Bouzige qui développe : « J’ai souhaité que ce projet soit supporté par une dynamique d’équipe et que tout le personnel soit formé afin que les tâches soient réparties. Ainsi, le recrutement des patients, la préparation et le prise de rendez-vous sont confiés à nos préparateurs/trices. Mais, à chaque officine, son organisation ! » « Chez nous, précise Laurie Mettavant, c’est le pharmacien qui est en charge de regrouper les documents nécessaires au premier entretien. Pour ce qui est des rendez-vous, ils sont pris par tous les membres de l’équipe car chacun connaît les heures de pointe et il n’est jamais difficile de trouver un créneau grâce à nos larges plages horaires d’ouverture.
Pour l’espace de confidentialité, cela n’a pas été un problème. Comme nous avons peu de superficie, nous avons seulement légèrement réaménagé la salle réservée à l’orthopédie pour lui donner un caractère plus convivial. J’ajouterais qu’en ce qui concerne les entretiens eux-mêmes, ceux-ci sont aisés à mener grâce aux outils mis à notre disposition par l’Assurance Maladie. »
Quelles sont les retombées que vous percevez pour vos patients ?
« Les patients sont toujours satisfaits de voir qu’ils sont pris en considération », déclare Laurie Mettavant. « Quand ils repartent, ils paraissent soulagés et ont le sourire. Ces échanges permettent de développer une véritable confiance et une proximité qui ont des répercussions directes sur le relationnel. On peut voir que leur regard a changé sur notre rôle et nos compétences. »
« Les effets positifs de l’accompagnement pharmaceutique ne sont pas uniquement appréciables sur l’observance du traitement médicamenteux, mentionne Brigitte Bouzige, la connaissance de la pathologie permet au patient d’avoir une meilleure visibilité sur la prise en charge globale de sa maladie, en termes de suivi (analyses médicales) et de comportement (alimentation, port de la carte patient sous traitement anticoagulant par AVK), ce qui permet d’éviter d’éventuelles complications. J’ai aussi noté que ces entretiens venaient renforcer la fidélisation de ma patientèle. »
Et pour vous ?
« C’est vraiment valorisant !, estime Laurie Mettavant. Le sentiment d’avoir été utile et d’avoir pu personnaliser au mieux les réponses aux questions individuelles contrebalance largement le temps et l’investissement mis dans ces entretiens. » Pour Brigitte Bouzige, « ces expériences sont très gratifiantes et cela vaut la peine de changer les habitudes installées. Il ne faut pas voir ces entretiens comme un temps de comptoir négligé, mais comme une autre façon de mettre en pratique nos compétences. C’est une évolution intéressante de notre métier et l’accompagnement du patient permet d’asseoir la position du pharmacien comme professionnel de santé de 1er recours, un acteur central dans le système de soins. »
D’après des entretiens de Mmes Brigitte Bouzige et Laurie Mettavant.
Dans les Alpes-Maritimes
Dépistage du VIH : une expérimentation à l’officine
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques