Le Quotidien du pharmacien.- Que pensez-vous des missions confiées aux pharmaciens pendant la pandémie, notamment dans le domaine de la prévention (dépistage, vaccination…), de l’accès aux soins et des missions de santé publique ?
Nathalie Arthaud.- Je considère que le rôle de conseil et d’aide du pharmacien envers ses clients devrait être privilégié. Quant au développement de la partie des produits en accès libre, je vois bien qu’il s'accroît mais est-ce vraiment pour une meilleure qualité de soins ?
Comme les personnels de santé publics et libéraux, les infirmières, les médecins, y compris des médecins retraités, ou les pompiers, des pharmaciens se sont mobilisés pour permettre de vacciner largement la population qui le souhaite. Ce sont souvent les doses qui ont manqué. Ce qui a manqué, de la bouche même du coordinateur du centre de vaccination ou du pharmacien, ce sont les doses de vaccins, puis les autotests. C’est tout le contraire de la grande distribution, qui a disposé d’une force de frappe sans commune mesure, avec des centrales d’achat d’envergure internationale, et qui négocie sans intermédiaires avec ses fournisseurs.
Sur le dossier de la désertification médicale : pensez-vous qu'il serait pertinent d'accorder une aide aux pharmaciens installés en zones sous-dotées ?
Il faut imposer la réouverture des établissements de santé de proximité qui ont été fermés : maternités, cliniques, centres de santé. Pour les médecins ou pharmaciens qui font des études et apprennent leur métier grâce à l’argent public, il faut envisager un système permettant leur installation en fonction des besoins réels des populations des départements, quitte à les aider pour leur installation.
Pensez-vous qu'il faut restructurer l’organisation des soins et de la santé dans les territoires, notamment en réformant les ARS ?
Les soins et la santé ne souffrent pas d’un manque de réformes, ils souffrent de restrictions dramatiques. Il faut embaucher d'urgence dans tous les hôpitaux, les Ehpad publics, les maisons de santé. Rouvrir les lits, rouvrir les maternités, les soins de proximité. C’est impossible sans une mobilisation massive de la population.
Le déploiement du numérique en santé doit-il être poursuivi selon vous ?
Quand toutes les administrations dématérialisent les démarches, que les guichets avec du personnel en chair et en os se font rares, quand de la Poste à la SNCF, en passant par Pôle Emploi, on n’a plus affaire qu’à des claviers et écrans, je me dis que l’argent public serait mieux utilisé à remettre des humains dans les services publics pour accompagner les plus démunis et les plus fragilisés. C’est valable partout et surtout dans la santé.
Que faudrait-il faire pour que la France joue à nouveau dans le concert des nations innovantes en matière de médicaments, d’essais cliniques, de R & D, d’investissements industriels et de relocalisation ?
La pandémie et la recherche d’un vaccin ont révélé à quel point l’énergie des chercheurs mis en concurrence est gaspillée alors qu’une collaboration serait plus efficace et moins chère pour l’humanité. Elles ont aussi montré à quel point la propriété des brevets nuit à la santé publique mondiale en rendant des vaccins inaccessibles aux plus pauvres.
Je lutte pour préparer une société où les chercheurs (et les autres travailleurs) ne seront pas mis en concurrence stérilement, à l’échelle internationale, par cette logique de « publish or perish » que dénoncent d'ailleurs certains chercheurs, mais qu'ils pourront coopérer par-delà les frontières sans crainte que, faute de publication précipitée, des crédits de recherche leur soient affectés. Je lutte pour une société qui soit dominée par la recherche du bien commun, indépendamment des frontières.
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine