Bonne nouvelle, annonce Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), la crise sanitaire n’a pas entamé la marge officinale. En tout cas pas dans les proportions que l’on craignait puisque la rémunération ne s’est infléchie que de 0,5 % % entre janvier et juillet sur le médicament remboursable, selon les chiffres IQVIA cités par le syndicat (voir page 2).
• La crise sanitaire ne saurait faire oublier le bilan désastreux de l’application de l’article 66 à la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2019. L’encadrement strict de conditions du non substituable a eu, selon Gilles Bonnefond, des conséquences sur « la main des prescripteurs », dont certains n’hésitent plus à contourner la mesure en recourant massivement au NS CIF (contre-indication formelle). Autre effet pervers de l’article 66, les laboratoires princeps ont aligné leurs prix sur le prix du générique, « afin de récupérer des parts de marché, grillant ainsi les génériqueurs avant même qu'ils parviennent à mettre leurs génériques sur le marché », analyse Gilles Bonnefond. « On revient sur des pratiques que nous n’avions pas vues depuis 15 ans et tout cela pour faire gagner 80 millions au système de santé ! », s’agace le président de l’USPO.
• La mesure serait presque passée inaperçue dans un texte législatif fourre-tout paru le 27 août. Le syndicat, qui affirme ne pas avoir été consulté au préalable, est vent debout contre la réduction, à partir du 1er octobre, du délai d’écoulement des stocks à l’ancien prix en cas de changement de tarifs. De 50 jours auparavant, ce délai est ramené à 38 jours. Et Gilles Bonnefond de lister ses griefs : c'est une mesure injuste parce qu’elle ne touche que les pharmaciens, inappropriée dans un contexte de pénuries et de fréquentes ruptures de stocks et particulièrement pénalisante en ce qui concerne les conditionnements trimestriels. Pour éviter cette triple peine (vente à perte, perte de marge pour les grands conditionnements qui n’ont pas le statut de conditionnement trimestriel, perte de l’honoraire si le médicament est prescrit seul), le syndicat, qui promet de relancer le débat sur les grands conditionnements, recommande aux pharmaciens de veiller activement à ne pas surstocker, particulièrement les grands conditionnements.
• En dépit d’un démarrage chaotique lié à la facturation à l’assurance-maladie des codes DAD, la dispensation adaptée connaît des débuts prometteurs depuis son entrée en vigueur le 1er juillet. Selon l’USPO, 300 000 codes « DAD » ont été enregistrés au cours du mois de juillet par les pharmaciens. « La profession a bien compris la portée de la DAD et l’implication du pharmacien dans le bon usage », se félicite Gilles Bonnefond. Il estime toutefois qu’il existe une marge de progression et conseille à tous les titulaires d’informer leurs équipes officinales : « le double contrôle de l’ordonnance est l’occasion de vérifier si la dispensation adaptée a été ou non effectuée et si le code a été entré dans le logiciel. »
• Le syndicat plaide pour le retour du TROD Angine suspendu depuis le mois de mars en raison de l’état d’urgence sanitaire. « Les pharmaciens savent aujourd’hui comment se protéger du Covid et ne pas lever l’interdiction du TROD Angine, reviendrait à le tuer ! » dénonce Gilles Bonnefond.
• Selon le président de l’USPO, la publication des bonnes pratiques concernant la préparation des doses à administrer (PDA) serait imminente. Gilles Bonnefond rappelle que l’avenant 11 à la convention pharmaceutique prévoit une rémunération de la PDA pour les patients qui en ont besoin. Restera donc à entrer en négociations pour fixer le montant de cette négociation.
• Dans le chapitre de la prévention, le syndicat revendique l’élargissement de la vaccination par les pharmaciens. En ce qui concerne les TROD Covid, l’USPO appelle tous les officinaux qui les pratiquent à participer à l’étude Covidia qui permettra de mesurer le taux d’immunité des Français. À ce jour, 1 300 résultats ont été communiqués par les pharmaciens à la plateforme Covidia. Par ailleurs, l’USPO se déclare favorable à la pratique des tests salivaires et nasopharyngés en officine dès lors qu’ils seront autorisés (voir page 3).
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